En parallèle de la grande braderie des édifices religieux inoccupés en France, un collectif de catholiques belges s'inquiète de la fermeture d'un grand nombre d'églises de Bruxelles, afin de procéder à des regroupements de paroisses, une initiative apparemment unilatérale du diocèse. C'est le premier pas vers la mise en vente des bâtiments, nos amis Belges n'en doutent pas.
"A Bruxelles, on nous dit que nous avons trop d’églises. A l’heure où des milliers de chrétiens d’Orient meurent chaque jour pour que leurs églises survivent, c’est presque indécent… Sur le terrain, nous constatons effectivement que de plus en plus d’églises sont fermées au culte du dimanche, à l’insu et à la grande surprise de leurs paroissiens qui le découvrent parfois d’un jour à l’autre. La raison ? Un projet pastoral diocésain encore peu connu mais de grande ampleur, dont l’objectif est de fusionner les paroisses et concentrer les messes du dimanche dans des églises centrales afin d’accroître leur attractivité et leur dynamisme. Une église ou deux accueilleront les célébrations et activités principales des unités pastorales (devenues les paroisses nouvelles), tandis que les églises périphériques, devenues quant à elles moins actives, seront menacées de fermeture pour la pastorale de quartier.
Fin de la vie des quartiers
Créer des entités paroissiales de plus en plus grandes et impersonnelles, une ou deux par commune, ne serait-ce pas la fin de la vie paroissiale, fermement ancrée dans les quartiers ? Une disparition pourtant programmée qui aura les conséquences inverses de celles espérées : éloigner les églises des gens, diminuer le nombre de fidèles, affaiblir le tissu ecclésial et pénaliser davantage les moins mobiles et les plus pauvres. Dans un contexte où la priorité de tous les responsables politiques et sociaux est de renforcer les services de proximité et la vie des quartiers, cette politique pastorale n’apparaît-elle pas en total décalage avec la volonté de témoigner d’une Eglise et d’un Dieu qui veulent se faire proche de l’homme et du plus pauvre, au cœur de sa vie quotidienne et ordinaire ?
Pourtant, des études récentes révèlent que la pratique religieuse des catholiques a augmenté durant ces dernières années, tout comme le nombre de séminaristes et de baptêmes d’adultes. […]
Perplexes, nous nous interrogeons profondément sur les causes qui pourraient être à l’origine d’un tel repli et de cet abandon. Est-ce une volonté des pouvoirs publics ? Ouvertes à tous, nos églises pèsent pourtant bien peu dans les budgets régionaux ou communaux. Le coût annuel de nos 108 clochers ? Moins de 1 pour 1000. Soit 4 euros par habitant et par an, partagés entre la Région et les communes.[…]
N’ayez pas peur !
Nous sommes prêts, nous laïcs, à aider nos évêques, dans la gestion de nos églises, formidables outils de transmission des valeurs évangéliques, mais aussi dans les négociations avec les pouvoirs publics concernant le respect de ses obligations en matière de financement. Nous mobiliser tous ensemble pourrait être un moteur magnifique capable de revitaliser le tissu ecclésial, ainsi qu’un formidable vecteur pour annoncer ensemble la Bonne Nouvelle du Christ "jusqu’aux périphéries". Nous pouvons, ensemble, transformer les difficultés rencontrées en un formidable moyen de renouveau.
Aussi, nous demandons à l’archevêque Mgr De Kesel et à son auxiliaire, Mgr Kockerols, de renoncer à leur plan de fusion des paroisses réduites à quelques "églises phares". Du nord au sud du canal, les communautés catholiques belges et étrangères sont solidaires dans un échange de collaboration et d’entraide fraternelle. Toutes nos églises doivent rester paroissiales et garder leur droit à une Fabrique d’église, y compris par ailleurs, pour les communautés chrétiennes qui y seraient accueillies. Nous encourageons dès lors nos évêques à mobiliser toutes les compétences et bonnes volontés inexploitées pour que vivent toujours davantage l’Eglise et nos églises à Bruxelles, au cœur de l’Europe."