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À la faveur du déconfinement, on entend : laissez les médecins choisir leurs traitements, les pharmaciens vendre des masques, les enseignants enseigner au mieux selon les circonstances, enfin laissez les prêtres donner les sacrements et organiser le culte. Principe de base de la doctrine sociale de l’Église, ce principe de subsidiarité est malheureusement peu compris, encore moins aimé.
Ainsi, il est incohérent de rappeler le principe de subsidiarité, même sans le nommer, et d’afficher une infantilisation dans ce qui ne relève pas de la compétence de l’autorité rappelée à ce principe. Faisons une analogie entre la paternité et maternité qui relève directement de la responsabilité des époux, et la sanctification du peuple de Dieu qui relève de la responsabilité des pasteurs, disons de leur « paternité spirituelle ».
C’est un fait que certaines circonstances rendent très difficile en pratique l’exercice de ces responsabilités. Moniteurs de régulation naturelle des naissances, nous rappelons sans cesse aux époux que rien ne justifie de se défausser de la responsabilité vis-à-vis de la vie à naître dans notre foyer : ni les pressions médicales, sociales, familiales, éducatives. Certes les époux doivent tenir compte des circonstances, mais ils doivent rester libres de bien agir. Ils doivent aussi être conscients que certains pourraient profiter des circonstances pour leur retirer ce qui leur est confié. Ils ont donc à s’exhorter les uns les autres à rester courageux.
Si les autorités supérieures ne doivent pas soustraire aux autorités inférieures le discernement et les tâches qu’elles sont capables de faire, les autorités inférieures n’ont pas à attendre des autorités supérieures qu’elles prennent en charge leur propre responsabilité. Qui exige le principe de subsidiarité doit être conscient de sa propre responsabilité et être prêt à l’assumer.
Aujourd’hui, le Covid rend difficile la responsabilité de la sanctification du peuple de Dieu. Qu’un gouvernement interdise en temps de pandémie les rassemblements de plus de x personnes, qu’il aille jusqu’à confondre liberté de culte et liberté de rassemblement dans un pays laïc, devenu multi-cultuel, on peut le déplorer mais le comprendre. En revanche, attendre du gouvernement les consignes sacramentelles, lui demander de statuer sur la confession, la distribution de la communion, la messe privée : c’est se défausser de sa responsabilité.
On peut s’auto-féliciter, se vanter de la discipline des fidèles et des pasteurs. On peut aussi être conscients des postures de chacun, sans juger d’ailleurs des intentions. Il convient de mesurer les conséquences de positions prises hier, afin d’être éclairé sur celles à prendre aujourd’hui et demain. Oui certains évêques puis certains prêtres, pensant peut-être que la crise sanitaire ne durerait pas, ont ajouté des mesures à des mesures, limitant l’apostolat des prêtres au virtuel, aux enterrements et à l’extrême-onction. Fidèles laïcs, nous mettons aussi du temps à comprendre ce qui se passe et à discerner ce qu’il convient de faire.
Quelques-uns en ont appelé au gouvernement pour l’après-11 mai. Finalement il faut attendre le 2 juin ? Mais pourquoi attendre si des églises ont été abusivement fermées? Pourquoi ne pas proposer l’adoration, reprendre des confessions, dire des messes privées…. Cessons de faire croire que le gouvernement a son mot à dire sur bien des choses qui en réalité ne le regardent pas. C’est dangereux ! Prenons nos responsabilités avec toutes les tolérances existantes. C’est vrai pour les pasteurs, comme pour les fidèles laïcs. On peut prier dans les églises ouvertes, et grâce aux doodles ne pas s’y rassembler. Arrêtons de nous auto-censurer.
Comparaison n’est pas raison. Mais combien pensent, à tort, qu’ils ne peuvent vivre les méthodes naturelles, parce qu’ils perçoivent des pressions médicales, spirituelles, économiques? Ces pressions ne sont d’ailleurs pas des interdictions formelles. Aujourd’hui nous devons nous entraider, pasteurs et fidèles, à percevoir les pressions qui inhibent la vie sacramentelle.
Saint Louis Marie Grignon de Montfort a vécu une épidémie lors de son séminaire à Paris. Il répond alors aux besoins des pauvres et des malades, jusqu’à être expulsé de la Salpêtrière. Son zèle apostolique va alors le tourner vers les missions populaires, là où on manque de prêtres. Il parcourt ainsi l’Ouest de la France pour y vivifier la foi en profondeur. Pour toucher les personnes qui viennent moins à l’église, il écrit des cantiques sur des chants populaires. Les historiens disent que son action apostolique a préparé la réaction des laïcs vendéens en faveur de la défense des prêtres. Aujourd’hui, alors que des gens font des heures de queues à l’ouverture des drive de McDonald’s et que la jeunesse réclame à ses parents des UberEats… j’interroge sur la possibilité des Uber-Christ à partir du 11 mai, et de prendre comme patron pour ce type d’activité Saint Louis Marie Grignon de Montfort ? Rappelons enfin que saint Jean-Paul II, à de nombreuses reprises et dans sa devise épiscopale, témoignait de tout ce qu’il devait à ce saint français.
Sainte Jeanne Beretta Molla a accepté sa responsabilité vis à vis de son enfant à naître. Malgré les pressions médicales, sociales et familiales, elle a choisi de prendre le risque de se faire opérer de son fibrome tout en gardant son enfant. Le pape Paul VI a parlé pour elle d’ « immolation préméditée ». Elle a pu donner naissance à son enfant avant d’offrir sa vie à 39 ans. Elle a été canonisée par saint Jean-Paul II.
Saints du jour, patrons de la responsabilité de l’état de vie, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort et Sainte Jeanne Beretta Molla priez pour nous, aujourd’hui et demain !