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Pays : International

Niger : Macron aurait du écouter Bernard Lugan

Niger : Macron aurait du écouter Bernard Lugan

Incapable de prévoir que «le prochain coup, c’est le Niger», Emmanuel Macron serait «furax» et tenterait de faire porter le chapeau à la DGSE accusée de ne pas avoir vu le coup d’Etat au Niger venir.

«Le Niger après le Mali, ça fait beaucoup!»

Macron aurait dû écouter Bernard Lugan, sur Sud Radio, en mars 2023 :

«L’erreur absolue que nous venons de faire, c’est de rapatrier tous nos moyens qui étaient sur le Mali et sur le Burkina Faso au Niger. Nous avons mis nos dispositifs militaires au milieu de ce chaudron»

Il va y avoir du «sport», avait prédit Lugan.

Voici son analyse sur son blog :

Les évènements du Niger étant la suite logique de la catastrophique politique africaine de la France – de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron sans oublier naturellement François Hollande-, il faudra bien que ceux qui l’ont décidée rendent enfin des comptes. Comment est-il en effet possible qu’un conflit ethnique ayant éclaté en 2011 au nord-est du Mali et qui était à l’origine limité à une seule fraction touareg, ait pu, de fil en aiguille, se transformer en un embrasement régional échappant désormais à tout contrôle et dont la conséquence la plus visible est l’éviction de la France de la région sahélienne ?

En raison de l’avalanche d’erreurs politiques et sociétales, et comme je n’ai cessé de l’annoncer depuis 2011, l’échec de la France au Sahel était hélas une certitude (voir à ce sujet mon livre Histoire du Sahel). Un échec politique un temps masqué par les réussites de nos Armées au prix du sacrifice de plusieurs dizaines des meilleurs enfants de France tombés à la place de déserteurs africains ayant préféré venir bénéficier en France des largesses de l’ « odieuse » ancienne puissance coloniale que de défendre leurs pays respectifs.

Corsetés par leur idéologie, les responsables français ont voulu qu’en Afrique, le droit des Peuples s’efface devant les « droits de l’Homme », les chimères de la « bonne gouvernance » ou le surréaliste « vivre ensemble ». Sans parler des provocations LGBT et de ses variantes vues en Afrique comme autant d’abominations et qui ont achevé de faire perdre à la France l’estime et le respect des Africains. Privilégiant les analyses économiques et sociales, aveuglés par l’impératif de l’impossible « développement », les décideurs français ont refusé le réel, oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF :

« Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ».

Incultes historiquement, les « petits marquis » sortis de Sciences-Po ou de l’ENA qui prétendent parler de l’Afrique, n’ont pas vu qu’à la fin du XIX° siècle, la colonisation qui libérait les sudistes de la prédation nordiste, rassemblait en même temps dominés et dominants dans de communes limites administratives. Avec les indépendances, ces délimitations internes de l’ancienne AOF devenues frontières d’Etats, les lois de l’ethno-mathématique électorale y donnèrent automatiquement le pouvoir aux sudistes puisque leurs femmes avaient été plus fécondes que celles des nordistes. D’où, au Mali, au Niger et au Tchad, dès les années 1960-1965, les nordistes qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent. La guerre qui a éclaté en 2011 – donc avant toute présence russe-, et qui se déroule sous nos yeux, en est la résurgence.

Face à ce réel qu’ils ne comprenaient pas, ou qu’ils refusaient de voir, confondant causes et conséquences, les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France ont naturellement fait une erreur de diagnostic. Ils ont ainsi parlé de danger islamiste alors que nous étions clairement en présence d’une plaie ethno-raciale millénaire surinfectée par l’islamisme contemporain.

En conséquence de quoi, la stratégie française reposa sur « l’essentialisation » de la question religieuse, tout bandit armé, tout porteur d’arme et tout trafiquant étant péremptoirement qualifié de « jihadiste ». L’erreur était grande car, dans la plupart des cas, nous étions en présence de trafiquants se revendiquant du jihadisme afin de brouiller les pistes, et parce qu’il est plus valorisant de prétendre combattre pour la plus grande gloire du Prophète que pour des cartouches de cigarettes ou des cargaisons de cocaïne. D’où la jonction entre trafic et religion, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par l’islamisme. Face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés différents d’importance de chaque point selon les moments, la politique française fut donc à la fois figée et incohérente.

