Le 14 mars 2014, dans une déclaration orale prononcée devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à Genève, à l’occasion du débat général sur la liberté de conscience et de religion dans le monde, Grégor Puppinck, Directeur du European Centre for Law and Justice (ECLJ) a dénoncé une tendance en Europe à réduire la liberté de conscience en matière morale.
La déclaration a visé en particulier les atteintes au droit à l’objection de conscience des médecins, infirmières et pharmaciens face à l’avortement, ainsi que le non respect des droits des parents à ce que leurs enfants soient instruits dans le respect de leurs convictions morales et religieuses.
L’ECLJ a insisté sur le fait qu’il ne faut pas sous-estimer le danger de ces atteintes, car elles sont causées par l’Etat, contre de nombreuses personnes, et au nom d’une idéologie.
Le Conseil des droits de l'homme est un organe intergouvernemental du système des Nations Unies, composé de 47 états qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde. L’ECLJ a la faculté d’intervenir devant ce Conseil en vertu de son statut consultatif spécial auprès des Nations-Unies/ECOSOC.
Voici le texte :
"Le European Centre for Law and Justice remercie le Rapporteur pour son intéressant rapport sur la haine religieuse. Ce rapport contient d’utiles recommandations, notamment en matière de prévention des conflits interreligieux.
Plusieurs remarques méritent d’être formulées :
– Tout d’abord, rappeler que la liberté religieuse implique que l’État agisse avec justice et équité, elle porte sur ce que l’Etat fait, pas sur ce qu’il est. Il est impossible à un Etat d’être parfaitement neutre ; et même plus, vouloir être neutre peut conduire à des violations de la liberté de religion et de conscience.
Et je crains, Monsieur le Président, que les pays occidentaux soient confrontés à une nouvelle idéologie qui s’oppose à la liberté de conscience et en particulier au droit à l’objection de conscience.
Ainsi, par exemple, quand la Suède refuse de reconnaître le droit des médecins à ne pas pratiquer l’avortement, quand la France refuse de reconnaître le droit des pharmaciens à ne pas collaborer à l’avortement, quand un pharmacien, un médecin ou une infirmière sont licenciés à cause de leur objection de conscience, n’est-ce-pas une violation de la liberté des consciences ?
De même, en matière éducative, lorsque l’Etat envoie la police dans des écoles –comme cela est arrivé en France – ou condamne des parents objecteurs à des amendes –comme en Espagne-, ou pire, les condamne à des peines de prison ferme –comme en Allemagne- parce que ces parents refusent en conscience d’envoyer leurs jeunes enfants à des cours obligatoires et controversés d’éducation sexuelle et morale, n’est-ce pas une violation manifeste de droits des parents et de leur liberté de conscience ?
Dans tous ces cas, c’est l’Etat lui-même qui viole la liberté des consciences en essayant d’imposer une morale unique.
Monsieur le Président, L’ECLJ demande au Conseil des droits de l’homme de veiller davantage au respect du droit à l’objection de conscience en matière morale qui est aujourd’hui gravement remis en cause dans plusieurs pays occidentaux.
Ce droit découle directement de la liberté de religion et de conscience. Il découle aussi du droit fondamental des parents « de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants », (droit reconnu notamment par la Déclaration universelle des droits de l’homme (Art. 26.3) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.)
Il ne faut pas sous-estimer le danger de ces atteintes, car elles sont causées par l’Etat, contre de nombreuses personnes, et au nom d’une idéologie."