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L'Eglise : Benoît XVI

Pape émérite : le nouveau rôle de Benoît XVI

Le 22 octobre 2013, le secrétaire de Benoît XVI, qui est aussi le Préfet de la Maison Pontificale avec le pape François, Mgr Gänswein, a répondu à une question demandant s'il n'y avait pas un risque d'avoir au Vatican, un pape et un antipape.

P«Pas du tout. Il y a un pape régnant et un pape émérite. Ceux qui connaissent Benoît XVI savent que ce danger n'existe pas. Il ne s'est jamais ingéré et ne s'ingérera pas dans le gouvernement de l'Église, cela ne fait pas partie de son style. Le théologien Ratzinger sait aussi que chacun de ses mots pourrait attirer l'attention du public, et ce qu'il dirait serait lu pour ou contre son successeur. Donc, publiquement, il n'interviendra pas. Heureusement entre lui et François il y a une relation d'estime sincère et d'affection fraternelle».

Ceux qui utilisent le pape François pour l'opposer au pape Benoît XVI se mettent donc le doigt dans l'oeil. Certes, cette situation est unique dans l'histoire de l'Eglise. Mais sans doute parce que la situation de l'Eglise est unique. Le cardinal Schönborn décrivait en décembre dernier une Eglise au bord du naufrage, ce qui n'est pas sans rappeler l'homélie du cardinal Ratzinger en 2005, avant son élection, sur la barque de l'Eglise prête à couler.

Bien conscient de cette situation exceptionnelle dans l'Eglise, le journaliste et écrivain catholique italien notoire, Antonio Socci, a écrit récemment :

"Les deux pasteurs savent vivre une situation nouvelle dans l'histoire bimillénaire de l'Eglise (même si les vaticanistes se mettent en quatre pour dire que tout est normal). Tous deux sont bien conscients de la délicatesse de leurs rôles et du caractère dramatique de leurs devoirs. Don Georg [Gänswein] dit que Benoît a «une grande estime» pour François et qu'elle «a grandi à cause du courage du nouveau Pape, semaine après semaine. Au début, ils ne connaissaient pas très bien, mais ensuite le Pape François l'a appelé, lui a écrit, lui a rendu visite, lui a téléphoné de nouveau et l'a invité (pour des rencontres privées), et alors leurs contacts sont devenus très personnels et confidentiels»."

Dans sa dernière audience, le 27 février 2013, la veille de sa renonciation, Benoît XVI avait laissé entrevoir ce que serait son nouveau rôle :

"Permettez-moi ici de revenir encore une fois au 19 avril 2005. La gravité de la décision a été vraiment aussi dans le fait qu’à partir de ce moment, j’étais engagé sans cesse et pour toujours envers le Seigneur. Toujours – celui qui assume le ministère pétrinien n’a plus aucune vie privée. Il appartient toujours et totalement à tous, à toute l’Église. La dimension privée est, pour ainsi dire, totalement enlevée à sa vie. […] Le « toujours » est aussi un « pour toujours » ‑ il n’y a plus de retour dans le privé. Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère, ne supprime pas cela. Je ne retourne pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc. Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l’Église, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l’enceinte de saint Pierre."

Le 3 mars 2014, Mgr Gänswein, déclare à l'Avvenire, le journal des évêques italiens, que Benoît XVI suit attentivement la vie de l'Eglise et l'activité du Pape François. Il révèle que le pape régnant et le pape émérite se parlent fréquemment :

0"Il y a une très bonne relation entre eux. Les moyens par lesquels ils se parles sont divers. Ils se téléphonent, s'écrivent, se voient, mangent ensemble. Plusieurs fois, le Pape François a été invité à déjeuner au monastère. Une fois, après Noël, le pape émérite a également été à Santa Marta.

Il y en a qui les opposent.

C'est un jeu de prédilection, tout d'abord par certains journalistes. Que je n'aime pas. J'ai la grâce de vivre avec un et de travailler avec l'autre. Et ainsi je peux me permettre de dire que je les connais assez bien tous les deux. Je ne les vois pas comme opposés, mais comme complémentaires. Il est évident que le style, les gestes et même le mode de gouvernement du pape Françis sont différents de ceux du pape Benoît. Mais on ne peut pas créer une opposition uniquement sur cela. Faire les choses différemment ne veut pas dire les faire en sens inverse."

Aujourd'hui, le Corriere della Serra publie un entretien avec le pape François. Ce dernier déclare à propos de Benoît XVI :

"Benoit XVI n'est pas une statue dans un musée. C'est une institution. Nous n'étions pas habitués aux papes émérites. Même l'évêque émérite n'existait pas avant le concile. Maintenant c'est une institution. La même chose doit arriver avec le pape émérite. Benoît XVI est le premier mais il y en aura peut-être d'autres…"

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