Lu dans L'Homme Nouveau :
"[…] On attend le candidat politique qui s’attaquera enfin de face à l’actuel système scolaire, ne reprochant pas à l’école gratuite de l’État d’être gratuite mais d’être d’État ! À la gratuité scolaire étatique, il faudrait opposer la gratuité scolaire familiale : c’est aux familles qu’il appartient de financer les écoles (indépendantes) qu’elles désirent. Le rôle de l’État est de leur en donner les moyens par la redistribution progressive du budget de l’Éducation nationale, avec des allocations scolaires plus ou moins analogues aux allocations familiales. (Autre proposition : plus qu’à l’État c’est aussi à un ordre des maîtres, analogue à l’ordre des médecins ou à celui des magistrats, que devrait normalement revenir le contrôle de la compétence des directeurs et des maîtres d’école).
D’où l’ineptie du régime de l’autorisation préalable pour les écoles libres. Car l’État ne peut et doit juger des écoles qu’a posteriori, selon une culture du résultat scolaire et non selon un discours philosophique de la méthode qui ne dépend pas de lui. Avec le régime de la déclaration préalable, quel que soit le genre d’école, l’État peut en revanche veiller, avec mesure et prudence, au respect des normes d’hygiène ainsi qu’au respect des lois en vigueur dans l’intérêt général et le respect de l’ordre public, selon un cahier des charges donné. Mais ces droits de regard et ces devoirs d’harmonisation du pouvoir politique ne peuvent s’exercer qu’en concordance avec les droits et les devoirs des familles et des écoles, selon le bon principe de subsidiarité. Si dualisme « public-privé » il doit y avoir, il doit s’exercer non au profit du soi-disant public, l’école libre ne jouissant alors que d’une précaire permission d’exister concédée par l’État. Car l’école (publique) étatique en tant que telle ne devrait jamais rester que la supplétive de l’école (publique) privée et libre."