Tandis que la France se dispute pour savoir s’il faut célébrer ou commémorer Napoléon Bonaparte, Philippe Bornet, clinicien, historien et ancien journaliste, se demande si Napoléon a été chrétien. Dans Napoléon et Dieu, l’auteur raconte que le premier Empereur, issu d’une famille catholique, s’éloigna de Dieu après s’être disputé avec son confesseur de l’Ecole militaire. Civilement bigame, ses deux mariages religieux ont été invalides (il força les cardinaux absents à son mariage avec Marie-Louise, à quitter leur tenue rouge et les exila, voire les emprisonna). Napoléon a humilié et emprisonné le pape Pie VII, tenté de soumettre l’Eglise par la nomination des évêques et le contrôle des séminaires. Excommunié en 1810, il tenta par tous les moyens d’obtenir du pape un deuxième concordat en 1813.
Néanmoins, exilé à Saint-Hélène, il s’entretenait fréquemment de questions religieuses avec ses compagnons d’infortune et demanda l’assistance d’un aumônier. S’est-il converti à l’article de la mort ? Le mystère est entre le Bon Dieu et Napoléon.
Dans l’ouvrage, Philippe Bornet aborde la question de l’appartenance de Napoléon à la franc-maçonnerie. L’entourage de Napoléon est peuplé de franc-maçons, à commencer par son père et ses frères, 14 des 18 premiers maréchaux, nombre de généraux et une pléiade de dignitaires de l’Empire. Napoléon aurait été initié en Egypte. Dans son célèbre ouvrage sur la franc-maçonnerie, Léon de Poncins souligne que Bonaparte, qui a emprisonné l’abbé Barruel âgé de 70 ans, fut un serviteur de la Révolution, en répandant ses idées dans toute l’Europe, et à ce titre il eut le soutien des loges ; mais celles-ci se détournèrent de lui lorsqu’il voulut rétablir une autocratie héréditaire à son profit. Napoléon voulut supprimer la presse catholique et institua l’Université en lui donnant le monopole de l’enseignement, avec le franc-maçon Louis de Fontanes comme grand-maître.
Dans une inversion accusatoire montrant une grave méconnaissance de la maçonnerie, Philippe Bornet écrit étrangement :
Si Clément XII n’avait pas excommunié la franc-maçonnerie et porté un coup terrible au spiritualisme maçonnique, celle-ci n’aurait pas dérivé vers l’athéisme
Dans son Napoléon, Jacques Bainville souligne que Bonaparte a surtout voulu utiliser la religion à son profit. Il lui prête ces mots :
C’est en me faisant catholique que j’ai fini la guerre de Vendée; en me faisant musulman que je me suis établi en Egypte; en me faisant ultra-montain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le temple de Salomon.