Alors que 88% des sympathisants RN et 82% des sympathisants LR sont favorables à une « coalition des droites », c’est au sein de LR qui la division est criante.
Alors que le parti a refusé de participer au gouvernement Lecornu 2 (le gouvernement biscornu…), plusieurs membres LR ont intégré ce gouvernement : Annie Genevard à l’Agriculture, Rachida Dati à la Culture, Philippe Tabarot aux Transports, Vincent Jeanbrun à la Ville et au Logement, et Nicolas Forissier, chargé du commerce extérieur et de l’attractivité.
Dans la foulée du communiqué de l’Élysée officialisant la nouvelle, le parti a annoncé qu’
«en conséquence, les membres LR qui ont accepté d’entrer au gouvernement ne peuvent plus se réclamer de LR. Ils cessent immédiatement leurs fonctions dans nos instances dirigeantes que nous réunirons dans les tout prochains jours pour statuer de manière définitive.»
Néanmoins, Rachida Dati conserve l’investiture LR pour sa candidature à la mairie de Paris (on se demande d’ailleurs si elle va réellement s’occuper de son ministère durant cette pré-campagne). Voilà de quoi déboussoler encore plus l’électeur LR (s’il en reste).
De son côté Laurent Wauquiez promet “en même temps” qu’il ne laissera pas la gauche et La France insoumise imposer un budget contraire aux intérêts du pays, tout en refusant de voter la censure du gouvernement.
Le député européen François-Xavier Bellamy le contredit dans Le Figaro :
«Si j’étais député à l’Assemblée nationale, je voterais pour la censure du gouvernement»
Et il explique :
L’effondrement de la politique française n’est que le résultat d’une longue succession de reniements, dont cette date restera sans doute un condensé dramatique.
La suspension de la réforme des retraites n’est que l’un des symptômes d’un mal profond, le déclin du courage qui a conduit depuis trop longtemps les dirigeants de ce pays à nier le réel par calcul tactique ou conformisme paresseux, sur ce sujet comme sur tant d’autres – l’immigration incontrôlée, la montée de la violence, la crise de l’école, le désordre dans l’État… Nous atteignons aujourd’hui un sommet de ce mal français.
Alors que le pays est au bord de l’effondrement financier, et que toute l’Europe nous regarde avec angoisse ; alors que la France continue d’anéantir une part délirante de sa production nationale pour alimenter un système de retraite qui reste, même après cette réforme, structurellement déficitaire ; alors que cette année pour la première fois nous compterons plus de décès que de naissances, et que c’est cette seule urgence qui devrait guider nos choix : le premier ministre annonce qu’il annule le seul effort courageux consenti ces dernières années pour éviter la faillite.
« Après nous le déluge. » Ce sont les dirigeants macronistes qui expliquaient aux Français que cette réforme était indispensable pour sauver nos retraites, qui acceptent aujourd’hui de l’annuler. Au sommet de l’État depuis huit ans, ils sont bien placés pour savoir le risque systémique que représente cet abandon. Mais ils consentent seulement au chantage d’une gauche minoritaire pour un répit de quelques mois, quelques semaines peut-être, dans les allées du pouvoir. Aucune inquiétude pour eux : quand notre système de retraites tombera, ce n’est pas eux qui auront à en payer les conséquences.
Ceux qui subiront demain la faillite budgétaire, c’est ceux qui n’ont pas de quoi mettre de l’argent de côté maintenant : les retraités modestes, les salariés au SMIC, et la jeunesse de ce pays à qui des dirigeants égotiques imposent aujourd’hui une surenchère de dette pour le seul plaisir de s’offrir encore un dernier tour de manège.
Jeudi matin, ils appelleront victoire le fait d’éviter la censure ; mais c’est une capitulation. Les socialistes ont fait 1,7% des voix à la dernière élection présidentielle : ils gouvernent désormais le pays.
Ils appelleront responsabilité le fait d’avoir tout lâché ; mais il est plus irresponsable de signer un budget dangereux pour l’avenir, que d’assumer la reconduction du budget précédent qui n’aurait jamais coûté aussi cher.
Ils appelleront stabilité le fait de rester bien assis sur leurs fauteuils ; mais le prix de l’acharnement du macronisme à s’accrocher au pouvoir, c’est l’accélération du chaos pour un pays où tout espoir de réforme sérieuse semble désormais condamné.
Il ne s’agit pas seulement d’un désaccord sur un sujet politique parmi d’autres ; il s’agit d’un désaccord sur le sens même de l’engagement politique.
Avant d’entendre ce discours de politique générale, j’ai dit ce matin que notre famille politique ne comptait pas pratiquer la censure automatique. Je ne suis pas député à l’Assemblée nationale, mais si je l’étais aujourd’hui, je voterais pour la censure. […]
Sur X, Eric Ciotti propose une rencontre :
Otages du Parti Socialiste, les députés LR signent un pacte avec le diable. Je propose à Bruno Retailleau une rencontre pour poser les bases d’un renversement d’alliance à droite avec le RN.