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France : Politique en France

Marine Le Pen sera-t-elle la Daisy Trump française ?

De Jean-Pierre Maugendre :

Arton555-b24e9"L’élection à la présidence des États-Unis de Donald Trump a déchaîné les hurlements hystériques des tenants du système et l’enthousiasme, non moins frénétique, des soutiens de Marine Le Pen. L’élection du milliardaire texan annoncerait celle, inéluctable, de la fille de Jean-Marie Le Pen à la présidence de la République française. Ce parallèle n’est-il pas un peu rapide ?

Des points communs

Donald Trump et Marine Le Pen ont en commun de se présenter comme des opposants au système en place et d’affirmer être les représentants du peuple contre des élites dévoyées, corrompues et acquises aux utopies mondialistes qui ont réduit au chômage et à l’insécurité sociale et physique le « petit blanc » de Détroit comme celui de Belfort. On peut cependant penser que le parallèle s’arrête là.

De nombreuses différences

En effet, tout opposant déclaré au système qu’il soit Donald Trump était le candidat d’un parti qui a déjà gouverné les États-Unis pendant de nombreuses mandatures. Durant la campagne électorale le parti républicain a mis au service de son candidat son réseau d’élus : gouverneurs, députés, sénateurs, etc. La situation du Front national n’est pas du tout la même. Son réseau d’élus est en cours de constitution mais est encore embryonnaire par rapport à celui des autres partis. Sous cet aspect la comparaison pertinente serait celle de l’élection de Marine Le Pen à la présidence des Républicains ce qui ne semble pas à l’ordre du jour.

De plus le numéro deux du dispositif républicain était le vice-président Mike Pence, ancien membre de la chambre des représentants et gouverneur de l’Indiana, représentant la droite religieuse- il est évangéliste- très attaché à la défense de la vie humaine innocente. Il a donné du crédit à la campagne de Trump où les enjeux économiques ont certes été présents mais éclipsés par de véritables questions de société : arrêt de l’immigration en provenance du Mexique, lutte contre l’Islam, opposition à l’avortement, etc. Tout au long de cette campagne, Trump est resté fidèle à sa ligne de conduite : « pas d’ennemi à droite ». Mutatis mutandis, dans le dispositif du Front national l’homologue de Mike Pence est Florian Philippot. Ancien élève de l’ENA, gaulliste revendiqué, inverti notoire et chevènementiste non repenti, celui-ci se fait régulièrement remarquer par ses attaques contre tout ce qui représente, à ses yeux, la droite chrétienne et conservatrice. Il a ainsi déclaré que l’abolition du mariage dit pour tous avait la même importance que la culture du bonsaï. De son côté dans un entretien à Valeurs Actuelles le 7 juillet 2016 Marine Le Pen tenait à se démarquer publiquement de « Certains qui ont une vision confessionnelle de la politique » affirmant « Je n’ai rien de commun avec eux ». Jean Madiran aurait relevé en quoi cette affirmation, déjà politiquement maladroite, était surtout objectivement inepte. Entre Marine Le Pen et ces présumés « théocrates », a priori catholiques-on ne les imagine pas musulmans ou adorateurs de l’oignon- on peut penser qu’il y a au moins en commun la nature humaine et l’amour de la France. Cette déclaration manifeste surtout un refus de considérer les enjeux de civilisation comme les véritables questions qui engagent l’avenir de la France. Donald Trump a fait une campagne de transgression par rapport au politiquement correct sur des enjeux de civilisation. Ce n’est pas la campagne que mène Marine Le Pen, très attachée à être dédiabolisée, sur l’Islam, l’avortement, la liberté scolaire, etc. Il est paradoxal que dans le mouvement général de droitisation de la société française le Front national estime nécessaire de se « gauchir » distinguant islam et islamisme, cherchant à promouvoir les « minorités visibles », faisant l’apologie de l’avortement comme « droit des femmes », etc.

Unknown-47Donald Trump a su rassembler autour de lui les différentes composantes du parti républicain. Marine Le Pen semble avoir plus de mal à rassembler autour d’elle la famille souverainiste. Les intellectuels (Zemmour, Buisson, Couteaux, Chauprade, etc.) comme les politiques (de Villiers, Ménard, Poisson, Ouchikh, etc.) sont peu nombreux à se rallier et ceux qui font ce choix peinent à être fidélisés. Il ne s’agit pas là d’un jugement mais d’une observation que chacun peut faire.

Ensuite, les personnalités de Donald Trump et de Marine Le Pen sont sensiblement différentes. Donald Trump est un authentique « self made man » issu de la société civile où il a fait fortune. Il n’est venu à la politique que sur le tard. Marine Le Pen a hérité de son père la direction du Front national et, élue depuis l’âge de 30 ans, a toujours fait de la politique l’essentiel de sa vie professionnelle après une brève expérience comme avocate, puis conseiller juridique (du FN !). Elle a incontestablement mené le Front national à des scores électoraux supérieurs à ceux de son père mais il est difficile de distinguer ce qui est la conséquence de sa personnalité et des nouvelles orientations qu’elle a donnée au parti de ce qui ressort de l’évolution de la société. Ainsi, bien malin qui peut faire, sur une seule course, la distinction, à propos des bonnes performances d’un voilier, entre la qualité intrinsèque du skipper, sa maîtrise à régler et ajuster au mieux les voiles ou le gréement et tout simplement des vents particulièrement favorables.

La victoire est possible

L’élection américaine a montré que l’idéologie dominante pouvait être battue, malgré la pression médiatique, par l’attachement au pays réel d’une majorité trop souvent silencieuse. Cette réaction vitale est portée, en France comme aux États-Unis, par ce qui reste de « petits blancs » de culture chrétienne fondamentalement angoissés par la peur de voir leur mode de vie non seulement matériellement se dégrader mais substantiellement se modifier. Il faut être idéologue comme les évêques de France pour croire que, sur le fond, les Français accordent leurs suffrages au Font national parce que le bureau de poste de leur village a fermé. La campagne électorale de 2017 sera, selon moi, soit gagnée par le peuple de France encore majoritaire chez lui sur des thèmes de civilisation soit emportée par l’une des variantes du système en place, acquise à une vision matérialiste et consumériste de l’homme."

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