A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 4e partie :
Contrairement à ce qui a été écrit, nous ne posons pas d’interdits liturgiques au pèlerinage : nous en subissons nous-même suffisamment. Mais nous souhaitons que le pèlerinage continue d’être un lieu ou la liturgie traditionnelle est aimée et mise en avant, notamment par les cadres, et donc par les prêtres. Cette année encore, plusieurs prêtres nous disent qu’ils sont heureux d’apprendre cette liturgie pour venir au pèlerinage. Nous avons un contact direct avec chacun en amont de leur inscription, et nous leur demandons deux choses : de se mettre au service de tous les pèlerins et non de leurs propres fidèles, pour être tout à tous et pour qu’aucun chapitre ne manque du ministère de la confession, et de valoriser auprès des pèlerins le thème de la chrétienté et la liturgie tridentine. Nous leur demandons de jouer le jeu de l’esprit propre à ces trois journées d’amour et de mise en avant de ces trésors spirituels, et non pas d’essayer de changer le pèlerinage. Nous distinguons bien entre ceux qui ne veulent pas partager ces fondamentaux et ne manifestent pas d’intérêt pour eux – ceux-là ne viennent pas d’eux-mêmes – et ceux qui apprécient sincèrement le pèlerinage et ses piliers mais ne peuvent pas encore célébrer la forme tridentine, soit par manque de temps pour l’apprendre, soit parce qu’ils sont interdits de la célébrer. Pour eux, aussi rares soient-ils, nous avons toujours essayé de trouver des solutions pour exercer l’hospitalité liturgique et leur permettre de venir.
Pour poser des bases saines au dialogue que nous appelons de nos vœux, il faut encore dire ceci. Si nous sommes attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi dans leur intégralité, ce n’est pas uniquement parce que nous avons pour elles un attachement viscéral ; mais c’est aussi parce nous constatons que l’Église traverse depuis trop longtemps une crise majeure, une crise doctrinale et liturgique. Il y a là une difficulté dont nous sommes conscients : l’existence des communautés traditionnelles apparaît à certains comme un « reproche vivant » vis-à-vis d’autres méthodes pastorales et liturgiques dans lesquelles on voudrait, de force, nous diluer. Précisons donc les choses. Oui, nous recevons intégralement le Concile Vatican II et le magistère récent de l’Église, nous l’étudions dans nos livrets de formations, nous l’interprétons, selon le vœu de Benoît XVI, à la lumière de la Tradition, rejetant les interprétations erronées que l’on peut faire de certains passages ambigus du texte conciliaire. Nous ne sommes pas de ceux qui souhaitent établir une rupture entre « Église préconciliaire » et « Église postconciliaire ». Nous croyons en la Tradition vivante (que nous ne confondons aucunement avec les traditions humaines), au développement organique du dogme, mais nous savons que l’Église ne peut modifier, au nom du progrès ou de l’adaptation au monde, la doctrine de Jésus sur les points aussi essentiels que la théologie de la messe, la doctrine du sacerdoce, l’indissolubilité du mariage ou la morale catholique. Nous sommes profondément inquiets de voir que le relativisme doctrinal et le progressisme moral continuent de prospérer en de nombreux lieux de l’Eglise aujourd’hui encore. Nombre de nos pèlerins, même dans la très jeune génération, reconnaissent n’avoir rien reçu en formation doctrinale, se considèrent comme des générations sacrifiées, ont l’impression qu’on leur a caché le contenu de leur foi, et viennent trouver au pèlerinage des réponses claires. Le « kaïros » que nous vivons demande que nous ayons le courage de poser un constat lucide sur cette crise de la transmission de la foi qui continue aujourd’hui, et de réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour en sortir, car l’unité de l’Église est d’abord une unité dans la foi. […]