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Institutions internationales / Pays : Afghanistan / Pays : Etats-Unis

Obama accepte son prix Nobel et défend les “guerres justes”

Dans son discours d'acceptation du prix Nobel de la paix, Barack Obama a estimé que les Etats-Unis devaient veiller au respect des normes morales lorsqu'ils menaient des guerres qu'ils estimaient nécessaires et justifiées :

Obama "Lorsque la force est nécessaire, nous devons, sur un plan moral et stratégique, nous contraindre à respecter certaines règles de conduite. Et même si nous nous retrouvons face à un adversaire brutal qui ne respecte rien, je pense que les Etats-Unis d'Amérique doivent continuer à montrer ce qui doit être la norme dans la conduite de la guerre. C'est là l'une des origines de notre force. C'est pourquoi j'ai interdit la torture. C'est pourquoi j'ai ordonné la fermeture de la prison de Guantanamo. Et c'est pourquoi j'ai réaffirmé l'engagement de l'Amérique à respecter les conventions de Genève. Nous nous perdons nous-mêmes lorsque nous passons des compromis avec les idéaux mêmes pour lesquels nous nous battons (…)

Aussi, oui, les instruments de la guerre ont un rôle à jouer dans la préservation de la paix. Et pourtant, cette vérité-là doit coexister avec une autre, à savoir que la guerre, qu'elle soit justifiée ou non, appelle la tragédie humaine."

StThomasAquin Saint Thomas d'Aquin définissait la guerre juste par trois critères :

  1. auctoritas principis : la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime.
  2. causa justa : la cause juste
  3. intentio recta : l'intention ne doit pas être entachée de causes cachées mais uniquement dans le but de faire triompher le bien commun.

Plus récemmentMichael Walzer a synthétisé plusieurs critères proches de ceux de Saint thomas d'Aquin pour savoir si un conflit est juste :

"La guerre pour être juste, doit être engagée en dernier ressort. Toutes les possibilités non violentes doivent au préalable avoir été examinées. La question de l'autorité légitime se pose lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies est bloqué par la volonté d'une partie d'exercer son droit de veto. La probabilité de succès doit être plus forte que les dommages imposés. Ce point est certainement l'un des plus difficiles à évaluer puisqu'entrant dans le cadre du calcul des probabilités.

La violence engagée dans le conflit doit être proportionnelle au dommage infligé et les populations civiles doivent être autant que possible distinguées des agresseurs militaires. Là encore, se présente une nouvelle difficulté avec les interventions de type guérillas où il est difficile de faire la distinction entre civils et militaires.

Le but ultime de l'intervention armée doit être de rétablir la paix."

Très proche des critères précédents, la Doctrine Sociale de l'Eglise précise :

"Une guerre d'agression est intrinsèquement immorale. Dans le cas tragique où elle éclate, les responsables d'un État agressé ont le droit et le devoir d'organiser leur défense en utilisant notamment la force des armes. Pour être licite, l'usage de la force doit répondre à certaines conditions rigoureuses:

  • que le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain
  • que tous les autres moyens d'y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces
  • que soient réunies les conditions sérieuses de succès
  • que l'emploi des armes n'entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l'appréciation de cette condition.

Ce sont les éléments traditionnels énumérés dans la doctrine dite de la “guerre juste”. L'appréciation de ces conditions de légitimité morale appartient au jugement prudentiel de ceux qui ont la charge du bien commun.

Si cette responsabilité justifie la possession de moyens suffisants pour exercer le droit à la défense, il reste pour les États l'obligation de faire tout leur possible pour garantir les conditions de la paix, non seulement sur [leur] propre territoire mais partout dans le monde. Il ne faut pas oublier que « faire la guerre pour la juste défense des peuples est une chose, vouloir imposer son empire à d'autres nations en est une autre. La puissance des armes ne légitime pas tout usage de cette force à des fins politiques ou militaires. Et ce n'est pas parce que la guerre est malheureusement engagée que tout devient, par le fait même, licite entre parties adverses (DSE 500)

Pour ce qui est d'une guerre préventive, déclenchée sans preuves évidentes qu'une agression est sur le point d'être lancée, elle ne peut pas ne pas soulever de graves interrogations du point de vue moral et juridique. Par conséquent, seule une décision des organismes compétents, sur la base de vérifications rigoureuses et de motivations fondées, peut donner une légitimation internationale à l'usage de la force armée, en identifiant des situations déterminées comme une menace contre la paix et en autorisant une ingérence dans la sphère réservée d'un État (DSE 501)"

Il suffit désormais de passer le conflit afghan au crible de tous ces critères pour savoir si l'OTAN et les Etats-Unis y mènent une guerre juste. Le conflit irakien n'a pas réussi l'examen….

