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Neuvième dimanche après la Pentecôte

Neuvième dimanche après la Pentecôte

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Luc. 19, 41-47. In illo témpore : Cum appropinquáret Jesus Jerúsalem, videns civitátem, flevit super illam…
En ce temps-là, Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle…

Quia domus mea domus oratiónis est. Vos autem fecístis illam speluncam latrónum. Et erat docens cotídie in templo.
Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Et il enseignait tous les jours dans le temple.

Les chants du propre de la messe de ce neuvième dimanche après la Pentecôte sont encore extraits des psaumes, à l’exception cette fois de la Communion. A l’inverse des chants du dimanche précédent, c’est le Graduel qui nous fera entendre une acclamation triomphale à la majesté divine, alors que l’Introït et l’Alléluia sont des prières suppliantes.

Introït : Ecce Deus

Le texte de l’Introït est tiré du psaume 53, composé par David alors qu’il était poursuivi par des ennemis implacables. Mais cet appel au secours est comme toujours plein de confiance dans la protection divine. Ce psaume est utilisé pendant la semaine sainte, où il est mis dans la bouche du Christ. L’Introït de ce jour commence par un verset exprimant la confiance dans le secours du Seigneur, avant d’implorer sa protection.

Ecce Deus adjuvat me, et Dominus susceptor est animæ meæ : averte mala inimicis meis, in veritate tua disperde illos, protector meus Domine.
Voici que Dieu vient à mon secours, le Seigneur est le soutien de mon âme : détournez les maux sur mes ennemis, dans votre fidélité dispersez-les, Seigneur, notre protecteur.

On voit que la première phrase est une affirmation à la troisième personne de notre confiance en Dieu, exprimée par une mélodie joyeuse et pleine d’allant, tandis que la deuxième phrase passe à la deuxième personne, et devient une prière suppliante, marquée par une mélodie plus tourmentée, surtout la cadence en demi-ton de inimicis meis. Mais on retrouve la confiance à la fin avec une belle courbe calme mais pleine d’assurance sur les mots protector meus. Cet Introït est accompagné bien entendu par le premier verset du psaume 53 :

Deus in nomine tuo salvum me fac : et in virtute tua judica me.
Mon Dieu par votre nom sauvez-moi, et par votre puissance faites-moi justice.

Graduel : Domine Dominus noster

Entre les supplications de l’Introït et de l’Alléluia, nous allons trouver dans le Graduel du neuvième dimanche après la Pentecôte, une exclamation de louange, d’admiration et de reconnaissance pour le créateur et tous ses bienfaits, sur la terre, univers visible, et dans les cieux, univers invisible. C’est le début du psaume huit.

Domine Dominus noster, quam admirabile est nomen tuum in universa terra ! Quoniam elevata est magnificentia tua super cælos !
Seigneur, notre maître, que votre nom est admirable sur toute la terre ; que votre majesté est élevée au-dessus des cieux !

Pour la sixième fois consécutive en ces dimanches après la Pentecôte, la mélodie de ce Graduel utilise le cinquième mode grégorien, avec des formules typiques qui reviennent souvent et se ressemblent plus ou moins. Mais à chaque fois ces mélodies s’adaptent parfaitement au texte qu’elles doivent servir. Ici on n’a pas au départ un grand élan enthousiaste comme dans l’Introït et l’Alléluia de dimanche dernier ; la mélodie de la première phrase reste d’abord grave, calme et horizontale, exprimant une profonde adoration ; puis elle s’élève en un bel élan d’admiration, précisément sur le mot admirabile, et se poursuit en souples ondulations pleines du bonheur de contempler la splendeur divine.

Alléluia : Eripe me

L’Alléluia du neuvième dimanche après la Pentecôte présente un contraste frappant avec le Graduel de cette messe ainsi qu’avec l’Alléluia Magnus Dominus du dimanche précédent. La plupart des Alléluias de ce temps liturgique sont des chants d’action de grâces et des acclamations enthousiastes et triomphales, mais il y a quelques exceptions. Nous avions rencontré dans l’Alléluia du sixième dimanche une prière suppliante mais pleine de confiance. Nous avons cette fois une supplication intense, presque douloureuse. Un Alléluia n’est pas toujours joyeux.

