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Menace d’interdiction totale de la liturgie traditionnelle : la clarté du professeur Grillo dans la confusion du pontificat finissant

Menace d’interdiction totale de la liturgie traditionnelle : la clarté du professeur Grillo dans la confusion du pontificat finissant

De Cyril Farret d’Astiès :

Les bruits d’une interdiction « stricte, radicale et définitive » de la messe traditionnelle se répandent à nouveau depuis quelques jours. Rappelons tout d’abord que le programme est affiché depuis 2021. Le pape François et ses spadassins n’ont jamais caché que l’objectif est l’éradication de la liturgie latine traditionnelle :

Répondant à vos demandes (quelle vaste blague), je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio, et de conserver les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du Rite Romain. (Lettre explicative du pape François aux évêques concernant le motu proprio Traditionis custodes).

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Entre la volonté affichée initialement en 2021 et la réalité de l’application, il existe un écart important qui tient à plusieurs facteurs : impotence et âge des progressistes les plus convaincus ; incompréhension généralisée ; bienveillance pastorale de très nombreux prêtres diocésains et évêques ; lassitude pour cette politique incompréhensible au regard de la situation générale… sans oublier le facteur essentiel : la Providence divine qui veille depuis 1969 sur les livres liturgiques qui ont été et qui demeurent une expression admirable de la louange qui Lui est due.

La poursuite rabique de l’éradication n’en demeure pas moins dans quelques têtes. D’autant plus que ces quelques têtes ont probablement bien analysé qu’il y a urgence à parvenir à leur fin. Le temps joue contre elles. Le temps et surtout la Providence, mais ces quelques têtes ne veulent pas voir la Providence, ce n’est plus vraiment leur vocabulaire, ce n’est plus vraiment leur foi. L’épisode dont on ne peut savoir sur quelle décision il débouchera (tout est effectivement possible) est intéressant : il est apocalyptique, il révèle la nature bilieuse et révolutionnaire de cette prétention inouïe de faire disparaître ce qui demeurera éternellement le trésor de l’Église latine.

L’entretien (traduit ici) accordé par le professeur Grillo pour le blog Messa in latino est parfaitement révélateur du coup de force liturgique qui se joue ces dernières années dans un contexte plus vaste de coup d’État religieux.

Docteur en théologie de l’Institut de liturgie de Padoue, professeur de théologie sacramentaire à l’Université pontificale Saint-Anselme, le professeur Grillo n’est pas n’importe qui. Paix liturgique avait publié une lettre très instructive sur ce personnage clé du pontificat. Laïc italien et très en cour, il a à la fois les coudées très franches et l’entregent nécessaire pour concevoir et promouvoir cette politique d’éradication auprès du pape et de sa garde rapprochée au nombre desquels figure évidemment pour ce dossier le cardinal Roche.

Son entretien est sidérant de morgue et de certitudes. Mais le plus saisissant c’est de sentir aussi son autorité, les lignes transparaissent d’une forme de messianisme, il énonce des vérités fondamentales et fondamentalement nouvelles avec un ascendant extrêmement fort, comme s’il était missionné et protégé par la plus haute autorité. Compte tenu de ses positions anciennes et de l’influence qu’elles ont déjà eues, on ne peut douter de son empire et des protections dont il bénéficie.

Révolutionnaire et progressiste il l’est absolument. Non sans quelques contradictions mais avec ferveur. Pour lui il n’existe de salut qu’en Vatican II qui serait le méta-évangile d’où découlerait l’ecclésiologie que le pontificat en cours mettrait enfin en œuvre ; il n’hésite d’ailleurs pas à balayer d’un revers de main et avec un jugement déconcertant les pontifes Jean-Paul II et Benoît XVI qu’il semble profondément mépriser. Sa définition de la Tradition est emblématique de cet esprit : pour lui ce qui qualifie le mieux la tradition est « son aptitude au changement ». Et ceux qui ne gobent pas ses sornettes (c’est-à-dire vous et moi amis lecteurs), sont rien moins qu’hérétiques et sédévacantistes. Comme dans les procès staliniens, les dénégations en la matière n’ont d’autre effet pour le professeur Grillo que de prouver la déviance. Il est notable d’ailleurs, une fois de plus, que seuls sont frappés de jugement ceux qui entendent transmettre, bien modestement et simplement, ce qu’ils tiennent de leurs devanciers, qui le tiennent eux-mêmes des temps apostoliques. C’est ainsi à l’heure périphérique inclusive, nous n’en sommes plus très émus. Le professeur est persuadé que notre attachement inconditionnel et définitif pour la liturgie immémoriale relève de « passions esthétiques » et « d’émotion nostalgique » jaillies dans l’imagination de privilégiés, une « haute société » regardant l’Église comme « le plus célèbre musée » et parlant le latin par snobisme ou désœuvrement. Comme quelques machins bureaucratiques du type COMECE, CCEE, CEF, il pointe du doigt nos positions « morales, politiques et coutumières tout à fait préoccupantes » sans nous dire, lui non plus, en quoi ces positions auraient disparu du catéchisme et des saintes écritures. Soit… Il est inutile de vouloir lui faire ouvrir les yeux sur la réalité sociologique et spirituelle de nos pèlerinages, de nos assemblées, de nos séminaires. Les jugements du professeur Grillo, comme au bon vieux temps de la Convention, sont rendus sans recours.

Ses manières pontifiantes sont très caractéristiques des coteries qui bénéficient d’une position sociale dominante permettant, grâce à la structure sur laquelle ils ont fait main basse et à la respectabilité que confèrent diplômes et prébendes dont ils jouissent de mener à bien leur propre idée sur toute chose. Tout n’est pas faux cependant dans les réflexions du professeur : la question des deux formes du rit romain est une question qu’il n’est pas illégitime de poser ; les réalités pastorales numériques ne peuvent pas être le critère d’appréciation de réalités supérieures ; la tradition n’est pas le traditionalisme ; la crise n’a pas surgi ex nihilo au cours du concile Vatican II…

Pour le professeur Grillo existe donc une nouvelle ecclésiologie, comme pour le cardinal Roche existe une nouvelle théologie de la messe. Ces nouveautés seraient seules légitimes parce que d’une part leurs promoteurs sont les héritiers adoubés de Vatican II et qu’ils sont au pouvoir et d’autre part parce que c’est le progrès, ou le sens de l’histoire. Tout ce qui découle de cette nouvelle ecclésiologie constituerait la foi enfin sincère. Foi dont on ne nous dit pas grand-chose, probablement parce qu’il n’y a en réalité rien à contempler. Et c’est donc très logiquement au nom de la pureté de cette nouvelle foi qui s’exprime dans un nouveau rit qu’il faut éradiquer ceux qui s’interrogent, ou qui s’opposent. Comme dans tout processus révolutionnaire la seule solution pour imposer une nouvelle réalité idéologique, c’est l’élimination physique.

Peut-être allons-nous vivre à nouveau des moments difficiles si ces terroristes parviennent à leur fin. Mais c’est une fin toute provisoire et qui ne doit pas trop nous impressionner. Quoi qu’il en soit, que le professeur Grillo, le cardinal Roche et les quelques évêques tapis dans l’ombre de leurs palais hypothéqués espérant la curée prennent bien des forces et se reposent avant que ne débute la bagarre parce que nous ne laisserons pas le Bon Dieu dépouillé de la vénérable et antique liturgie qui Lui rend gloire et qui nous sanctifie. Un dernier mot en cette veillée d’armes car la guerre n’est jamais bonne et elle n’est jamais sûre :

« Et maintenant, je vous le dis, ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les aller. Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu » (Actes 5:38-39).

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