Le Comité pour les Droits de l’Homme de l’ONU a, le 17 novembre, jugé que le Pérou n’avait pas respecté lesdits droits en ne permettant pas à une jeune femme, mère d’un foetus très lourdement handicapé, d’avorter.
Les associations pro-avortement qui avaient appuyé la plainte de la jeune péruvienne jubilent :"Nous sommes ravis que l’UNHRC a jugé en faveur de la protection des droits humains les plus fondamentaux des femmes."
Ce jugement doit d’abord être relativisé :
– Le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU est une institution secondaire de l’organisation, dont les jugements n’ont pas de valeur contraignante. Il est composé de 18 "experts" qui se réunissent trois fois par an, pour trois semaines à chaque fois. Il ne doit pas être confondu avec la Commission des Droits de l’Homme, instance intergouvernementale, et dont l’autorité n’est déjà pas bien élevée. Les pro-avortement semblent jouer sur la confusion en utilisant les initiales communes aux deux instances, UNHRC.
– Le jugement n’a pas la portée que lui accordent les pro-avortement : son principe est bien sûr horrifiant, mais le reproche fait au Pérou est que la jeune femme n’a pu avorter, alors qu’elle remplissait d’après le comité les conditions légales selon la loi péruvienne (à savoir un danger pour la santé de la mère).
Mais ce jugement reste inquiétant :
– L’ONU est certes "plurielle" : l’Assemblée Générale, le Secrétariat général, le PNUD, l’UNFPA, les comités et commissions innombrables répondent chacun à des dynamiques différentes. Mais, par contraste avec les instances inter-gouvernementales capables du pire comme, parfois, du meilleur, les structures bureaucratiques permanentes de l’ONU confirment qu’elles pèsent constamment du côté de la culture de mort.
– Le choix d’associations pro-avortement d’appuyer la plainte d’une sud-américaine n’est pas un hasard, mais un effort concerté. L’Amérique du Sud est, d’après The Economist, le principal front de la lutte pour la légalisation : seuls le Guyana, la Guyane française et le Belize l’autorisent aujourd’hui largement.
Le Comité des Droits de l’Homme est d’ailleurs un récidiviste dans cette campagne : en mars 2004, le président de ce comité avait qualifié d’ "outrage" le fait que la loi colombienne interdise l’avortement en cas de viol; en 2001 il avait demandé des comptes au Venezuela à propos de "la traite des femmes, l’interdiction de tout avortement non thérapeutique, et la violence contre les femmes." On remarque l’enchaînement de la phrase, très pensé…