Suite à la parution de son livre sur le sacré, Sonia Mabrouk a été interrogée par Laurent Dandrieu dans Valeurs Actuelles, qui lui consacre sa Une. Extrait :
Vous opérez dans votre livre une défense de la messe tridentine, ce rite catholique traditionnel en latin d’avant la réforme conciliaire, défense qui en a surpris plus d’un…
Le problème c’est que l’on veut tout rendre horizontal, banaliser les choses, les rendre ordinaires, jusqu’à la fonction présidentielle, que certains ont très fortement contribué à désacraliser. Aujourd’hui cette fonction s’entoure dans le meilleur des cas d’une certaine solennité, mais plus de sacralité. C’est étonnant de voir que cette tentation touche aussi l’Église catholique… J’ai assisté une fois à une célébration de la messe selon le rite traditionnel : ça n’est pas ma culture, mais j’ai eu d’abord une émotion esthétique qui m’a interpellée. Je ne dis pas que ça va forcément remplir les églises, mais cette liturgie tridentine, pour moi elle appartient à un socle et à un patrimoine liturgique. Je ne la connaissais pas, mais mon premier réflexe a été de me dire qu’il fallait vraiment la préserver, la sanctuariser et la défendre. Je me suis toujours intéressée à la vie de l’Eglise, et j’ai l’impression que ce qui se joue avec les attaques dont ce rite fait l’objet, c’est un peu la continuation de Vatican II, avec cette tentation, jusque dans l’Eglise, de déboulonner le sacré, la transcendance. Or j’ai plutôt le sentiment que c’est un trésor qu’il faudrait préserver.
C’est d’autant plus beau de vous voir défendre ce trésor que vous n’êtes pas catholique, et que les intellectuels catholiques ne se bousculent pas pour le faire, comme s’ils avaient peur d’enfreindre un tabou… On voit bien, d’ailleurs, à l’occasion de la sortie de votre livre, comment certains essayent de vous “extrême-droitiser” parce que vous osez faire l’éloge de la messe en latin, et même de la tradition ou du conservatisme…
Mais qu’est-ce qu’être conservateur ? c’est vouloir que certaines choses demeurent. Mais je trouve qu’il n’y a rien de plus moderne ! J’aime citer cette devise des chartreux, qu’on trouve inscrite sur leurs bouteilles de liqueur, la Chartreuse, qui dit cela merveilleusement : « La croix demeure tandis que le monde tourne » — et puisque nous parlions de latin, voici l’expression latine : « Stat crux dum volvitur orbis »
Au-delà de la liturgie, ne pensez-vous pas que l’Eglise elle-même, par un discours très horizontal sur des sujets qui sont essentiellement des sujets politiques et humains – écologie, migrants, vaccins – concoure parfois à l’occultation du sacré ?
Oui, je le pense. On fait l’erreur de croire qu’avec le plain-pied, l’horizontal, on va donner accès plus facilement au sacré. Moi je crois que c’est exactement l’inverse : c’est la verticalité qui permet ce raccordement, cette reconnexion au sacré. Je ne veux pas désigner un responsable à cela, mais il me semble que le pape François, tout de même, a sa part de responsabilité : le pape ne peut pas être une ONG ambulante, et c’est parfois le cas. On a parfois l’impression en l’écoutant de voir un plateau de télévision où défilent tous les sujets sociétaux. Je ne dis pas que ce n’est pas important et que ce n’est pas son rôle d’évoquer certains sujets, mais son discours est parfois tellement désacralisé, en connexion avec une actualité et une immédiateté totales, que ça ne correspond pas à ce qu’on attend de lui. En tout cas, moi qui suis de culture et de religion musulmane, je n’attends pas ça du pape, et j’imagine que c’est encore plus le cas pour les catholiques. Pendant la crise du covid, il y a à l’évidence une occasion qui a été ratée de faire entendre un autre discours, plus spirituel, en réaction à une rupture anthropologique sans précédent, je le répète, dont on ne mesure pas encore les conséquences à long terme.
Vianney
Durant le confinement obligatoire de Micron en 2020, KTO diffusait, chaque matin à 7h, la messe du pape célébrée à Ste Marthe. Je corrobore le sentiment de Mme Mabrouk. Aucune sacralité n’en émanait, ce fut absolument surprenant, une messe sans profondeur, une homélie sans consistance, l’impression de dérouler une action parce qu’elle est inscrite dans le programme de la journée; alors que, lorsque nous assistions aux messes de St JP II nous percevions sa proximité avec Dieu, la transcendance était perceptible, l’oblation du Fils de Dieu à travers la liturgie était célébrée avec une telle profondeur que nous saisissions la présence du Christ à travers son Saint Sacrifice.
