Parmi les interprétations des votes "oui" et "non" de la semaine dernière, celle de Catherine Nay (datant d’avant le scrutin) n’est pas forcément la plus absurde :
Le vote des tenants du "oui" ressemble au pari pascalien. Il mêle la raison et la foi envers un mouvement qui est celui de l’Histoire (avec un grand H) Alors, oui ou non ? (…) Cette fois, (le clivage) se fait entre les pessimistes et les optimistes. Ou, selon le point de vue de chacun, entre réalistes et utopistes.
Je crois toutefois que Catherine Nay a tort : certes, les européistes demandent une adhésion irréfléchie et quasi-religieuse à l’Europe, d’où leur énervement quand on leur demande de faire valoir rationnellement leurs arguments (n’est ce pas, M. Trichet ?)
Mais elle a tort quant à son interprétation des votes "oui" de dimanche dernier. Beaucoup d’électeurs de droite avaient voté "non" à Maastricht et ont voté "oui" à la Constitution (la comparaison des cartes montre la droitisation du "oui".) A titre d’exemple, les arrondissements conservateurs de l’ouest parisien sont passés d’une douzaine de points d’écart avec la moyenne nationale, en faveur du "oui", en 1992 (7e, 8e, 16e) à environ 35 points d’écart en 2005 (7e, 8e, 16e.)
Ces électeurs sont-ils devenus des euro-optimistes pour autant ? Non. Beaucoup de libéraux ont voté oui parce qu’ils sont pessimistes quant à la capacité de la France à se réformer seule (Nicolas Sarkozy : "l’Europe est un formidable levier de réformes.")
Et certains catholiques pessimistes, et pas forcément à tort, ont voulu voir dans la Charte des droits fondamentaux une protection contre les dérives laïcistes françaises.