Extrait du discours à l'UNESCO prononcé hier par le Patriarche maronite le cardinal Béchara Boutros Raï :
"[…] l’Europe et la Communauté Internationale sont appelées à veiller pour que les chrétiens restent dans leurs pays, avec les garanties nécessaires, eux qui existent en Orient depuis 2000 ans et sont des citoyens originaires et authentiques. Je propose ici les moyens aptes à créer une atmosphère de paix et de stabilité, pour pouvoir préserver la présence chrétienne au Moyen – Orient afin d’ y promouvoir la culture de la paix. Ces moyens exigent des bonnes volontés.
a) Résoudre d’abord le conflit israélo – palestinien et israélo – arabe qui est à l’origine de tous les conflits et guerres qui enflamment le Moyen – Orient. Il y a déjà des Résolutions du Conseil de Sécurité à exécuter, et des Résolutions à prendre.
b) Mettre fin aux guerres en cours entre les pays sunnites et les pays shiites, en Syrie, Irak et Yémen, à travers les négociations politiques et le dialogue entre les parties en conflit. Par conséquent cesser de soutenir les belligérants en armes et en argent, et de les protéger politiquement, ainsi que les organisations terroristes. Quant à celles – ci il faut identifier les causes qui les ont provoquées et les remédier avec moins de dégât, afin d’endiguer le terrorisme et sauver la paix dans le monde. Il faut absolument aider les pays de la région à se dégager des conflits sanglants qui les consomment, peuples et civilisations.
c) Reconstruire le vivre ensemble européen et musulman sur les deux rives de la méditerranée, par un réengagement des européens sur la côte sud de la méditerranée, en remplacement de l’assistanat et de la force militaire. La méditerranée devrait devenir le pont culturel entre ces deux mondes, au lieu d’être la frontière de leur conflit. "L’union de la méditerranée", à l’initiative de la France, est le projet le plus vital pour que les chrétiens d’Orient restent sur leurs terres avec toute leur efficacité et que les européens reviennent et contribuent de nouveau au progrès et développement de l’Orient, comme ils l’ont fait dans le passé. Les chrétiens orientaux sont bien positionnés pour réaliser cette "union".
d) Déployer les forces nécessaires pour que l’Islam, aujourd’hui en éruption violente, ne se sente coincé, défié ou peu respecté et n’entre en confrontation avec l’Europe et l’Occident. Les chrétiens d’Orient et particulièrement ceux du Liban sont des collaborateurs essentiels pour cette mission si importante pour le monde.
e) Reconnaître que les chrétiens d’Orient, surtout les chrétiens du Liban, sont stratégiques pour une solution politique à long terme, une solution interculturelle intrinsèque, au lieu d’une solution militaire imposée, comme c’est le cas aujourd’hui en Palestine, Syrie, Irak et Yémen.
f) Sauvegarder le Liban et le rôle efficace des chrétiens pour garantir la marche vers la démocratie, les valeurs de la modernité et le développement dans la région. Car seul le Liban sépare entre Religion et Etat, où chrétiens et musulmans sont en pleine égalité de droits et obligations. Seulement au Liban, les chrétiens ont une présence politique respectable dans leur propre pays et dans le monde arabe. Le Liban, grâce à sa culture de convivialité, reste le seul espoir du vivre ensemble entre chrétiens, musulmans et autres. Son président chrétien Maronite de par le Pacte National est le garant de cette convivialité. Malheureusement l’élection d’un nouveau Président a été liée forcement aux issus des conflits en cours en Syrie et dans la région. Voilà qu’aujourd’hui même s’accomplissent onze mois de vacance présidentielle, due au boccage des séances parlementaires. Nous comptons sur la médiation des pays amis du Liban, et ceux qui ont une influence politique sur l’Iran et l’Arabie Saoudite, pour débloquer cette impasse parlementaire."