Expert auprès du Synode pour la Famille, Mgr Tony Anatrella revient pour Zenit sur la manifestation de dimanche, sans langue de buis. Extraits :
- Les chiffres de la police :
"Comme nous savons comment s’établit le comptage officiel on peut émettre de sérieux doutes sur ces derniers chiffres. Les images parlent d’elles-mêmes : les artères parisiennes étaient chargées de manifestants. La manifestation a donc été massive et demeure significative d’une réelle mobilisation qui s’avère être une révolte anthropologique."
- Le "mariage" contre tous
"Cette loi du mariage pour tous va contre le bien commun, l’intérêt de la société et de ce fait, contre tous. Elle fait du mal à la France et a été une erreur politique qui coûte cher en termes psychologiques et sociaux car elle atteint inconsciemment les structures de la vie psychique des sujets, même s’ils veulent l’ignorer, et déstabilise le cadre porteur de la société qui n’est plus crédible. (…) Cette loi du mariage pour tous est une aberration anthropologique et révèle un projet délirant fondé sur des intrigues subjectives en dehors des nécessités de la réalité et de la vérité relationnelle entre les adultes, et avec les enfants."
- Les "couples" et "familles" homosexuels
"des personnes homosexuelles ne forment ni un couple ni une famille, même si la loi civile l’affirme à tort aujourd’hui."
"Il n’y a plus de différence sexuelle mais des orientations sexuelles à honorer, ce qui est le propre de la sexualité infantile. Il n’y a plus des hommes et des femmes mais des êtres indistincts. Il n’y a plus un père et une mère, mais des duos narcissiques qui marchent par pairs : deux papas, deux mamans, summum de l‘illogisme qui tue les symboliques. Il n’y a plus des adultes et des enfants, mais des infantiles qui jouent les deux rôles, et surtout des enfants qui doivent jouer le rôle de parents."
- L'objection de conscience
"La loi civile, du fait qu’elle soit votée, ne dit pas pour autant la vérité et l’intérêt général. Dans ce cas, les citoyens doivent exercer leur droit à l’objection de conscience et contester des lois nuisibles.
- La "Gestation pour autrui"
Les concepteurs de cette nouvelle marchandisation de l’enfant, un nouvel esclavage, veulent nous faire croire qu’il s’agit d’un acte « généreux ». Cette malversation du langage est perverse puisqu’elle viole et détourne le sens des choses en prenant pour de la générosité un vol de filiation.
- Les "progrès" sociétaux
"Il faut plutôt y voir une régression et un besoin réactionnel de posséder un enfant comme le font parfois certaines adolescentes en conflit avec le lien objectal aux parents, avec leur identité ou pour se refaire soi-même. Il ne s’agit nullement d’une évolution, mais le fruit d’une mentalité dépressive où la banalisation des divorces, la négation de la différence sexuelle et la valorisation de l’avortement ont fini par nous empêcher de penser le couple, le mariage et la famille. Je l’avais déjà relevé dans le livre Non à la société dépressive (Flammarion) en précisant que cela nous acheminait vers une société suicidaire."
- La politique déconnectée du réel
"la parole publique et la parole politique sont devenues inaudibles parce qu’inintelligibles. J’ai souvent soutenu l’idée que lorsqu’une société perd le sens de la différence sexuelle, elle perd le sens de la vérité objective. (…) En ce sens, on assiste progressivement à un effondrement du rapport des personnes aux réalités qui s’aliènent dans l’individualisme et maintenant dans le subjectivisme. Ainsi à titre d’exempte « parler » en politique, c’est agir sur la réalité comme si la parole était magiquement opérante… comme le croient les enfants. On peut donc dire n’importe quoi selon ses pensées émotionnelles du moment, sans avoir à les référer et à les évaluer en fonction des réalités. (…) Pendant ce temps le malaise s’installe, la colère s’amplifie et l’agitation se prépare. Nous ne sommes plus dans le « Malaise dans la civilisation » (Freud) mais nous nous préparons à être dans un en-deçà de la civilisation."
- L'abrogation de la loi Taubira
"Une loi civile n’est pas un dogme comme dans la religion ou sur le plan moral avec des interdits majeurs. Elle peut donc être abrogée et changée alors qu’elle dessert le sens du bien commun pour des droits individuels plutôt fantasmatiques."
"Les citoyens les plus lucides se mobilisent et vont continuer à réagir et à demander le retrait de cette loi qui est le signe de toutes les contradictions possibles et la plaie des maux actuels quand la famille devient la mal aimée pour la démanteler et l’appauvrir de tous ses moyens. La révolte pour la famille ne fait que commencer."
- L'homosexualité et le Synode sur la famille
"Un travail important a été fait en amont et montre que la Famille est le sujet central du monde contemporain, surtout en Occident où la plupart des politiques ne respectent pas la nature de la Famille. Il n’y a pas des « familles » à géométrie variable selon les univers fantasmatiques, mais la Famille qui repose sur un homme et une femme mariés qui appellent, éduquent et adoptent des enfants.
Le Pape en est très conscient et l’a dit récemment aux représentants des conférences épiscopales européennes pour soutenir et protéger la Famille. Elle est le lieu de l’apprentissage de la vie entre un père et une mère. Elle est le lieu de l’initiation à l’altérité sexuelle. Elle est le lieu de la découverte de Dieu et de la nouvelle évangélisation, et de la sainteté. L’Eglise n’a jamais reconnu des liens stables et durables entre personnes de même sexe et encore moins fait croire que l’amour du semblable est un chemin de sainteté comme certains l’affirment. Nous sommes là aux antipodes de ce que soutient l’Eglise et ce qu’est la vie conjugale et familiale."