De Rémi Fontaine pour Le Salon beige :
Alors que s’annonce la constitutionnalisation du « crime abominable » voulu par Emmanuel Macron et présenté le 12 décembre au Conseil des ministres en la fête de Notre-Dame de Guadaloupe (avec un chiffre record de 234 300 avortements légalisés en 2022, soit 17 000 de plus qu’en 2021 !), retour à l’approche des saints Innocents sur une réalité trop souvent occultée, malgré des images échographiques anciennes plus que prophétiques…
« Quand je vois un fœtus sourire, je me dis que c’est un peu tard pour avorter », déclare le professeur Campbell qui avoue son trouble en considérant les clichés dont il est lui-même l’auteur. Des images « in utero » montrent notamment le fœtus ayant le réflexe de la marche, croisant ses mains ou… souriant. Ancien chef du service d’obstétrique dans un hôpital universitaire, Stuart Campbell a fondé depuis la clinique privée Create consacrée à la procréation. C’est là qu’il a effectué ses échographies aux teintes orangées en 3D-4D, unetechnique qui existe depuis 2001 mais peu connue du public.“3D” signifie que la photo montre les trois dimensions. Le “4D” y ajoute l’animation vidéo qui permet d’étudier les mouvements de l’embryon en temps réel.
Semblables à d’autres vues disponibles depuis plusieurs années, ces clichés du professeur Campbell ont été publiés fin juin 2004 par la plupart des journaux britanniques, relançantalors, comme ils disent, le « débat » sur l’avortement… Les premiers clichés publiés par la presse montraient un fœtus de douze semaines s’étirant et donnant des coups de pied, dans une espèce de mime de la marche. Un autre, âgé de quatorze à quinze semaines, suce son pouce et baille, puis ouvre les yeux à dix-huit semaines. Un dernier embryon sourit, vingt-deux semaines après sa conception.
C’est à vingt-et-une semaines, par ailleurs, qu’avait été prise la fameuse photo de la « main de l’espoir ». Avec cette légende éloquente de l’éditeur de la photo : « La main de Samuel Alexander Armas est apparue hors de l’utérus de sa mère pour agripper le doigt du docteur Bruner comme pour le remercier du don de la vie. » Il s’agissait d’une opération pratiquée en 2002 par la chirurgien Joseph Bruner sur un fœtus de 21 semaines. Le bébé, Samuel, était atteint d’une grave maladie du nom de “spina bifida”. Il n’aurait sans doute pas survécu sans cette opération pratiquée à l’intérieur de l’utérus, légèrement incisé. Or, pendant l’intervention en question, Samuel a sorti sa petite main (complètement formée) par l’ouverture et il a attrapé le doigt du chirurgien qu’il a serré très fermement. Plus qu’un symbole au moment ou l’on fait de la loi Veil et du slogan féministe “Mon corps, ma décision” des tabous !
Ces images « prises bien avant la limite (du délai légal) vont susciter un malaise chez beaucoup de gens », écrivait le quotidien Evening Standard s’attendant à une demande politique de l’abaissement du délai légal de l’avortement en Grande-Bretagne (jusqu’à la vingt-quatrième semaine après les règles – aménorrhée –, sur l’indication de deux médecins).
« Je ne peux bien sûr pas dire ce qu’il y a derrière le sourire mais je pense que cela peut être une indication de contentement dans un environnement sans stress », avait prudemment déclaré Stuart Campbell à la BBC en 2003. Rappelant que les bébés ne sourient que vers leur sixième jour de vie après des premiers jours « assez traumatisants ».
Qui dit contentement dit aussi souffrance ou douleur possible et probable du fœtus lors de l’intrusion, dans cet environnement, de l’appareil ou du poison abortifs. Images épouvantables pour le coup du film historique du professeur Bernard Nathanson, Le cri silencieux (1985), qui montrent l’enfant reculer, se débattre comme pour fuir l’engin de mort : les battements de son cœur s’accélèrent et on l’aperçoit qui ouvre la bouche comme pour pousser un cri étouffé qui glace les sangs. Le tube aspirant le broiera mais il faudra aussi écraser son crâne pour l’extirper de l’utérus maternel au-delà de douze semaines de grossesse. Un terrible traumatisme qui se transférera d’ailleurs psychologiquement très souvent chez la maman sous l’aspect du syndrome post-abortif bien connu. Ces attitudes anthropomorphiques, complètement inattendues pour le pro-choice qui les découvrirait pour la première fois, témoignent bien évidemment de l’humanité du fœtus. Si le (sou)rire est le propre de l’homme, le fœtus est un homme ! Et sa vie est sacrée. Ce sourire nous évoque irrésistiblement un certain tressaillement évangélique lors de la Visitation.
Bien sûr, nous n’avons pas besoin de ce sourire de Tom Pouce pour croire et espérer en l’embryon comme un être humain unique, irremplaçable – pas plus que nous n’avons besoin du Saint Suaire pour croire en la Résurrection du Christ –, mais reconnaissons que cela peut sérieusement nous aider à convaincre les saint Thomas de notre temps. En l’occurrence,il ne s’agit pas de foi, mais d’un signe visible dans la constatation la plus scientifique qui soit depuis la fécondationet que le professeur Jérôme Lejeune résumait par cette formule imparable :
« Au commencement, il y a un message, ce message est dans la vie, et ce message est la vie. Et ce message est un message humain ; alors, cette vie est une vie humaine. »
De même que l’ange au sourire de Reims est comme unmessager énigmatique entre le Créateur et l’homme, ce fœtus au sourire est le messager de ce message humain parmi nos contemporains. Il est à la fois le message et le messager. Son sourire résonne alors paradoxalement comme un appel de détresse à notre monde : un appel à l’amour, à l’amour de l’embryon pour le salut de l’homme…
Rémi Fontaine (d’après Le livre noir de la culture de mort, Renaissance catholique, 2007)