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7 commentaires

  1. Et en ce qui concerne la défense de la vie notamment de son projet de mort Obamacare qui veut accentuer le financement du massacre des petits-d’hommes innocents dont il se moque effrontément, va-t-on encore le qualifier de “Nobel de la Paix ” ,

  2. C’est magnifique! A ce prix aucune des guerres qu’a pu mener la France ne fut une guerre juste, jusque et y compris les croisades prêchées par les papes.
    Il faut reconnaître que cela ressemble furieusement à la définition de la “légitime défense” instaurée par les socialistes dans notre droit pénal et qui revient à empêcher toute défense légitime et à criminaliser toute réaction (Les exemples ne manquent pas dernièrement)
    De la même façon, la notion de souveraineté disparaît avec le recours au “conseil d’insécurité” de l’ONU qui fait qu’aucune nation ne peut agir pour se prémunir contre un danger stratégique en voie de constitution. A ce titre la conquête d’Alger par Charles X n’était pas juste.
    Les juristes sont amusants: mais ils sont rarement aux premiers rangs.

  3. Jamais la parabole de la paille et de la poutre n’a connu une mise en scene plus spectaculaire; un homme, seul, se proclame comme le representant du bien universel tout en deniant à tout autre le droit de s’en reclamer §

  4. Article intéressant. Cependant, petite correction: on écrit “Walzer” avec un z. De plus, pour mieux comprendre la théorie de Walzer, on peut lire sa préface à la seconde édition (1992) intitulée “Après la guerre du Golfe”, dans laquelle il revient sur les deux principes de dernier recours et de proportionnalité, pour montrer leur “inadéquation conceptuelle”, ou du moins l’inadéquation de leur acception générale.
    Sur le principe d’ultime recours, il écrit que “l’expression “ultime recours” rendrait la guerre moralement impossible. On ne peut, en effet, jamais parvenir à cet instant ultime, ni jamais savoir qu’on y est parvenu. Il reste toujours un autre chose à faire, une autre résolution à l’ONU, une autre réunion.” (Guerres justes et injustes, 1992, page 10) La guerre doit pour lui se justifier par des critères objectifs qui lui donnent un caractère juste à tout moment, mais ne peut être déclarée que si l’on a tenté d’autres moyens de résolution : c’est là pour lui le sens de l’ultime recours.
    Sur le principe de proportionnalité, il dit qu’on ne peut “se livrer à des calculs, car les valeurs en jeu ne sont pas mesurables, du moins ne peuvent-elles s’exprimer ni se comparer mathématiquement, comme le suggère la notion de proportionnalité” (page 11). Le principe de proportionnalité ainsi compris reviendrait pour Michael Walzer à rendre impossible toute guerre. La vérité de ce principe est selon lui qu’un dirigeant doit éviter une guerre lorsque les risques qu’elle fait courir dépassent de loin l’enjeu du conflit. “Mais c’est une vérité sommaire, et, bien qu’elle puisse rendre quelque service dans certains cas, […] elle ne contribuera pas à établir des distinctions utiles dans un grand nombre d’autres cas” (page 12).
    Pour Michael Walzer, “les guerres justes sont des guerres limitées, menées conformément à un ensemble de règles destinées à éliminer, autant qu’il se peut, l’usage de la violence et de la contrainte à l’encontre des populations non-combattantes” (page 13). Une guerre juste est limitée, dans ses objectifs (restaurer le statut quo antérieur à une agression illégitime) et dans sa pratique (éviter de tuer des civils, épargner les soldats qui se rendent, utiliser certaines armes et en éviter d’autres, le jus in bello en général).
    Merci pour cet article intéressant qui offre quelques éclairages sur un sujet épineux.

  5. Parfois les gens de notre mouvance se plaingnent d’être abusés par les politiques.
    Mais là Obama (et ceux qui l’ont nommé) se moquent bien de toute la clique socialo droitdelhommiste voire UMPS “mondiale” qui se trémoussait devant ce nouveau président “historique” qui finalement, fait les mêmes guerres avec plus d’hommes et, en plus, reçoit le Prix Nobel de la Paix, tout en continuant la même politique de fond libérale qui a mené son pays d’adoption à la catastrophe !
    Par contre une seule chose n’est jamais évoquée, à aucun moment, c’est le relatif mais nouveau durcissement des USA vis à vis d’Israel. Curieusement, ce pays n’intéresse plus grand monde alors qu’on y voit de nombreux, petits mais persitants, troubles au sein même de la population et de l’armée de ce pays frère des USA.

  6. le “messianisme” nord-américain de l’actuel président et de son prédécesseur n’a guère changé. Les marchands de canon peuvent dormir tranquilles!
    Relire la presse française et ce qu’elle a dit sur les deux derniers présidents des EU seraient risibles ( surtout son obamania hystérique) si les conséquences des décisions de ces chefs d’état n’étaient pas si tragiques.

  7. Obama : prix Nobel de la paix…
    Et Mengele : prix Nobel de médecine ?
    Quelle tartufferie !

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