Le site Gènéthique a lu et analysé un article dans le Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la reproduction intitulé "L'éthique médicale à l'épreuve de la loi de bioéthique. Point de vue d'un obstétricien" rédigé par le Dr Patrick Leblanc et Pierre-Olivier Arduin :
"(…) Au coeur de leur réflexion, une question : la loi laisse-t-elle toujours l'obstétricien libre d'agir conformément à l' éthique médicale propre à sa spécialité ?
"Y aurait-il des choix de société qui nous seraient imposés ? (…) Sommes-nous au service d'une médecine non plus vitaliste mais utilitariste ? (…) Enfin, la définition de notre spécialité demeure-t-elle toujours valide ? Nous faudra-t-il changer son nom ?"
Car, comme le rappellent les auteurs, l'obstétricien (ob-stare) est étymologiquement celui qui se tient debout devant la femme afin de l'accompagner et l'aider à donner la vie. Or, c'est cette vocation elle-même que les aspects irrationnels de la pratique obstétrique contemporaine semblent remettre en cause (…) l'obstétricien est en effet directement confronté à la question du statut de l'être "pas-encore-né". Alors même que le foetus et l'embryon sont de facto les patients de l'obstétricien (…), le médecin se trouve confronté à la possibilité de les détruire (…) L'article interroge alors sur la latitude que la loi laisse au praticien notamment dans les questions de dépistage prénatal :
"Le seul droit accordé à un être intra-utérin, sans statut légal clairement défini, serait-il son obligation de démontrer qu'il est indemne de tout handicap…même seulement suspecté ?"
De fait, le dépistage de la trisomie 21 tel qu'il a été instauré en France pose un certain nombre de questions éthiques (…) Ces procédures défaillantes sont confirmées par les choix financiers de l'Etat qui dépense bien plus dans les programmes de dépistage – 100 millions d'euros par an – que dans ceux destinés à la recherche. Ces choix financiers et ces dispositions légales incomplètes entraînent un eugénisme implicitement organisé par l'Etat alors même que l'article 16.4 du Code Civil stipule : "Toute pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est interdite". Le Professeur Sicard l'affirme sans ambiguïté : "Osons le dire : la France construit pas à pas une politique de santé qui flirte de plus en plus avec l'eugénisme (…) Je suis profondément inquiet devant le caractère systématique des dépistages, devant un système de pensée unique. (…) La vérité centrale est que l'essentiel de l'activité de dépistage vise à la suppression et non pas au traitement. Ainsi, ce dépistage renvoie à une perspective terrifiante : celle de l'éradication". (…)
Devant toutes ces questions, les auteurs appellent donc les obstétriciens à s'interroger sur les missions qui sont les leurs, afin que leur voix de spécialiste puisse être entendue dans la révision des lois de bioéthique."
senex
Une formidable avancée dans la recherche génétique en ce qui concerne “l’autisme, la schizophrénie et le retard mental” vient d’être réalisée par une équipe française.
Mais le dépistage “in utéro” de dysfonctions génétiques risque de déboucher sur un “dépistage de précaution”dont on connait la suite “eugénique” dans le cas de la trisomie 21.Il y a donc lieu de rester mobilisés pour que ces progrès scientifiques ne soient utilisés que pour la thérapeutique.L’autisme infantile mérite une mobilisation générale, car c’est une très grande épreuve pour les enfants et leurs familles.