Les évêques français “énervent” le pélé. Le pélé “énerve” les évêques français.
Point de situation, et pistes pour l’avenir.
L’OMBRE DE MGR LEFEBVRE
Les organisateurs du pèlerinage de Chartres ont le mérite de la clarté.
Dans le livret du pèlerin, dès les premières pages, le nom de Mgr Lefebvre apparaît au moins 6 fois.
La source du pélé, de la FSSP, d’autres communautés (Riaumont, Chéméré, IBP, etc.) y est donc clairement rappelée. Dans les éditions précédentes, Mgr Lefebvre était cité également. Tout est dit clairement.
LA GENEROSITE DE L’EGLISE DES 1988
Cette filiation s’explique par l’accueil de prêtres « tradi » en 1988 par le Pape Jean-Paul II, suite aux sacres de 4 évêques par Mgr Lefebvre.
Certes, ces prêtres devenus « Ecclesia Dei » n’ont pas suivi Mgr Lefebvre lors de ces sacres. Mais, y a-t-il un point de doctrine qui les distingue ? A priori aucun dans la doctrine, celle de la Chrétienté. C’est plutôt la relation avec l’Eglise officielle qui les différencie.
Quoi qu’il en soit, Jean-Paul II a alors clairement accepté la présence de ces prêtres « doctrinalement lefebvristes » dans l’Eglise officielle. Il a même demandé aux évêques d’accorder des permissions « larges et généreuses » à ce mouvement (Motu Proprio Ecclesia Dei).
Jean-Paul II ne leur a jamais fixé de limite de date, ni d’effectifs.
Finalement, par sa voix, l’Eglise a accepté la demande de Mgr Lefebvre (citée dans le carnet du pèlerin) : « laissez-nous faire l’expérience de la Tradition ».
LES EVEQUES : MAUVAIS JOUEURS ?
Cette « expérience de la Tradition » a porté des fruits, de beaux fruits : autres communautés religieuses, écoles, vocations, etc.
Plus encore, lorsque Benoît XVI a élargi à tous les prêtres la possibilité de se « tradiser », le mouvement s’est amplifié.
Certes, il serait faux de dire que tous les prêtres célébrant la messe tradi sont parfaitement convaincus de la doctrine traditionnelle. Mais le lien reste fort, entre doctrine et messe, comme l’a rappelé le Pape François, quand il a restreint les droits des prêtres par « Traditionis custodes ».
Voyant le succès du « monde tradi », les évêques s’acharnent à refuser de plus en plus ce que l’Eglise avait accordé avec Jean-Paul II. Notamment en France. Sans parler de la « démission » de Mgr Rey.
Est-ce honnête ?
Le « monde tradi » n’a pas changé de doctrine, ni de rites (par définition, d’ailleurs…). Il n’y a donc aucune raison de revenir sur ce qui a été accordé. Ce serait une rupture de confiance, alors que l’Eglise est censée « ni se tromper, ni nous tromper ».
UNE FRAGILITE : NOS AUMONIERS
La question que tout le monde s’est posée au moment de « Traditionis custodes », c’est : que feront les prêtres Ecclesia Dei si l’Eglise leur interdit de dire la « messe tradie » ?
Reviendront-ils à une dissidence comme celle de leur inspirateur des années 1970, Mgr Lefebvre ?
Ou bien obéiront-ils aux ordres de Rome ?
L’avantage du pélé, c’est que ce sont des laïcs qui organisent. Les laïcs tiendront plus facilement que les clercs, ils ne sont pas soumis aux mêmes pressions hiérarchiques. Mais quid des aumôniers du pélé ?
Ils sont soumis à un chantage plus ou moins profond, avec des évêques qui leur disent en substance : « rentrez dans le rang, sinon nous pouvons supprimer les autorisations que nous vous donnons dans notre diocèse ».
NOUS, LAICS, QUE FAIRE ?
Nous n’avons pas de solution magique à proposer.
Tout d’abord, nous sentons que Mgr Lefebvre et la FSSPX avaient des raisons d’être prudents, en 1988, et lors du rapprochement éphémère avec Benoît XVI. Cela peut nous aider à les comprendre.
