Extrait de l’homélie de Dom Hervé Courau, père abbé de Triors, le 11 juillet :
Mgr Gay il y a un siècle et demi a rédigé une belle prière bien connue qui éclaire la fécondité rayonnante de saint Benoît tout en encourageant notre temps inquiet et imprudent en ses débats publics :
Jésus, Vous êtes toujours un don universel. Si Vous prenez une âme, c’est un gain pour le monde entier. Où Vous commencez de régner, la paix commence de s’établir et la charité d’abonder. Vous êtes la délivrance, le bien-être, la fête du genre humain, et pour devenir bons et heureux, heureux de toute manière, nous n’aurions qu’à Vous recevoir, Vous qui ne demandez qu’à venir, Vous qui entrez par toute porte ouverte et frappez à toutes celles qu’on ne Vous ouvre pas.
Mais cela qui est magnifique n’empêche pas les ombres du temps présent que l’auteur déplore ainsi pour le sien :
Hélas ! Et l’on a peur de Vous, et l’on n’a peur que de Vous, et l’on Vous éconduit, et l’on Vous chasse ! On cherche la justice et on la réclame souvent à grands cris; on veut que les hommes soient assistés sinon aimés par les hommes ; et Vous qui êtes l’unique remède au mal d’où sort toute injustice, Vous qui êtes l’unique foyer des amours saints et généreux, source des vrais services, ils Vous excommunient de partout et ne souffrent même plus qu’on Vous nomme ! C’est un principe, dit-on, c’est un droit et une liberté, c’est le droit et la liberté même que de tout bâtir ici-bas sans Vous et hors de Vous, et de gouverner les hommes, abstraction faite de Vos doctrines.
Quelle tristesse, quelle déchéance !
Tandis que notre pays délibère sur le retranchement de la paternité et même son absence, cherchant à ratifier le divorce total entre le plaisir conjugal et la fécondité, comme des enfants sûrs d’être exaucés en s’appuyant sur l’amour du Père des cieux pour notre époque, nous recourrons au Père vénérable qui a si efficacement protégé l’Europe chrétienne au long des siècles. Demandons-lui que notre temps retrouve en les goûtant bien le sens et la douceur rassurante de la paternité, y compris charnelle, car nos contemporains sont devenus des orphelins mal aimés, orphelins sans l’avoir choisi. À de jeunes époux, Pie XII disait :
Être Père, c’est communiquer l’être, bien plus, c’est mettre dans cet être le mystérieux rayon de vie (19 mars 1941).
Avec saint Benoît, mettons-nous à l’école de Jésus qui, dans le Saint-Esprit nous apprend à dire, Abba-Père, à la suite de Notre Dame, la Servante du Seigneur qui nous fait dire le Fiat à l’amour offert, amen.