Partager cet article

France : Politique en France

Nicolas Dhuicq : “le combat est essentiellement culturel”

Nicolas Dhuicq a été battu dans l’Aube aux élections législatives dans la seule triangulaire de France. Bruno Subtil (FN) s'était maintenu alors que Nicolas Dhuicq n’avait pas appelé à battre Marine le Pen au 2nd tour de la présidentielle. Il répond à Minute :

Unknown"J’ai toujours respecté les électeurs du Front national, et aussi ce candidat. C’est aussi par respect des électeurs que je n’avais pas donné de consigne de vote à la présidentielle – il faut arrêter de prendre les électeurs pour des enfants. C’est à moi de penser, en tant que politique, pourquoi les gens votent pour Marine le Pen. Surtout, l’ennemi absolu était le programme d’Emmanuel Macron : un programme extrêmement dangereux pour la France qui, après avoir détruit le langage pendant la campagne présidentielle, est en train de détruire le politique. La stratégie intelligente de la part du candidat du FN aurait été d’appeler à voter pour le candidat qui s’est battu depuis des années avec quelques poignées de députés pour défendre une certaine idée de la France sur des sujets majeurs.

Pensez-vous que le programme du Front national était un programme de droite ?

Non, et c’est toute la contradiction interne de ce parti. Marine Le Pen a proposé au niveau macro-économique le programme commun de la gauche de 1981, dont chacun sait qu’il était intenable – il était plutôt d’inspiration crypto-marxiste ! Elle ne proposait pas, comme je le faisais, la suppression de la Commission européenne ou sa transformation en organe de conseil du Parlement européen. Son programme européen était intenable, encore, face à un électorat agricole qui ne peut pas vivre sans la politique agricole commune. Personne ne peut croire qu’avec un Etat en déficit, on pourrait brutalement la remplacer par une politique agricole française. Son programme faisait aussi une espèce de fixation quasi paranoïaque sur la double nationalité, mais ne proposait aucun discours construit sur la question de l’Islam, sur l’identité et sur l’ultra-libéralisme que représente M. Macron. […] 

Pensez-vous que le décervelage par l’Education nationale a joué un rôle dans cette élection ?

Bien sûr. Tout a commencé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, quand le Parti communiste français a réussi son opération de communication en faisant croire que la Résistance était de gauche, alors qu’en fait les premiers fusillés étaient d’Action française. Puis, après la mort de Malraux, la droite a abandonné la culture. Pourtant il y a quelques consciences qui s’éveillent, chez des jeunes en particulier… En ce qui concerne l’Education nationale, c’est un peu comme en psychiatrie : on dit qu’il faut trois générations pour avoir un psychotique. Pensez aux secrets de famille : s’il y a eu un meurtre dans la famille, la première génération l’a vu et elle sait qu’on n’en parle pas. La deuxième génération sait qu’il y a eu un meurtre, elle sait qu’on n’en parle pas. La troisième sait qu’il y a quelque chose de bizarre, des mots qu’on emploie ou qu’on n’emploie pas, mais elle ne sait pas pourquoi et cela rend fou. Transposons : souvent, les nouvelles générations ne savent même plus ce qu’elles disent. Elles tiennent un discours sans savoir pourquoi il a été mis en place.

Je crains que nous ne soyons entrés dans un monde qui ressemble à celui de la chute de l’Empire romain : les gens sont abreuvés de pain et de jeux. Je regarde très peu la télévision mais quand je l’allume, je suis navré de voir que nous payons des impôts pour une télévision publique qui fait les mêmes programmes que la télévision privée. Nous sommes dans l’inculturation et l’abêtissement permanents, et dès lors il ne faut pas s’étonner des résultats électoraux. C’est pour cela que le combat est essentiellement culturel. […]

Vous avez parlé de la grande violence sous-jacente de la société et des menaces très violentes qui pèsent sur elle. Pensez-vous que Macron en soit conscient ?

Je ne pense pas qu’il soit totalement conscient de la réalité de la vie française et de sa complexité. Il fait partie de ces jeunes Occidentaux aisés qui considèrent que tout va se résoudre par la macro-économie, et ce, même face à des dangers majeurs comme celui du wahhabisme – cet islam politique profondément antidémocratique porté par l’Arabie saoudite et qui, avec le remplacement de population, est vraiment la question majeure pour nous. Il ne tient pas compte de l’irrationnel, sauf dans la manipulation des foules. Cette question fondamentale n’a pas été abordée clairement pendant la campagne électorale, y compris par Marine Le Pen. Si elle avait été bien entourée et si elle avait été capable de tenir un discours recevable, qui ne soit ni un dis- cours simpliste de rejet basique, ni un discours de naïveté absolue, elle aurait eu là un boulevard. […]

Le combat est très gramscien : une victoire politique se prépare par des victoires culturelles. Il faut regrouper tous les penseurs, toutes les personnes qui ne sont pas satisfaites de l’offre politique actuelle avec des élus qui ont beaucoup trahi et un Front national qui est très divisé. J’avais en face de moi ce que j’ai appelé le front prolétarien qui a véhiculé un discours de haine des possédants, de haine des élites, et je ne pense pas qu’on puisse construire un pays comme cela. Il faut que la droite ait la possibilité de travailler avec ses intellectuels, de porter un projet politique pour la France qui intègre la spécificité de l’histoire et de la culture françaises, qui propose des réformes profondes de la construction européenne. Même en matière fiscale, je ne comprends pas qu’aucun candidat n’ait repris cette idée – portée par Jean-Marie Le Pen autrefois – de supprimer l’impôt sur le revenu en mettant tout sur la TVA. Si on est de droite, c’est un programme qu’on doit soutenir. L’impôt sur le revenu est très injuste. […]"

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services