On l'annonçait ici, le Parlement algérien l'a voté hier : les amendements constitutionnels levant l'interdiction d'effectuer plus de deux mandats présidentiels ont été adopté. Abdelaziz Bouteflika, malgré ses problèmes de santé, pourra briguer un troisième mandat en avril 2009. Ces amendements renforcent aussi ses pouvoirs. "L'islam, religion d'État" et "l'arabe, langue nationale et officielle" sont désormais protégés de toute remise en cause, y compris par voie référendaire. Cerise sur le gâteau, un amendement recommande "la promotion des droits politiques des femmes", alors que le très misogyne Code de la famille consacre la polygamie et leur statut de mineur, au nom de la charia.
Saïd Sadi (photo), chef du RCD, dont les députés et sénateurs ont voté contre les amendements, ne cache pas sa colère :
"Les adversaires de l'État démocratique, qui ont organisé le putsch de l'été 1962, consolidé par celui du 19 juin 1965, s'imposent une nouvelle fois par un coup de force constitutionnel."
Il affirmait ce matin sur Europe 1 que, malgré sa demande de vote à bulletin secrets, celui-ci s'est déroulé à main levée et sans débat, suffisamment longtemps pour que la télévision enregistre les récalcitrants. Dépité, il a même déclaré que son pays était le dernier régime de type nord-coréen d'Afrique.