Albéric Dumont, consultant en sécurité et analyse des risques, Fondateur de la société Ultreia, spécialisée dans la protection des lieux de culte, écrit dans Valeurs Actuelles :
"[…] La menace s’étend à présent sur l’ensemble du territoire et plus seulement dans les grands centres ou lors de grands événements. Elle a également changé de forme : il ne s’agit plus de frapper des foules mais bien des individus, non plus seulement avec des moyens spectaculaires mais à l’arme blanche douloureusement efficace.
Enfin, en choisissant d’attaquer des fidèles chrétiens lors d’une messe, c’est le cœur même de la menace qui est révélé. Le communiqué de presse de l’Etat Islamique au lendemain du 13 novembre parlait de Paris comme le « symbole de la Croix » en Europe. La portée symbolique de l’attaque de ce matin ne doit en aucun cas être minorée ou mise de côté : il s’agit bien d’attaquer des chrétiens au cœur même de ce qu’ils ont de plus sacré, la messe et ce à travers la personne qui les représente le mieux : le prêtre.
« Allons-nous continuer à fermer les yeux en tendant l’autre joue ? »
Bien sûr, il y aura, comme nous y sommes maintenant malheureusement habitués depuis quelques mois, des compatissants, des bougies, des statuts Facebook, des déclarations et des minutes de silence. Mais une fois ces gestes et ces rituels passés, allons-nous rester les bras ballants, à subir une menace de plus en plus pressante et à nous suffire de ces gestes incantatoires ? Allons-nous continuer à fermer les yeux en tendant l’autre joue ?
Nous ne pouvons évidemment pas répondre à la violence barbare par une barbarie aveugle. Il est en revanche de notre devoir de protéger les plus vulnérables et de prendre conscience de nos propres faiblesses. Nous sommes tous des cibles potentielles, pourquoi continuer à le nier ?
Nous avons le devoir de désigner l’ennemi qui vient frapper nos semblables, de le combattre, fermement. Nous avons le devoir de nous protéger, de protéger nos prêtres, les fidèles et nos lieux de culte.
Cela fait longtemps que les Chrétiens d'Orient attirent notre attention sur ces risques imminents. Personne n’avait pris au sérieux leurs avertissements : pourquoi cela arriverait-il en France, sur notre territoire national ? […]"