L'avortement est souvent lié à la très grande difficulté d'être étudiante et mère en même temps. Il est massivement vécu non pas comme un geste volontaire, mais comme une obligation sociale vécue à contre coeur. Mais il existe des cas à contre-courant.
Histoire lue dans L'Est Républicain :
"Charif a 25 ans. Elle est maman d’une petite fille de 22 mois. Depuis quelques jours, elle est doctorante en biologie, rémunérée 1.300 € par mois, grâce à un contrat de recherche qui courra sur la durée de sa thèse consacrée aux maladies rares. « Ce revenu nous permettra d’être un peu plus à l’aise, mais les factures s’étant accumulées pendant l’été, à la rentrée, il faut veiller à régulariser la situation », confie la jeune étudiante qui vit en couple depuis cinq ans à Nancy, son compagnon étant lui aussi étudiant, en master 2 en informatique appliquée.
Le jeune couple est une exception dans le paysage universitaire de l’Hexagone : la France figure parmi les pays où la proportion d’étudiants-parents est la plus faible d’Europe (3 %, incluant aussi les étudiants en formation continue), rappelle l’étude publiée sous l’égide de l’Observatoire de la vie étudiante (lire ci-dessous).
« Le bébé n’était pas prévu, mais ce n’était pas dans ma culture d’avorter. Nous avons vraiment fait le choix d’accueillir cet enfant et de l’élever. Pas une punition de ne plus sortir au cinéma ou boire un coup, mais un bonheur de s’occuper de notre fille », confie Charif. La galère, le jeune couple connaît : les deux étudiants perçoivent chacun à peine plus de 500 € de bourse. Une fois retiré le loyer résiduel de 186 €, pas de quoi faire la fête. Les jobs d’été se font rares. Il faut jongler aussi avec les cours : « J’ai accouché un mois de décembre en M1, que j’ai redoublé. À la halte-garderie, je devais récupérer ma fille à midi. Puis nous avons trouvé une place en crèche. Ma mère me considère comme la plus forte de la famille, j’aime à croire que c’est vrai », sourit la jeune maman, qui a hésité à lever un coin du voile sur sa vie.
« Je n’ai pas envie qu’on me voie autrement que comme une étudiante », assure-t-elle. Même si « au labo, où j’ai fait mon stage on me disait : c’est bien, c’est courageux », ajoute Charif, qui a néanmoins apprécié être managée par « un maître de stage compréhensif ». Sept ans après être arrivée en France pour étudier en Paces (Première année commune aux études de santé) à Reims, avant de bifurquer vers la biologie, avec l’espoir de s’installer professionnellement et familialement en France. Et d’avoir d’autres enfants ? « Oui, bien sûr. Quand nous serons plus à l’aise financièrement »."