Le texte est le premier verset du psaume 58. Nous avons déjà remarqué que depuis le cinquième dimanche tous les Alléluias ont pour texte le premier verset d’un psaume, et il en sera ainsi tous les dimanches jusqu’au quatorzième dimanche, sans exception.

Eripe me de inimicis meis, Deus meus : et ab insurgentibus in me libera me.
Arrachez-moi à mes ennemis, mon Dieu et délivrez-moi de ceux qui se dressent contre moi.

Ce verset de psaume, où David demande au Seigneur d’abattre les ennemis qui le harcèlent sans cesse, est très utilisé au temps de la Passion dont il est une sorte de refrain ; il y est bien entendu placé dans la bouche du Christ. En ce temps après la Pentecôte, qui représente la longue marche de l’Église depuis les apôtres jusqu’à la fin des temps, il peut être mis dans la bouche de l’Église, c’est tout à fait d’actualité, ou de chaque âme chrétienne en proie aux épreuves et aux tentations. La mélodie est aussi suppliante que le texte. Elle s’étire comme une longue plainte.

Offertoire : Justitiæ

Comme cela arrive assez souvent en ce temps après la Pentecôte, nous l’avons déjà constaté au sixième dimanche, et ce sera encore le cas les deux prochains dimanches, l’Offertoire du neuvième dimanche après la Pentecôte est repris à un autre dimanche de l’année. Aujourd’hui nous trouvons celui du troisième dimanche de Carême,  méditation aimante et contemplative sur la loi divine et le bonheur qu’il y a à l’observer :

Justitiæ Domini rectæ, lætificantes corda, et dulciora super mel et favum, nam et servus tuus custodiet ea.
Les préceptes du Seigneur sont justes, ils réjouissent les cœurs et sont plus doux qu’un rayon de miel ; aussi votre serviteur les observe-t-il.

Les mots dulciora et ea qui sont au neutre se rapportent au substantif judicia qui figure dans le psaume, mais qui n’est pas repris dans le texte de l’Offertoire. Il est d’ailleurs à peu près synonyme du premier mot de ce texte justitiæ. On notera aussi à la fin, le passage de la troisième à la deuxième personne que l’on rencontre souvent dans les psaumes. Ce texte aurait pu être emprunté au psaume 118, la longue méditation sur la volonté de Dieu et ses commandements que l’on rencontre souvent au cours de l’année liturgique et d’où était tiré l’Offertoire de dimanche dernier.

En fait, celui-ci est pris dans un autre psaume, le psaume 18, dont la deuxième partie résume au contraire les mêmes thèmes en quelques versets très condensés. La mélodie est très calme, paisible et assurée, tournant toujours autour de la même note sur laquelle elle pose notes longues et cadences. Cependant la conclusion est surprenante : au lieu de se terminer sur cette même note, la mélodie descend un demi-ton plus bas, restant en suspens comme un long regard qui ne veut pas finir.

Communion : Qui manducat

L’Antienne de Communion du neuvième dimanche après la Pentecôte est le seul chant de cette messe dont le texte n’est pas tiré d’un psaume, mais de l’Évangile. Il ne s’agit d’ailleurs pas de l’Évangile du jour, mais d’un passage célèbre du discours sur le pain de vie, dans l’Évangile de saint Jean qui convient particulièrement bien au moment de la Communion. Le nouveau Graduel publié par Solesmes en 1974 a affecté cette Communion à la fête du Saint Sacrement, où elle est également bien à sa place ; le texte figure d’ailleurs dans le verset d’Alléluia de cette fête.

Qui manducat carnem meam, et bibit sanguinem meum, in me manet, et ego in eo, dicit Dominus.
Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui, dit le Seigneur.

On sait qu’en entendant ces mots, auxquels ils ne comprirent rien, un grand nombre de disciples se scandalisèrent et partirent. Nous qui savons et avons éprouvé la réalité de ces paroles, nous les répétons avec joie et enthousiasme. La mélodie est légère avec un grand élan qui monte vers les mots sanguinem meum. La deuxième phrase et ego in eo est plus calme et intérieure. C’est vraiment le Christ qui nous parle cœur à cœur.

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