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Culture de mort : Euthanasie

On ne peut parler de l’euthanasie sans évoquer les fins dernières

On ne peut parler de l’euthanasie sans évoquer les fins dernières

De l’abbé Raffray dans France catholique :

[…], La revendication euthanasique est symptomatique d’une anthropologie fragmentée. L’individu s’y conçoit comme une monade fermée sur elle-même, n’ayant de compte à rendre qu’à sa propre volonté. La souffrance devient intolérable dès qu’elle n’a plus de sens pour moi. La mort est tenue pour scandaleuse si elle échappe à mon consentement. Dans cette perspective, toute dépendance, tout besoin des autres est vécu comme une déchéance.

Mais la vérité humaine est tout autre. Nous ne sommes pas seuls, et nous ne mourons pas seuls. Toute mort est un événement communautaire, une blessure dans le tissu des relations. Le mourant n’est jamais seul à mourir : il meurt en laissant derrière lui des fils, des amis, une communauté. Et il meurt, souvent, en portant avec lui les souffrances des autres –  ou en les expiant. La parole de Bernanos n’est pas une simple métaphore : elle est une clé spirituelle. La souffrance est toujours mystérieusement partagée, et la mort peut avoir une fécondité invisible, une fécondité d’amour, offerte pour autrui, comme le fut celle du Christ.

La question morale

D’un point de vue chrétien, l’euthanasie est un péché grave. Elle est, dans son principe, un suicide, et, dans sa pratique, un homicide. Même enveloppée de compassion ou de sédatifs, elle reste une transgression de la loi divine : « Tu ne tueras point » (Exode 20, 13). La vie est un don de Dieu, elle ne nous appartient pas. La mort, elle aussi, lui appartient : « Le Seigneur fait mourir et fait vivre » (1 Samuel 2, 6).

Celui qui demande l’euthanasie – en pleine connaissance de cause et de manière délibérée – met donc en péril son Salut éternel, car le suicide, volontaire et lucide, est un péché mortel. Bien sûr, Dieu seul connaît les cœurs, et il peut, dans sa miséricorde, tenir compte des troubles psychiques ou de l’ignorance morale. Mais la règle demeure : mettre fin volontairement à sa propre vie, c’est refuser l’espérance, nier la Providence, se fermer à l’offrande salvifique de la Croix. Le chrétien sait que la souffrance peut être unie à celle du Christ, qu’elle peut devenir féconde, rédemptrice, sanctifiante. L’euthanasie est, en ce sens, une apostasie silencieuse.

Le scandale de l’éternité

Quant aux médecins, et plus encore aux législateurs, leur responsabilité est redoublée : ils engagent non seulement leur conscience personnelle, mais aussi l’ordre social. Introduire dans la loi civile la possibilité de tuer légalement, sous prétexte de souffrance, c’est nier la vocation de la loi à protéger les plus faibles. Le politique devient alors complice du nihilisme contemporain, quand il devrait au contraire être un rempart contre lui.

Mais le cœur du problème, c’est l’éternité. L’homme moderne ne sait plus quoi faire de l’éternité. Il l’a oubliée. Il vit comme si la mort était le néant, comme si tout s’arrêtait là. Il ne veut pas de l’au-delà, parce qu’il ne veut pas du jugement. Or, il y a un jugement : « Le sort des hommes est de mourir une seule fois, puis d’être jugés » (Hébreux 9, 27). La mort n’est pas une sortie, c’est une entrée. Une entrée dans l’invisible, dans le face-à-face avec Dieu, dans la vérité toute nue. La vie ici-bas est un temps de choix, un temps d’épreuve, elle est faite pour nous conduire à Dieu, ou pour nous en éloigner.

Mourir chrétiennement

Parler de l’euthanasie sans parler des fins dernières, c’est parler de la mort comme le païen ou l’athée. […]

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