Jeanne Smits rapproche deux affaires d'euthanasie, identiques sur le fond mais beaucoup moins sur la forme :
"En France, le 10 novembre dernier, un Stéphanois de 83 ans a témoigné publiquement auprès de l'AFP avoir euthanasié sa femme, qui avait le même âge et souffrait d'arthrose lombaire. A la demande de sa femme et conformément au pacte qu'avaient conclu les deux époux il y a vingt ans déjà, cet ancien contrôleur de travaux chez EDF lui a apporté « tous ses médicaments » le 10 novembre dernier , l'a aidée à les décapsuler et les lui a donnés à avaler avec un verre d'eau. Elle s'était casse le poignet quinze jours plus tôt. Une fois son épouse décédée, Jean Mercier a appelé la police. Il a été gardé à vue jusqu'au lendemain, mis en examen pour non assistance à personne en péril, mais aussi pour homicide volontaire, et laissé libre. Il se répand maintenant devant la presse pour faire connaître et approuver son geste ; sa femme était adhérente à l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) et c'est un avocat de ce mouvement qui défend Jean Mercier. Celui-ci annonce qu'il souhaite la même chose pour lui lorsque le temps sera venu et espère que son exemple servira : il est persuadé que « d'ici quatre-cinq ans une loi sera votée ». Voilà pour l'euthanasie proprette et consensuelle (à ce qu'on dit).
Depuis lors un autre drame de ce style s'est joué, à Clèves cette fois, près de la frontière néerlandaise. Un homme de 76 ans y a poignardé sa femme de 81 ans qui souffrait de démence grave, avec un grand couteau de cuisine, avant de tenter de mettre fin à ses propres jours en s'infligeant également des blessures à la poitrine, restées superficielles toutefois. Il devait alors prévenir la police qu'il avait tué sa femme. […] L'état de la femme de 81 ans s'étais beaucoup dégradé ces derniers temps et elle venait d'être placée dans une institution, son maintien à domicile étant devenu très difficile. Son mari est allé la chercher pour le week-end et l'a tuée dans la nuit de dimanche à lundi. «Drame familial», commente la presse allemande locale.
Dans les Pays-Bas voisins, le son de cloche est bien différent. L'histoire a été reprise dans plusieurs titres qui pour la plupart présentent l'affaire comme une forme d'« euthanasie », soulignant que l'homme n'avait « probablement pas » supporté les souffrances « sans espoir » de son épouse gravement démente. […] Vous verrez que ce genre de faits divers sordides sera de plus en plus monté en épingle comme prétexte pour légaliser l'euthanasie légale et médicalisée, pour en finir avec les « euthanasies clandestines » artisanales et sanguinolentes."