Au Niger où plusieurs conflits se déroulent, tant à l’ouest qu’au sud-est, la situation fut encore compliquée par le fait que le président Mohamed Bazoum est Arabe. Il est en effet membre de la tribu libyenne des Ouled Slimane (Awlad Sulayman) qui a des diverticules au Tchad et dans le nord-est du Niger. Là encore, un minimum de connaissance historique aurait appris aux « danseurs à claquettes » qui prétendent définir la politique africaine de la France, que cette puissante tribu éclata en deux dans les années 1830 quand le pouvoir ottoman décida de reprendre effectivement le contrôle de la Régence de Tripoli. Or, les Ouled Slimane, tribu makhzen fidèle aux Karamanli renversés par les Turcs, entra en dissidence (voir à ce sujet mon livre Histoire la Libye). La Porte ottomane ayant eu la main lourde dans la répression du soulèvement, une partie de la tribu émigra au Tchad et au Niger où elle participa au grand mouvement de prédation nordiste à l’encontre des sédentaires sudistes, ce qui a laissé des traces dans la mémoire collective. Au Niger où les Ouled Slimane constituent moins de 0,5% de la population, et où ils sont considérés comme des étrangers, le fait que l’un des leurs parvienne à la Présidence était mal ressenti. Et, circonstance aggravante, les Ouled Slimane sont vus comme des amis de la France depuis qu’en 1940-1941, ils ont opportunément suivi la colonne Leclerc dans son opération de conquête du Fezzan italien, action ayant démarré au Tchad et au Niger. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que certaines fractions des Ouled Slimane retournèrent en Libye où, depuis, elles se heurtent aux Toubou qui occupent leurs anciens territoires abandonnés après l’exode du XIX° siècle.

Alors qu’il eut fallu confier la politique africaine de la France à des hommes de terrain héritiers de la « méthode Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des anciennes « Affaires indigènes », elle a, hélas, été gérée par les insignifiants et prétentieux butors qui portent la terrible responsabilité de l’échec français en Afrique.
Un échec qui n’est d’ailleurs pas totalement consommé puisqu’il reste encore le Tchad dont le tour viendra tôt ou tard… inexorablement… Et toujours pour les mêmes raisons…

En plus de tout cela, au lieu de s’interroger sur leurs erreurs, ajoutant la naïveté à l’incompétence, les dirigeants français tentent maintenant de s’exonérer de leurs responsabilités en montrant la « main russe »…. Comme si, étant en guerre contre l’OTAN, la Russie allait laisser passer l’occasion qui lui était offerte de s’engouffrer dans l’abîme béant de la nullité française pour ouvrir un front africain sur les arrières de ceux qui la combattent sur le front européen… Le discours du président Poutine lors du dernier sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg fut d’ailleurs très clair à ce sujet.

La déficience des dirigeants français s’exprime jusque dans leur absence de réaction face au mensonge du prétendu « pillage » des ressources du Niger. L’on attendrait en effet des « chapons » qui parlent au nom de la France, une claire déclaration indiquant que cette dernière n’a pas d’intérêts dans ce pays désertique -le Mali ne l’est en revanche qu’en partie-, condamné à succomber sous sa suicidaire démographie polygamique. Un Niger dont, n’en déplaise à l’ineffable Sandrine Rousseau qui a osé affirmer que la France en dépendait pour son uranium, alors que le pays ne représente aujourd’hui, et au mieux, à peine 10% des besoins français… et qu’il est, et de beaucoup, plus facile et moins onéreux de se fournir ailleurs de par le monde. Sans parler des gisements français dont les écologistes ont fait interdire l’exploitation par la Loi…

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15 commentaires

  1. La DGSE ayant fait l’objet de la part de Macron et sa clique de faisans et malfaisants d’une purge sévère pour y placer leurs potes macronards aussi incompétents les uns que les autres, le résultat ne s’est pas fait attendre. D’autres surprises pourraient nous attendre avec le terrorisme islamiste.

