"Les valeurs d’une société s’affichent clairement pendant les campagnes électorales. Les partis cherchent alors à offrir aux gens tout ce qu’ils imaginent que ceux-ci désirent et considèrent comme une priorité. A regarder les programmes électoraux des partis aujourd’hui, deux points essentiels sautent aux yeux, qui représentent en quelque sorte les peurs et les espérances de notre société. D’un côté, il y a l’économie, c’est-à-dire la préoccupation pour les biens matériels. De l’autre, il y a la lutte contre la criminalité, c’est-à-dire la peur devant la puissance de la violence quand celle-ci détruit les biens. Le mal, la violence sont devenus si forts qu’ils figurent désormais en tête de nos préoccupations et de nos peurs, si forts qu’engager la lutte contre la violence nous apparaît la priorité absolue. Il en est ainsi parce que les biens ne sont plus protégés, parce que le bien est absent. Si la question du bien est laissée à la discrétion de chacun, et si les valeurs morales, si Dieu lui-même est conçu comme quelque chose de relatif, que chacun peut se figurer comme il l’entend, dont on peut même se moquer, et bien, là où la force du bien s’épuise, les biens sont extrêmement menacés. Parce que, du fond des cœurs désormais vides jaillissent l’envie, et de l’envie, la violence.
L’Etat pourra construire autant de prisons qu’il veut, assumer autant de forces de l’ordre qu’il peut, celles-ci ne suffiront pas, parce que le bien a été relégué comme quelque chose se relatif, laissé à la discrétion de chacun. C’est justement cette situation, une société qui ne pense qu’aux biens, et qui a déclaré le bien, Dieu, comme négligeable, qui devrait nous faire réfléchir et nous aider à nous remettre à la recherche de la source du bien, à chercher Dieu, le Dieu vivant. Ce n’est qu’en sa Présence que nous apprenons le bien. Et Dieu est présent uniquement quand il n’est pas une idée vague, mais qu’il vient à notre rencontre concrètement, avec le Visage de Jésus-Christ.
Cad Ratzinger – Homélie, le 2.8.1998, à Pentling, en Allemagne.