Les homélies de St JP II étaient de véritables catéchèses, ce n’est pas le cas actuellement.
Concernant la liturgie tridendine, si elle est combatue aujourd’hui par les responsables les plus hauts dans l’Eglise : Bergoglio, Roche… c’est très probablement parce que leur priorité c’est de défendre les poncifs les plus hétérodoxes : accès des « divorcés remariés » et des couples homosexuels à la communion sacramentelle, place des femmes dans la hiérarchie ecclésiastique, le mariage des prêtres et des homosexuels. Hors ceci ne pourra pas se faire avec tous les catholiques attachés à la liturgie tridendine, si toute liberté de développement leur est laissée, ce. S’ils ne leur font pas la guerre, demain se seront eux les plus nombreux, se sont eux qui auront le plus de vocations et ils occuperont des postes stratégiques dans l’Eglise, leur influence ira grandissante. Aujourd’hui deux tendances s’affrontent : les ultra progressistes qui souhaitent aligner l’église sur le monde et donc la faire disparaître pcqu’elle ne sera plus l’Epouse du Christ, et les catholiques pêcheurs, fervents, attachés à la sanctification des âmes à travers un chemin terrestre de conversion, dont font partie les catholiques célébrant la liturgie de St Pie V dont Mgr Paprocki disait le 1er mars : « Ce sont des personnes très dociles aux enseignements de l’Eglise, très désireux de les mettre en pratique ; ce sont des catholiques très fidèles ».
Ne connaissant pas le rite de St Pie V, je perçois,à travers tous les témoignages, que le sens du sacré y est préservé. Laissons cohabiter librement les deux rites, ouvrons grandes les églises au prêtres tridentins et l’Esprit Saint saura faire prévaloir ce que le Seigneur veut.
AmpuriasTempio
Avant les messes de Jean-Paul II, j’ai connu ce sentiment de proximité avec Dieu … la liturgie était célébrée avec profondeur … nous saisissions la présence du Christ …” mais c’était dans mon enfance et mon adolescence, avant 1968. Une exception néanmoins : un aumônier de Maison de Retraite décédé il y a une trentaine d’années. Il était presque en extase à l’Elévation. Je sortais de ces messes avec le désir de devenir meilleure, maintenant on se sent vide, déçu.
Cro-Magnon
Merci pour votre commentaire de qualité ! Par contre il aurait fallu écrire : OR ceci ne pourra pas se faire… et non hors.
Cordialement
Arwen
Merci.
Classico
La crise de la gestion Covid a rempli les églises “tradi” qui ont maintenu une pratique contre vent et marrées
Prout
Et sans ces stupides et ridicules masques de zombies paniquards masqués (enfin, en général…)
Et évidemment avec moins de covid qu’ailleurs puisque non paniquards et non masqués, les tradis gardaient leurs défenses immunitaires normales…
Chantal de Thoury
N’oublions jamais que Notre Seigneurr est le Verbe de Dieu Incarné qui a cree l’Univers et que toute Sa Creation lui est assujetie et que donc donc quand nous le manduquons, toutes les cellules de Notre corps, toutes les bacteries et virus qui vivent en nous se prosternent tant qu’Il demeure en nous.
Tant que Il vit en nous, c’est quand notre chair se met a dominer notre esprit que discretement il ne vit alors plus en nous et nous laisse de nouveau a nos propres forces…….qui sont si faibled.
“Seigneur venez en moi pour que ce ne soit plus moi qui vive mais que ce soit vous qui viviez en moi”
“dans les joies comme dans les peines en union avec Vous Crucifié et avec Votre Maman en larmes.”
Le Covid et tous les etres vivants ne nous ferons du mal que Si le Seigneur pour notre croissance en Sainteté ou nous donner une leçon le leur permet.
Prout
“Du covid” encore et toujours, au lieu de “LA covid”. Alors que c est UNE maladie et UNE grippe
Belles paroles de Madame Mabrouk au demeurant
Arwen
Moi je dis le Covid puisque je dis le virus.
Chacun sa marotte ;)
Trophyme
Vingt siècles après celle de l’Évangile, voici une nouvelle syrophénicienne, nommée Sonia Mabrouk : elle aussi, venue de l’extérieur de la foi, en comprend la transcendance bien mieux que nombre de ceux nés à l’intérieur … Parmi les journalistes, Sonia ne se distingue donc plus seulement par sa “classe” exceptionnelle mais aussi par sa lucidité et sa hauteur de vue.
Ajoutons que sa consoeur Christine Kelly, dans un genre différent (et elle chrétienne de naissance), mérite des éloges comparables.