Mgr Marc Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, vient de publier un ouvrage sur la crise de l’Eglise intitulé Le Temps des saints et nous appelant, par son sous-titre, à ne pas être des chiens muets.
« La crise de l’Église ne fait que commencer ! » affirmait déjà en 1969 Joseph Ratzinger, alors professeur de théologie. À plus de 50 ans de distance, ces paroles sont devenues prophétiques : derrière la crise des abus sexuels, existe une grave crise de la foi et de la morale qui affecte particulièrement le Peuple de Dieu. Cet ouvrage, sous la plume d’un successeur des Apôtres, soucieux, en communion avec le Pape et tous les évêques, de « garder fidèlement la foi catholique reçue des Apôtres », a pour objet de donner une parole d’autorité pour fortifier la foi des fidèles, parfois ébranlée, sur le mystère de l’Église, le sacerdoce, la formation de laïcs et la mission prophétique de l’Église.
La conviction qui traverse cet essai est d’abord que les vrais réformateurs de l’Église, ce sont les saints ! Parce que l’Église est un mystère de communion missionnaire, son avenir passera, non par une préoccupation excessive de ses structures et de son fonctionnement, ni par le souci de s’adapter aux évolutions du monde, mais par une pastorale renouvelée de la sainteté qui trouve son expression achevée dans le témoignage rendu à la Vérité.
L’auteur rappelle notamment, à rebours de l’idéologie laïcarde ambiante, que la loi de Dieu est supérieure à la loi des hommes :
Dans une société où l’on vit sous le régime de la séparation des Eglises et de l’Etat, mais où c’est toute la société qui tend à se laïciser, le projet de Dieu sur l’homme et la société demeurera toujours pour nous, chrétiens, supérieur à la loi des hommes ou de la République, en particulier ce que Benoît XVI appelait les “principes non négociables”. […] Comme [les apôtres], dans une société contemporaine qui, au mieux nous ignore, au pire nous muselle, il nous faut parler haut et fort, quand bien même cela nous serait interdit, quand bien même il nous faudrait aller en prison et mourir martyrs à cause de cela.
Mgr Aillet va plus loin puisqu’il n’hésite pas à se placer en dissidence avec une certaine idéologie du dialogue qui a vérolé les strates de l’épiscopat français. Le chien muet n’est pas seulement celui qui se tait, par peur ou par lâcheté, mais aussi celui qui recours systématiquement au dialogue doucereux avec les autorités. Il déplore notamment que l’Eglise de France, ait accueilli par un tonnerre d’applaudissements le discours d’Emmanuel Macron en avril 2018 aux Bernardins, dénonçant un piège tendu à la veille de la présentation du projet de loi bioéthique.
En outre, revenant notamment sur la déclaration du pape François lors d’un entretien, dans lequel il se prononçait en faveur d’une sorte de protection civile pour les couples de même sexe, Mgr Aillet écrit que
une telle parole n’a évidemment pas de caractère magistériel, ni dans la forme – le pape n’y exerce pas son magistère authentique – ni dans le fond – et pour cause, puisqu’elle est en contradiction avec le magistère ordinaire et universel. Le pape François n’a d’ailleurs jamais prétendu imposer à l’assentiment des fidèles des propos de circonstance, ni leur donner le poids de son autorité de successeur de Pierre, à qui le Christ a précisément confié la mission de confirmer ses frères dans la foi.
Ainsi, tout en demeurant fidèle au Siège apostolique et en conservant une attitude a priori de bienveillance filiale par rapport à l’enseignement du pape, et puisque le magistèreère ordinaire et universel de l’Eglise n’est pas formellement engagé, il est donc légitime d’exprimer respectueusement son désaccord […]