Le parti au pouvoir du président
zimbabwéen Robert Mugabe et le Mouvement pour le changement
démocratique seraient au coude à coude selon les premiers
résultats et
des rumeurs de manipulation des urnes. Ces élections, qu’aucune mission d’observation
occidentale n’a pu superviser, sont considérées comme les plus
importantes depuis l’indépendance du pays, en 1980.
L’opposition
zimbabwéenne a estimé avoir remporté les élections, mais Robert Mugabe l’a aussitôt mise en garde contre une
revendication prématurée de la victoire qui reviendrait, selon lui, à
un coup d’Etat. Des unités de la police anti-émeute se sont déployées
dans la capitale.
Mugabe, âgé de 84 ans, gouverne depuis 28 ans. Le pays traverse une crise économique profonde, marquée
par une inflation supérieure à 100.000% et des pénuries récurrentes
d’aliments et de carburants. Premier ministre après l’indépendance de l’ex-Rhodésie
du Sud, en 1980, puis chef de l’Etat, Mugabe a imposé un régime de terreur implacable et ruiné son pays,
qui était pourtant considéré, voilà peu, comme le grenier de l’Afrique
australe et l’espoir économique du continent.
Ces cinq dernières années, environ 3 millions de
Zimbabwéens ont fui pour des raisons économiques et se sont
exilés en Afrique du Sud ou en Angleterre. Médecins, avocats,
enseignants, journalistes. Le Zimbabwe se trouve privé de ce
qui faisait son originalité: la classe moyenne la plus importante et la
mieux formée du continent noir. Mais il faut plus qu’une catastrophe
économique et une pluie de critiques pour ébranler cet admirateur
d’Adolf Hitler, dont la petite moustache évoque peu ou prou son modèle. Au milieu des années 1980, ce Shona (l’ethnie majoritaire) fait massacrer au moins
10 000 Ndebele (l’ethnie minoritaire). 5 ans après l’indépendance, la moitié des Blancs
ont déjà quitté le pays. En 2000, il décrète une réforme agraire qui consiste essentiellement à
exproprier des fermiers blancs. Certains sont assassinés. Les
conséquences sont désastreuses. En quelques mois, l’appareil productif
de ce pays essentiellement agricole s’effondre.