  2. Analyse claire et piquante comme je les aime.
    Les idéologues des droits-de-l’homme-et-du-citoyen sont bien des autistes ultra dangereux. Que les hommes de la DGSE servent de lampistes au rejeton Attali-Trogneux, ce n’est pas étonnant, on a rarement vu un idéologue se remettre en question.
    Je ne connais pas le Niger, mais content pour les Nigériens qu’ils soient en passe de sortir des griffes crochues tricolores. Et quand chez nous la cinquième Putain tombera, le ménage sera fait aussi.
    Pour rappel, suite au putsch – manqué – en Turquie en 2016, il y a eu plus de 500 000 turcs placés en garde à vue et près de 150 000 fonctionnaires limogés, c’est dire l’ampleur du karcher qui nous attend en France post régime républicain. Hâte d’y être.

  3. Cette “Master class” de Bernard Lugan ridiculise les hauts fonctionnaires actuels et la clique macronienne. Leur ignorance des réalités locales doublée d’idéologie ne pouvait que produire de tels désastres.

  4. Trop d’idéologies, aucun sens pratique c’est la “macronie” dans toute sa splendeur. Bravo la France.

  5. j’ai bu du petit lait en lisant cet extrait, le fanfaron de l’élysée qui ne connaît rien à rien et se mêle de tout en prend pour son grade. Je sentais que c’était une bonne chose qu’il y ait un putsch , dommage que ça n’arrive pas chez nous pour renverser ce guignol incapable voyou assassin , débile mental etc j’en passe et des meilleures, avec sa clique de macronards, dans macronards il y a macron mais aussi connards, le mot est vraiment bien choisi. Tout ce que cet incompétent touche devient une catastrophe pour la France. Quant aux hauts fonctionnaires une clique de dégénérés pour la plupart qui ruinent le pays. Donnez une entreprise à un énarque, en moins de temps qu’il faut pour le dire elle fait faillite et lui s’est gavé.

  6. Bernard Lugan est tellement brillant, mais en France de 2023 et d’avant même, les gens compétents sont mis au placard. Ils font trop d’ombre aux mirco personnes qui gouvernent.

  7. Macron, toujours aussi nul, toujours aussi nuisible, bref toujours aussi anti-français : une calamité républicaine de plus. Quand allons-nous être enfin débarrassé de cet olibrius immature ?

  8. He nous , au fait les français, quand va-t-on les virer nos incompétents. Un bon petit putsch ‘à l’africaine”, cela ne vous dit pas ?
    Voir Macron partir en mobylette comme jadis le mollah Omar, avouez que ce serait tordant !

    • Oui mais qui pour initier le putsch ? Chacun est dans son coin et attend et je ne pense que ce soit aux vieux comme nous à aller au charbon, aider oui mais que peut-on faire quand on approche l’âge canonique puisqu’aujourd’hui on ne respecte même pas les vieux

  9. Bernard Lugan a parfaitement raison quand il explique que la gauche colonisatrice au XIXème siècle voulait implanter son idéologie issue de la Révolution. Effectivement les élections au suffrage universel ne sont pas adaptées à ce pays multiethniques.
    Cette idéologie radicale socialiste a également prêché le laïcisme en Algérie depuis la conquête et a empêché les missionnaires de convertir l’Algérie ; ce qui aurait été un retour aux sources car l’Afrique du nord , après l’empire romain était chrétienne aux premiers siècles , puisque St Augustin était un berbère.
    Or on s’aperçoit que là où les fameux droits de l’homme et la démocratie se maintiennent c’est bien dans ces pays d’origine chrétienne. Donc l’idéologie laïciste des francmacs rad soc se retourne finalement contre leur projet démocratique.

  10. Je connais le Professeur Lugan depuis près de 30 ans. À mes yeux, il est LE spécialiste de l’Afrique que tous les Présidents depuis Chirac auraient dû embaucher comme conseiller spécial ou conseiller du Quai d’Orsay. Ça nous aurait éviter bien des co***ries qui ont couvert la France de ridicule.

  11. surtout ne pas écouter les spécialistes! macron se targue d’avoir des “amateurs” comme collaborateurs!

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