C'est la question que pose Jean-Marie Guénois :
"Comment ce pape a-médiatique de 84 ans s'y prend-t-il pour séduire l'actuelle génération des 18-30 ans comme il vient de le faire à Madrid au terme des ces JMJ où il a été acclamé comme jamais par près de deux millions de jeunes venus de 193 pays ? Ce ne sont pas ses discours, souvent très clairs, mais lus sur un ton monocorde. Ce n'est pas son sourire, celui de Jean-Paul II attirait davantage. Sans doute la réponse est plus à chercher du côté de son attitude. Et pourquoi pas, sans référence déplacée à Pie XII, à son silence…
Oui, à son silence ! Et l'incident de samedi soir, la tempête qui a gâché ce qui devait être le grand soir des JMJ, en donne un indice. Non seulement détrempé mais aussi rendu muet car la sono a cessé pendant de longues minutes, Benoît XVI s'est trouvé dans la situation d'un face à face, avec une foule immense, sans autre moyen, de communiquer que sa présence silencieuse et sereine. Le plus amusant est que cet été, ce pasteur avait à plusieurs reprises, dressé l'éloge du « silence intérieure ». Il y était revenu juste avant de quitter Rome, mercredi dernier, alors que les rues de Madrid résonnaient de la joie très bruyante des jmjistes.
Joli paradoxe. Peut-être y a-t-il une relation entre le silence intérieur de cet homme qui parle finalement assez peu et le bruit intérieur de cette génération qui donne l'impression d'être saturée ? A l'image d'une boite e-mail trop pleine qui vous envoie des messages de limites de capacité mais qui reçoit, chaque heure qui passe, des dizaines et des dizaines de messages. […]"