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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Marre des prophètes de malheurs mais marre aussi des optimistes qui ont besoin de s’accrocher à des signes insignifiants

Marre des prophètes de malheurs mais marre aussi des optimistes qui ont besoin de s’accrocher à des signes insignifiants

Chronique d’un jeune missionnaire en Afrique :

« Que 2021 soit moins pire que 2020 ! » Ce ne sera pas difficile, vu l’année 2020… disions-nous. Pour les vœux de cette année, nous sommes tous un peu embarrassés. Bah oui, c’est vrai, parce que d’une part on sait bien que 2021 a été globalement pire que 2020 et qu’en ce début d’année, la météo de 2022 ne nous laisse que peu d’espoirs.

Que souhaiter qui puisse se réaliser ?

Marre des prophètes de malheurs qui nous submergent de vidéos sur WhatsApp mais marre aussi des optimistes qui ont besoin de s’accrocher désespérément à des signes insignifiants. J’ai toujours préféré les seconds, mais bon, le Bon Dieu nous dit quand même qu’il faut espérer en lui et qu’en lui. Est-ce la seule leçon de 2022 ? Peut-être. Que ces crises interminables nous apprennent à fixer notre regard vers le ciel… sûrement. Ça se tient, ça se tient mais pour la nouvelle année, on aime bien aussi parler des choses humaines. L’économie, la santé, la politique, la religion tout peut nous affoler, et au milieu de la tourmente, le petit truc humain que nous sommes, cherche vainement l’éclaircie.

C’est un peu ce que je me demandais en marchant pendant des heures entre une mer de sable et l’Océan. Je marchais en fait entre deux géants qui se battent inlassablement depuis des milliards d’années. Deux éléments qui s’épuisent dans leurs combats. La mer qui ronge lentement le rivage et réduit la terre en poussière de sable et la terre inlassable qui refoule à chaque fois toutes ces vagues conquérantes.

On croit que c’est la mer qui gagne. Les falaises deviennent des plages et les maisons de la « Pointe Denis », en face de l’estuaire de Libreville sont englouties. C’est triste et la victoire de la mer a bien des échos tragiques. C’est ce qui se dit en tout cas à la « Pointe Denis » car une pirogue a coulé le mois dernier emportant au fond de la mer un des paroissiens qui avait construit la chapelle. L’autre a nagé près de 13 heures avant de rejoindre un paquebot. C’est ce qu’on croit mais comme le disait déjà le saint homme Job : « Qui donc a retenu la mer ? » Bah la terre. Ça dure « depuis depuis » comme on dit ici, et personne ne s’arrête pour leur dire d’arrêter. Le petit truc humain, désemparé entre les deux géants n’est qu’un spectateur.

C’est peut-être ça en fait la vie. Depuis des milliards d’années, l’univers est en crise, les éléments s’affrontent et depuis, l’homme ne fait que constater cette violence immense de la nature qui se déchire elle-même. 2022 sera, comme depuis le péché originel, l’affrontement des 4 Géants-Eléments. Le petit truc humain se dit bien qu’il a une part de responsabilité ou de culpabilité et je crois qu’il a raison. Il va se battre avec ses armes humaines que sont un peu de génie et de courage avec beaucoup d’illusions et d’idéologies pour constater à la fin de l’année, comme chaque année avec dépit de son impuissance totale.

Elle n’était pas très gaie ma ballade sur la plage mais heureusement un monstre marin m’a réveillé de ma triste rêverie. Une tortue mastodonte de 500 kilos est venue d’Australie s’échouer à mes pieds pour pondre sur les plages gabonaises. Ce globe-trotteur traverse deux fois par an le monde pour pondre. Elle était épuisée et les pécheurs nous disent que parfois il faut un 4×4 pour la remettre à la mer. Malgré tout, ce qui était frappant chez elle, c’était sa sérénité. Elle est repartie calmement pour mille bornes sans s’arrêter. Et en plus elle trouve ça complètement normal.

Bah en fait c’est surtout ça la vie. « Qui donc a retenu la mer ? » Bah oui, la mer a beau soulever des vagues énormes, elle a beau ronger la falaise et engloutir les pirogues, elle reste dans sa baignoire. La vie du petit truc humain c’est celle de ma tortue quinquagénaire qui continue son petit bonhomme de chemin malgré son extinction programmée par l’humain. La tortue luth se débat dans l’eau depuis des lustres et ne semble pas plus préoccupée par 2022 que par 2020. J’ai donc terminé ma petite escapade en espérant pour 2022, la même sérénité, le même courage, la même longévité, le même souci du devoir bien fait que mon amie le monstre marin.

Il y aura peut-être des crises, des tempêtes et des rochers rongés par l’érosion, mais c’est normal m’a dit la tortue :

« Te torture pas le cerveau et continue ton chemin petit bonhomme et si tu bois la tasse en 2022, c’est parce que tu ne regardes pas assez vers Celui qui retient la mer ».

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