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France : Politique en France / Pays : International

Thierry Gobet : ce n’est pas l’élection présidentielle qui va changer grand-chose à la situation de la France

LivreTGOBETThierry Gobet, historien et économiste, prix Renaissance 2011, a publié « France : les véritables enjeux : Sortir du système et renouer avec la puissance », 2013 aux Editions Jean Picollec dans lequel il nous livre une réflexion géopolitique et géoéconomique où présent et passé sont intimement mêlés, nous aidant à mieux cerner les véritables enjeux de la France et de l’Europe, dans un monde où les cartes de la puissance sont en train d’être redistribuées. Il va sortir prochainement un livre intitulé « Allemagne les véritables enjeux : nouvelle puissance, nouvelle responsabilité ».

Il répond à nos questions :

Vous avez publié un livre de référence, « France : les véritables enjeux ». Quel diagnostic portez-vous sur la situation du pays ?

La situation du pays est catastrophique, et même à tel point, que des “autorités” du système, tel l’ancien Président V. Giscard d’Estaing ou d’autres personnalités, l’ont elles-mêmes reconnu. Et j’insisterais sur le plan civilisationnel, c’est à dire éthique et social, lié à l’économique, bien sûr, mais encore plus grave et fondamental. Perte des valeurs qui soudent une société et la rendent forte, en particulier face aux agressions extérieures, telles que sens moral, patriotisme qui unit les citoyens, alors que le socialo marxisme les divise. Nous avons besoin d’une renaissance de la foi et de la fierté”, déclara le Président Ronald Reagan avant son investiture.

Sur le plan économique, où se situe la France ?

Sur le plan économique, tous les indicateurs de la France sont dans le rouge, et parlent d’eux-mêmes, condamnant d’une façon irrémédiable la gestion de notre pays depuis au moins 40 ans vraie Gauche – fausse Droite confondues. « Ce n’est pas l’Euro mais 40 ans de déficits publics qui sont à l’origine de la situation actuelle de la France »; déclarait le commissaire européen Michel Barnier. Dette publique passée de 0% en 1973 à 20% dans les années 80, avoisinant les 100% aujourd’hui, suite à l’accumulation des déficits publics, augmentant année après année. La part industrielle dans le PIB est passée de 24% au début des années 80 à 11% aujourd’hui (Rapport Gallois 2012), contre 16% en Italie et 24% (pratiquement inchangée) en Allemagne. Il s’ensuit un déficit de la balance commerciale augmentant année après année, alors que les Allemands et même les Italiens connaissent, eux, un crédit commercial.

Les conséquences sociales de cette dégradation économique, liée essentiellement à l’excès des prélèvements fiscaux – 47%, record des pays de l’OCDE – lié au train de vie de l’Etat et à sa politique de la demande par rapport à celle de l’offre, est le chômage en France, 20% selon H. Guaino et N. Baverez, dont la moitié de longue durée, et 1000 chômeurs de plus chaque jour.

Quelle est votre analyse géopolitique de la situation dans le monde ?

Une des premières caractéristiques de la situation géopolitique mondiale et que l’Occident – dans lequel je tiens expressément à distinguer les Etats-Unis de l’Europe – n’assure plus, ou n’assume plus une prédominance, ou magistère, quasi universel.

Les Etats-Unis, en faillite financière (dette publique, déficit commercial, doutes sur les réserves d’or, recours au quantitative easing pendant plusieurs années), à l’origine de la grande crise de 2008 – comme déjà de celle de 1929 – et suite au mensonge sur les fameuses armes de destruction massive en Irak et au viol des règles de l’ONU, ne font plus rêver. Quant à l’Europe, vassalisée par les Etats-Unis depuis 1945 et surtout depuis le Traité de Maastricht – stipulant que la politique étrangère des pays de l’Union Européenne doit être conforme à celle de l’OTAN (paragraphe J2-2) – elle est devenue un “sujet docile” (Z. Brzezinski) des Etats-Unis et n’a plus de consistance géopolitique réelle sur le plan mondial. A quoi, il faut ajouter qu’elle est « le seul continent en récession économique depuis 2007 » (N. Baverez).

Seule la Russie du Président Poutine représente une force indépendante, face aux oukases unilatéraux des lobbies américains mondialistes, en particulier face au grave danger islamiste qui a déjà pris l’Europe pour cible.

Comment se situe la France dans cet environnement ?

Capture d’écran 2016-03-06 à 18.40.06La France brille par son effacement, suite à ses divisions endémiques et à l’insuffisance et à la soumission de sa classe politique – Gauche Droite confondues. Je rappelle que le Général Pierre-Marie Gallois, géopoliticien, avait écrit, un ouvrage au titre éloquent et prophétique: “La France sort elle de l’Histoire?”… il y a près de 25 ans…

Vous travaillez à un ouvrage sur l’Allemagne, premier partenaire de la France. Que dire sur ce pays ?

J’ai fait l’objet d’une interview de la part de l’économiste J.C Mounicq dans l’émission Politique Eco n°72 sur TV Liberté où les questions majeures ont été évoquées, en particulier à propos de l’euro, et qui a eu un certain retentissement (on peut le consulter en ligne)

A l’approche des présidentielles, quelles sont vos préconisations pour redresser la France ?

Malheureusement, ce ne sont pas les Présidentielles qui, une fois de plus, vont changer grand-chose à la situation de délabrement actuelle de la France, puisque ce sera dans l'ordre – ou plutôt le désordre – actuel institutionnalisé inévitablement un candidat du "système" qui sera élu, alors que c'est ce même "système" dont il s'agit justement de s'affranchir.

Sur le plan diplomatique, que faut-il changer ?

Un pays n'a d'influence sur le plan diplomatique que s'il représente une certaine puissance, ce qui est de moins en moins le cas de la France. Certaines autorités, tel Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires Etrangères, ont déclaré que l'on se devrait, parallèlement aux exigences institutionnelles de l'Union Européenne en la matière, procéder à certains accords entre quelques (ex) grands pays, avis que je partage pleinement. En particulier à propos du rapprochement avec la nouvelle Russie contre le diktact étasunien, et par conséquence celui d’une Europe aux ordres.

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