Jeanne Smits témoigne suite au décès de son frère :
"[…] Nous avons pu mesurer combien les soins palliatifs reçus chez les Augustines de Malestroit, affectueux, respectueux du moindre souffle de vie, sont importants. Du point de vue spirituel, évidemment, mais aussi pour les proches du malade qui reçoivent par là le don du temps, de ces derniers mois, ces dernières semaines, ces derniers jours où le corps décline lentement, à son rythme, permettant d'apprivoiser doucement l'idée de la mort de celui qu'on aime.
Derniers coups de fil. Derniers allers-retours angoissés depuis Paris à son chevet, avec à chaque fois la crainte d'avoir dit au revoir pour la dernière fois. De sa part, au cours de ces dernières semaines, toujours les mêmes mots pour ouvrir les conversations, dits avec insistance, jusqu'à ce que la capacité de parler lui échappe à son tour : « Je vais très bien ! » Avec le recul, je comprends aujourd'hui que cela était rigoureusement exact.
Car le mourant vit un temps de la grâce, d'une richesse profonde. Mourir dans la dignité ? C'est cela, exactement : mourir comme un homme qui se prépare à la vie éternelle, maternellement porté par Marie !
Mon frère, au dernier stade de son cancer, aura passé deux mois sans manger, il n'en était plus capable ; il était hydraté, il a décliné tout doucement. D'un cousin néerlandais passé le voir, nous apprenons qu'aux Pays-Bas, les cancéreux qui ne mangent plus sont volontiers laissés sans hydratation. Et l'affaire est pliée en trois jours. « Mais ils doivent souffrir horriblement ! » — « Mais non. On leur donne de la morphine… » Non : on leur vole leur mort. […]"