Patrick Buisson est mort à l’âge de 74 ans, a appris Le Figaro ce mardi 26 décembre.
Dès les années 1980, alors journaliste, de Valeurs Actuelles à Minute, Patrick Buisson a milité pour une union des droites afin de faire barrage à la gauche et à l’alliance entre les socialistes et les communistes, qui avait favorisé la victoire de François Mitterrand. Régulièrement en désaccord avec le Front national dès l’époque de Jean-Marie Le Pen, il a dirigé la campagne de Philippe de Villiers pour les élections européennes de 1994 puis l’élection présidentielle de 1995. En 2007 il avait conseillé Nicolas Sarkozy.
En 2016, il avait soutenu François Fillon lors de la primaire LR pour l’élection présidentielle. Également conseiller de Nicolas Dupont-Aignan, il a en revanche régulièrement critiqué le Rassemblement national pour sa stratégie tournée vers l’électorat de gauche, se rapprochant au contraire de Marion Maréchal.
Lors de l’élection présidentielle de 2022, il s’était rapproché d’Éric Zemmour, candidat Reconquête, avec lequel il était apparu aux côtés de Philippe de Villiers.
En 2016, il a publié La Cause du peuple, dans lequel il jugeait sévèrement le quinquennat de Nicolas Sarkozy. En 2021 et en 2023, il publiait deux livres, La Fin d’un monde, et Décadanse, dans lesquels il décrivait le déclin de l’Occident. De 2007 à 2018, Patrick Buisson a aussi été directeur de la chaîne de télévision Histoire.
A l’occasion de la sortie de La Fin d’un monde, il déclarait au Salon beige :
Je raconte notamment comment nombre de dogmes ont été mis sous le boisseau ou littéralement évacués d’un certain discours clérical : les fins dernières, le paradis et l’enfer, la résurrection des corps, le péché originel etc… Quant aux fonctions sociales, il est vrai que l’Église avait montré à travers vingt siècles d’histoire, son extraordinaire aptitude à créer du lien, à être au sens propre une religion. De religare : ce qui relie. Toutes ces activités, toutes ces œuvres qu’on dirait aujourd’hui chronophages, lui avaient assuré une influence et un rayonnement dont aucune institution ne pouvait se targuer de posséder l’équivalent. Et voilà qu’au moment où les organisations séculières – le parti communiste en tête – empruntaient au catholicisme la recette de ses robustes socialités qui prenaient les individus en charge du berceau jusqu’au cercueil, l’Église, comme l’écrivait à l’époque le journaliste Georges Suffert, « abandonnait, en bon ordre, tous les terrains sur lesquels elle avait pris un bon millénaire d’avance et se couchait devant les nouveaux dieux comme un chien devant son maître ». Car ce fut bien le plus déroutant et le plus énigmatique des paradoxes de ces années-là que de voir le clergé progressiste, sous couvert de travailler « en pleine masse », à « pleine pâte humaine », se retirer progressivement de toutes les fonctions sociales qui, depuis toujours, le mettaient quotidiennement au contact de tous les milieux – des plus favorisés aux plus modestes – sans exception. En fait ce furent les structures et les mécanismes de transmission de la foi qui furent détruits en l’espace d’une décennie au nom d’une stratégie pour le moins hasardeuse d’une « présence au monde » qui ne fut , en définitive, qu’un prétexte pour s’abstraire du peuple. « On juge l’arbre à ses fruits » dit l’Évangile et le jugement de l’histoire sur ce point aura été cruel.