D'Alain Sanders, dans Présent :
"Le père d’Agnès a eu un mot juste : « La mort de ma fille, ce n’est pas la faute à pas d’chance… » Il veut dire par là que ce drame affreux n’est pas un simple fait divers consécutif à un hasard malheureux. Tout se passe pourtant comme si c’était le cas. Pas la faute de la Justice. Pas la faute des experts. Pas la faute des psychanalystes. Pas la faute de la direction de ce très tolérant collège-lycée de Chambon-sur-Lignon. Pas la faute des gens chargés de suivre le violeur. Bref, la faute à personne. Et pourtant…
Pourtant, le jeune homme, Mathieu, coupable d’avoir violé une jeune fille de 15 ans sous la menace d’un couteau, avait été présenté à un juge d’instruction. Pourtant il avait été placé en détention quatre mois. Pourtant, la Protection judiciaire de la jeunesse avait diligenté une enquête d’investigation et d’orientation éducative à son sujet. Pourtant une équipe pluridisciplinaire – de brillants éducateurs, psychologues, psychiatres, assistantes sociales – avait examiné son histoire familiale, son parcours personnel, le modus operandi de son passage à l’acte.
Dès sa mise en liberté, demandée par son avocat, on a pensé qu’il fallait le réintégrer dans un parcours scolaire normal. Les expertises psychologiques et psychiatriques n’allaient-elles d’ailleurs pas dans ce sens en le jugeant « réinsérable et ne présentant pas de dangerosité (sic) » ? Il y a eu, ce qu’on dit peu, de nombreux refus de la part de directeurs d’internats qui, nonobstant les expertises, n’avaient pas voulu accueillir le jeune homme. Jusqu’à ce que ses parents réussissent à le placer au collège-lycée Cévenol international, un établissement mixte… […] Pas de responsables ? Pas de coupables ? Il n’en reste pas moins que si Mathieu avait été mis dans un centre d’éducation fermé (ce que justifiait la gravité de sa première agression), Agnès serait toujours vivante…