Interview de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, par Boulevard Voltaire :
On mesure la grandeur d’une société à l’attention qu’elle porte aux plus petits. Peut-on dire que vous dénoncez le projet de loi Bioéthique pour cette raison ?
Cette loi met, bien sûr, en cause le respect de la vie avec le tri d’embryons et la destruction des embryons. Finalement, on en vient à une attitude eugénique. On prive des enfants de père intentionnellement et légalement. Les embryons transgéniques brisent la frontière entre l’homme et l’animal avec une généralisation du diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies pour traquer les embryons porteurs d’anomalies. Toutes ces dispositions-là sont une offense profonde à la vie et aux principes d’humanité. L’humanité commence avec le petit enfant, et avant même qu’il soit petit enfant, il commence avec l’embryon dans le sein de sa mère. On fabrique du vivant et on se prend pour le créateur.
Dans un communiqué sur Facebook, vous dénoncez un passage en catimini de l’amendement sur la détresse psychosociale. Comment les catholiques peuvent-ils défendre leur conviction alors que le processus parlementaire semble pipé ?
Il faut que les catholiques le soient de plus en plus ! Au moment où il y a des ruptures anthropologiques majeures, ils doivent pouvoir trouver dans la foi, dans le mystère de l’incarnation où Dieu s’est fait homme et des ressources spirituelles profondes pour asseoir leur conviction. Il semble qu’aujourd’hui, on nous oblige, nous chrétiens, face à ces dangers et à ces périls qui menacent l’humanité tout entière, de réaffirmer ces convictions.
Devenant un groupe minoritaire, les chrétiens doivent beaucoup mieux s’organiser pour trouver des moyens de faire entendre à la société tout entière une voix qui défende l’homme à l’égard de toutes ces dérives. Il y a là un grand défi pour nous. Il me semble qu’il faut aussi être connectés, en relation profonde et en collaboration dans d’autres pays européens (…)On voit une grande partie des élites et des décideurs qui sont à la remorque de la bien-pensance des courants qui sont portés par un certain nombre de réseaux. Je crois qu’il y a une action de manifester, auprès des autorités civiles et politique, la voix pas simplement de l’Église, mais la voix de l’humanité.
On a l’impression que les catholiques qui veulent défendre la doctrine sociale de l’Église avec la dignité humaine subissent une sorte de mort sociale. Comment passer outre ?
L’Histoire en témoigne depuis les origines du christianisme, le chrétien n’hésite pas à donner sa vie pour décider. Des idées méritent que l’on donne de son temps et de sa vie. Il faut avoir le courage de ses opinions. Il y a des enjeux qui sont tout à fait fondamentaux pour l’avenir de l’humanité. Je pense qu’on a besoin, aujourd’hui, d’une parole forte.
Plus on est minoritaire, plus on doit s’exprimer avec détermination sans violences et sans agressions, mais d’une manière déterminée. Notre défi est la formation d’une nouvelle élite politique. Cela commence par les nouvelles générations. Aujourd’hui, on voit une crise du monde politique et de la pensée politique. Les grandes utopies ont fini dans la cendre et dans le sang. On est dans une politique sans vision et sans perspective. En tant que chrétien, il y a un prophétisme à développer.
F. JACQUEL
Les propos de Monseigneur REY sont réconfortants. Mais s’ils étaient tenus par Monseigneur Éric de Moulins-d’Amieu de Beaufort, s’exprimant solennellement en tant que Président de la Conférence des Évêques de France, ne peut-on imaginer qu’ils auraient beaucoup plus de poids ?
Et si, par extraordinaire, toutes nos Excellences organisaient une manifestation simultanée de tous leurs paroissiens dans tous les sièges épiscopaux et conduisaient ces manifestations mitre en tête et crosse en main, je pense que JUPITER pourrait peut-être sentir le vent du boulet.
Oserait-il faire tirer sur des manifestations conduites par des Évêques en tenues de célébration ?
Reine Tak
Bien d’accord avec vous @JACQUEL.
Quant à la question “oserait-il faire tirer sur des manifestations conduites par des évêques en tenue de célébration ” ? la réponse est oui. Bien sûr qu’il oserait.
N’est-ce pas un parolier célèbre qui disait : “les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnait”?
Et Jupiter ose tout.
N’a-t-il pas poussé l’arrogance jusqu’à aller au Liban haranguer la foule, critiquer les dirigeants de cet Etat souverain, exiger des réformes et menacé d’aller vérifier en septembre s’ils avaient obtempéré ?
Que penserait-il si d’aventure, Poutine ou un autre, s’avisait de venir en France pour critiquer la mauvaise gestion de notre pays par son équipe dirigeante ?
Magistro78
Oui, je problème n°1 est celui des prélats, quelle proportion de “Cauchon”, inféodés aux FM ? Comment être crédible quand même le Pape nous annonce un nouveau pacte mondial pour l’éducation basé sur les “valeurs humanistes” et les “valeurs interreligieuses” ?
Il faut revenir à l’évangile du Bon Pasteur : il y a les pasteurs qui donnent leur vie pour les brebis et les autres, les bergers mercenaires qui restent planqués dans leur local ou font rentrer les loups dans la bergerie en disant “aimez-vous les uns les autres”.
A part Mgr Rey, Mgr Aupetit, Mgr Aillet et quelques autres, que penser du gros du troupeau ?
Gilles Tournier
Le processus de promotion des ecclésiastiques est le même que partout ailleurs. La hiérarchie identifie les meilleurs selon ses critères et les orientations politiques de l’Église (du moment) en les mettant en situation et en les observant. S’ensuivent des listes de possibles promus. Là intervient le détail qui tue : l’autorité gouvernementale française, totalement inféodée à la FM, sélectionne les candidats à la promotion. Elle retiendra en priorité les “frères” et les sympathisants et, pour ne pas être taxé de sectarisme, un tout petit nombre de prélats honnêtes et fidèles. Bien sûr, ceux-ci sont isolés et, bien qu’ils se battent courageusement, n’y peuvent mais. C’est un processus voulu, architecturé et construit pour le résultat que nous avons sous les yeux. Nous avons, par ailleurs, constaté que les pétitions et les manifestations n’ont aucun effet concret. La solution est donc de conduire le bon combat dans sa petite sphère d’influence sans en espérer davantage qu’il plait à Dieu car, à vue humaine, nous sommes foutus ! Dénikine et Koltchak en ont fait les frais en 1920 mais ont semé la graine de la résistance, la “prochnost”, résilience + dureté + force d’âme + instinct vital dont les enfants furent Soljenitsyne ou Sakharov. Alors “Adieu vieille Europe, que le diable t’emporte” mais pas sans combattre : nos armes sont le boycott, l’aide à nos pairs, la prière, la fermeté de convictions, la transmission. Tu es contre mes idées, alors tu n’es pas de mon côté, ce n’est pas négociable. Tout pour le prochain, rien pour le lointain. La France mérite qu’on s’endurcisse pour elle, pas que l’on meure.