Alors que la répression contre l’Église catholique et les chrétiens s’intensifie au Nicaragua, la 58e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies verra l’adoption de l’Examen périodique universel de la situation des droits de l’homme au Nicaragua. En amont de cette session, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a soumis une déclaration écrite. L’ECLJ dénonce une persécution systématique et ciblée des chrétiens par le régime de Daniel Ortega, qui relève de crimes contre l’humanité :
La situation de la liberté religieuse au Nicaragua demeure préoccupante en 2025, avec peu de signes d’amélioration à court terme. Président depuis 2007, Daniel Ortega a modifié une douzaine de fois la Constitution nicaraguayenne pour s’arroger un contrôle de plus en plus totalitaire du pays. Depuis le 30 janvier 2025, Ortega et son épouse Rosario Murillo sont officiellement coprésidents, sans limite au nombre de mandats, et détiennent les pleins pouvoirs. Le couple a désormais sous sa coupe les organes législatif, judiciaire, et électoral mais aussi les régions et les municipalités.
Cette consolidation du régime s’accompagne d’une intensification des persécutions contre les chrétiens. L’année 2025 a commencé fort avec le 16 janvier la fermeture du grand séminaire San Luis Gonzaga situé au sud de Matagalpa, formant 30 séminaristes, et le 28 janvier l’expulsion de 30 religieuses clarisses de leurs monastères de Managua et de Chinandega. À moins d’une intervention internationale significative ou d’un changement interne majeur, les persécutions continueront. Daniel Ortega finira peut-être par trouver son chemin de Damas, et se convertira à son tour.
Les chrétiens du Nicaragua victimes de la dérive autoritaire de Daniel Ortega
Initialement issu de la révolution sandiniste, le régime Ortega s’est progressivement transformé en une dictature, s’attaquant non seulement à l’opposition politique, mais aussi à l’Église catholique et à la société civile. Depuis les manifestations de 2018, qui ont été violemment réprimées (325 morts), l’Église catholique a été une cible privilégiée. D’abord médiatrice entre les manifestants et le gouvernement, elle a ensuite été accusée de conspiration et d’être un agent de l’étranger. Le gouvernement a alors intensifié la répression contre l’Église catholique, perçue comme une menace en raison de ses critiques des violations des droits de l’homme.
Selon le rapport du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) de décembre 2024, « La persécution des chrétiens du Nicaragua 2018 – 2024 » (accessible ici), plus de 870 attaques contre l’Église catholique ont été recensées depuis 2018. Ces attaques incluent des arrestations arbitraires, des agressions physiques, la fermeture de lieux de culte et la confiscation de biens religieux. Plus de 12.000 processions chrétiennes ont été annulées, plus de 5 600 associations dont la plupart chrétiennes ont été dissoutes, 22 médias chrétiens ont été fermés et 245 membres du clergé ont été exilés, dont 4 évêques.
L’ECLJ dénonce à l’ONU les crimes contre l’humanité contre les chrétiens du Nicaragua
Les persécutions systématiques et ciblées contre les chrétiens, la suppression des libertés fondamentales et une volonté de museler toute voix dissidente peuvent être qualifiées de crimes contre l’humanité, selon le Groupe d’experts des droits de l’homme des Nations unies sur le Nicaragua (GHREN) ainsi que le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) créé par la Commission interaméricaine des droits de l’homme. L’ECLJ, grâce à son statut consultatif auprès des Nations unies, a donc soumis une déclaration écrite au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en amont de sa 58e session, afin de dénoncer les violations graves des droits de l’homme commises par Daniel Ortega à l’encontre de son peuple et en particulier des chrétiens.
Dans sa déclaration, l’ECLJ rappelle les derniers cas de persécution des chrétiens. Puis, nous mettons en avant que le Nicaragua a reçu 16 recommandations appelant spécifiquement au respect de la liberté de religion, indiquées dans le Rapport du Groupe de travail sur l’Examen périodique universel sur le Nicaragua (A/HRC/58/17) du 24 décembre 2024. Cet Examen sera adopté en mars 2025. Si la communauté internationale semble avoir pris conscience de la persécution des chrétiens au Nicaragua, l’ECLJ reste vigilant quant aux réponses qu’apportera le Nicaragua. À l’ouverture de la 58e session du Conseil des droits de l’homme, nous appelons les États membres de l’ONU à prendre des mesures concrètes pour protéger les chrétiens et les défenseurs des droits de l’homme au Nicaragua.
Montalte
Merci à eux qu’il y ait enfin une médiatisation de ces persécutions
Biem
En même temps si l’église locale a viré au rouge foncé c’est une action politique, plus une persécution religieuse .. ?