Ensuite, quelques pistes, pour nous, laïcs, pour faire sentir aux évêques que nous n’acceptons pas leur chantage :
- Créer et développer nos écoles hors-contrat, qui montrent aux évêques que leur force sociale principale est fragile
- Soutenir nos abbés par nos dons, et refuser de donner à la quête (qui va à l’évêque)
- Donner tous nos impôts « flèchables » (IR, IS, IFI) à ces œuvres
et… dernière piste, pour clôre cet article par le thème initial : - Faire du WE de Pentecôte un immense pèlerinage national, avec 100 pélés convergeant vers Chartres, et peut-être 3 ou 4 autres lieux symboliques (Reims, Lourdes, Cotignac), tous sous la bannière Notre-Dame de Chrétienté : passer de 19 000 à 100 000 pèlerins ! Avec une priorité donnée à Paris-Chartres, bien sûr !
Charles Rosiers, ancien chroniqueur au quotidien Présent, [email protected]
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Michel
Il faudrait que nos épiscopes comprennent un jour qu’ils sont au service des fidèles pour les confirmer dans la foi de l’Église catholique et non à celui d’une idéologie conciliaire ou synodale d’une ONG onusienne…
On ne peut s’empêcher de penser que l’acharnement de certains mitrés contre la Tradition et les fidèles et prêtres qui y sont attachés est quelque part d’essence satanique…
D'Haussy
Excellent.
Nous ne sommes pas des moutons de Panurge 🐑😎
zongadar
“refuser de donner à la quête”, ce n’est pas très gentil, ni juste (puisque si on y a va, c’est qu’il y a un service fourni)…mais on pourrait donner comme les autres assistants aux messes donnent à la quête ce qui reviendrait d’ailleurs à quasiment la même chose !
Garde67
Le synode pour l’Amazonie avait prévu quelques aménagements liturgiques. Dans le Moyen-Orient, les rites ne sont pas exactement les mêmes entre les onze églises rattachées à Rome. Pourquoi donc, en France, n’est-il pas possible d’envisager un rite “tradi” et un rite dit “ordinaire” ?
Cela ne vient-il pas de la Révolution de 1789 et de ses suites, qui a vu le clergé se diviser entre les concordataires et les réfractaires ?
Sans doute faudra-t-il du temps pour que puisse cohabiter les deux rites qui tous deux participent à leur manière à la promotion d’un seul et Unique Royaume de Dieu.
“Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent,
comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.” (Évangile selon saint Jean 10, 14-16).
HMA
Le motu proprio du pape François est explicite : “L’évêque, dans les diocèses où il y a jusqu’à présent la présence d’un ou plusieurs groupes célébrant selon le Missel antérieur à la réforme de 1970 .. .. doit indiquer un ou plusieurs lieux où les fidèles adhérents à ces groupes puissent se réunir pour la célébration eucharistique MAIS PAS DANS LES EGLISES PAROISSIALE ET SANS ERIGER DE NOUVELLES PAROISSES”
Bref, cachez moi ces tradis que je ne serais voir..
Je suis catholique et ma foi s’est construite dans la liturgie et l’enseignement traditionnel de l’Eglise. C’est par cette liturgie et ce catéchismes que je transmets ma foi autours de moi à commencer par mes enfants. De quel droit un clerc peut il me refuser ce qui me conduit au Christ ? ce qui a conduit mes aïeux au Christ ? ce qui a été donné aux générations précédentes serait il néfaste ? compromettant pour le salut des âmes ? j’attends toujours l’explication et je constate qu’une parti des évêques me claque la porte au nez des églises paroissiales, qu’ils ne s’étonne pas si plus un sous de ma part ne leur parvient, je donne tout ce que je peux aux œuvres catholiques traditionnelles.
Et qu’on ne parle pas d’unité ou d’obéissance car l’unité dans l’Eglise ou plus de 20 rites sont reconnus se fait sur le Crédo, les commandements de Dieu et ceux de l’Eglise pas la liturgie, quand à l’obéissance, a-t-elle lieu d’être face à un abus d’autorité ?
Il est urgent que Léon XIV apaise cette guerre liturgique stérile rallumée par le pape François en contradiction avec les actes de ses prédécesseurs de St Jean Paul II à Benoît XVI.
Chouan85
Ecoutez le Club des Hommes en Noir de vendredi dernier. Idéologie et jalousie d’une partie du clergé.
Collapsus
Le mieux serait aussi et d’abord de ne pas diviser le monde des tradis en n’évoquant à aucun moment au SB l’autre pèlerinage qui a cheminé vers Paris avec ses 8 000 marcheurs pèlerins, ce qui semble tout de même un chiffre correct qu’il n’est pas nuisible d’ajouter à celui du pèlerinage vers Chartres.
Ces derniers pèlerins seront peut-être heureux un jour d’être accueillis dans les églises et chapelles appartenant à la FSSPX si les évêques persistaient dans leur tendance à les priver de celles qui leur étaient jusqu’ici parcimonieusement prêtées.