Le 15 janvier 2019, le Professeur Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (bio-éthique), était auditionné par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale en vue du renouvellement qu’il sollicite de son mandat de deux ans juste arrivé à échéance.
Son audition a d’abord permis de comprendre ce qui manque à ce comité d’éthique : c’est exactement ce que M. Delfraissy cite à propos des positions qu’avait ce même comité mais en 2005 :
« une série de grandes valeurs et de grands principes ; non temporels ».
La bioéthique, telle que définie maintenant par le Professeur Delfraissy, c’est
« un équilibre difficile à trouver entre d’une part les avancées de la science et de la technique et, de l’autre côté, des visions sociétales qui ont beaucoup bougé. Comment on arrive à trouver cet équilibre entre ces avancées scientifiques et ces avancées sociétales ».
Bref, le monde de l’éthique, selon M. Delfraissy, ce n’est qu’un arbitrage dans un monde d’avancées.
Et il rappelle : « le CCNE n’a pas à dire ce qu’est le bien ou le mal ». Bien évidemment, il nous (se ?) cache la vérité. D’ailleurs, après, il dit que la marchandisation du corps, c’est mal. Et il dit que la Chine, en matière de bioéthique, c’est zéro. Donc c’est mal aussi. Et il dit : « la recherche doit être libre » ; c’est donc bien. Simplement, pour définir son bien et son mal, M. Delfraissy écoute les scientifiques et écoute les associations venues exposer leurs désirs. Il est exactement à fond dans le temporel.
Dans sa présentation, M.Delfraissy a eu comme une sorte d’acte manqué. Il a voulu rappeler que
« c’est le deuxième procès de Nuremberg, après une série de drames réalisés par des médecins essentiellement allemands sur les juifs des camps de concentration, qui a mis en place le socle de la bioéthique. Ces médecins qui avaient porté ça, ce n’étaient pas des petits médecins, c’étaient de grands médecins, parce qu’ils avaient une vision d’aller plus loin dans la mécanistique de compréhension, et parce qu’ils avaient pété les plombs disons-le, ont totalement dérapé. Nous ne sommes pas protégés, les extrémismes existent et nous ne sommes pas protégés contre des dérives y compris d’une communauté médicale qui peut elle-même déraper ».
« Nous ne sommes pas protégés » ??? Et nous qui pensions sottement que, justement, le comité de bioéthique était là pour nous protéger de ces dérapages. Qui un jour, peut-être, amèneront à organiser un troisième « procès de Nuremberg », quand les enfants qui auront été privés de père par la loi voudront demander des comptes à l’Etat.