Nicolas Sarkozy a été interrogé sur l’euthanasie dans Femme actuelle. Certains interprètent ces propos comme un avis défavorable de N. Sarkozy sur l’euthanasie. Mais l’ambiguïté mérite d’être relevée :
"Je suis pour le respect de la vie, dans la mesure où la souffrance ne rend pas la vie impossible. Il y a des limites à la souffrance humaine."
Alors ? Est-il pour ou contre l’euthanasie ? Sous conditions, certainement. Néanmoins, il refuserait de légiférer :
"je ne pense pas que cette question se règle par une loi".
Qu’est-ce qui ne se règlerait pas ? La légalisation ou l’interdiction ? La fin semble plus claire :
"C’est au patient, à sa famille et au corps médical de trouver la solution la plus adaptée. Je pense qu’il faut donc laisser une zone de liberté".
Après cela, je ne vois pas comment on peut penser que Nicolas Sarkozy est contre l’euthanasie. Contre une loi, sans doute. Mais surtout contre une loi qui interdirait l’euthanasie…
eric
C’est à la tête du client avec lui.
Miguel Vinuesa Magnet
M. Janva,
J’éspère que vous comprendrez ma méfiance envers la réponse des politiciens envers cette question, mais d’autre fois, et partout dans le groupe européen de droite, le PPE, on a vu des remarquables catholiques se tenir a la volonté du parti, spécialement dans une question qui précède à celle de l’euthanasie: l’avortement.
Je suis donc méfiant des mots de M. Sarkozy comme je le suis de ceux de Mme. Royal.
senex
Sarkozy,c’est la “voix de ses maitres”,Bouygues, Lagardère et Cie ….C’est la défense de la “Famille”qui les intéresse. Les vieux et les agonisants,c’est pas rentable….
Marc
Pourquoi légiferer alors que la loi actuelle française est certainement l’une des meilleures au monde en la matière, distingant euthanasie active (injection,…) qui est un crime et euthanasie passive (mettre une grosse dose de morphine pour éviter trop de souffrances, ne pas faire souffrir inutilement)qui touche à la dignité humaine?
[N.B. : l’euthanasie passive (à distinguer des soins palliatifs) est également un crime. MJ]
Pois Chiche
MJ: Je distingue dose de morphine de produit léthal.
Tout dépend de la quantité. Qu’appelle-t-on “grosse” dose ? Celle qui va ipso facto arrêter le coeur immédiatement , ou celle qui sera suffisante pour calmer mais néanmoins plus importante que la dose “normale” ? Qu’est-ce une dose “normale” ?
On augmente la morphine parce que la souffrance augmente et que le malade s’est habitué au produit.
[Vous parliez d’euthanasie dite “passive”. L’euthanasie est un acte criminel car cet acte porte l’intention de donner la mort. Si vous parlez de soulager les souffrances sans intention de donner la mort, utilisez plutôt les termes de soins palliatifs. Voir ici : http://www.sfap.org/content/view/3/27/ MJ]
PL
Bonjour,
bientôt médecin ,je souhaite préciser les propos tenus ici :
l’euthanasie passive est autorisée en France depuis la Loi Léonetti, à ma connaissance elle n’est pas condamnée par l’Eglise catholique. Il s’agit des procédures de limitation de soins : typiquement, c’est le malade qui est depuis plusieurs semaines dans le coma, sans signe de réveil. Les médecins, avec leur modeste savoir, avec l’accord de tous les soignants et l’avis de la famille décident alors de stopper une partie des soins en sachant que cela va sans doute tuer le malade. Il y a un moment où la médecine doit comprendre qu’elle ne peut plus rien faire. En médecine, on combat la maladie, pas la mort…
Quant aux proposition de Nicolas Sarkozy, je vous juge sévère. Pas vraiment fan de ce candidat, j’observe que, à l’encontre de l’opinion publique, il se déclare contre la modification de la loi Léonetti. Disons que s’il y a un second tour Royal/Sarkozy comme tout le monde le prédit : l’une fera une loi pour légaliser l’euthanasie active, qui du point de vue du corps médical est inutile et dangereuse, et l’autre fera appliquer la loi Léonetti.
[Le terme d’euthanasie passive n’est jamais employé par l’Eglise car il est biaisé. Elle préfère parler de refus d’acharnement thérapeutique ainsi que de soins palliatifs. L’Eglise condamne l’intention de donner la mort pour donner la mort. Le reste non.
Pour N.Sarkozy, sévère ou non, force est de constater que sur le sujet, il a dit (ou fait dire) en deux mois, tout et son contraire. Ici, il parle de liberté, ce qui est bien ambigü, et d’une limite au respect de la vie, limite née de la souffrance. C’est inacceptable. Soulager la souffrance ne revient pas poser une limite au respect de la vie. MJ]