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France : L'Islam en France / Religions : L'Islam

Pénitence pour les musulmans

Suite aux attentats de novembre, un lecteur a écrit ce qui suit :

"C’est bien entendu, nous le savons : tous les musulmans ne sont pas des criminels ni des terroristes, et il ne faut pas se livrer à ce fameux “amalgame” que dénoncent en bloc journaux et orateurs. Toutefois, de l’injonction « pas d’amalgame », beaucoup passent à cette position extrêmement discutable qui se répand et qui affirme que l’islam n’aurait « rien à voir » avec les actes criminels récents.

Il ne nous appartient pas de résoudre l’éternel dilemme entre ce qu’est l’islam et ce qu’il n’est pas, car faute de Magistère suprême, les théologiens musulmans ne parviendront jamais à un consensus. Cependant, qu’on le veuille ou non, les attentats de plus en plus fréquents qui ont sinistrement marqué le début du XXIe siècle ont été faits « au nom de l’islam ».

Les musulmans “modérés” – disons plutôt “pacifiques” – considèrent certes que les terroristes ne sont pas vraiment musulmans, puisqu’on trouve dans le Coran des versets appelant à la paix et à la liberté. Mais incontestablement, les terroristes de l’État islamique pensent avec tout autant de certitude que les musulmans paisibles demeurant en Occident sont de mauvais musulmans, puisqu’ils s’accommodent d’un régime politique non-islamique et cohabitent avec des “infidèles”.

Chacun accusant l’autre de médiocrité ou d’apostasie, il demeure néanmoins que les uns comme les autres se disent musulmans et ont de bons arguments pour justifier cette appartenance. Il y a donc une mystérieuse (et involontaire) solidarité entre tous les musulmans, qui se revendiquent du même patrimoine spirituel ; de la même manière qu’un catholique contemporain, bon gré mal gré, est solidaire du Grand Inquisiteur, de Calvin, du pasteur évangélique du Texas, et de Mgr Lefebvre.

Il ne suffit donc pas de protester : « Cela n’a rien à voir avec ma religion ». On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas davantage ses frères en religion, et dans le cas de l’islam, on ne choisit pas même d’être ou de ne pas être dans l’orthodoxie.

Alors, que faire ? Dans la spiritualité chrétienne, il existe un élément extrêmement important qui s’appelle la “communion des Saints”. Elle ne signifie pas que seuls les Saints soient en communion, mais que les hommes sont mystérieusement liés entre eux, que ce soit dans le bien ou dans le mal. Le bien se communique (« Une âme qui s’élève élève le monde ») ; et inversement le péché personnel blesse la communauté des hommes, tout particulièrement si nous reconnaissons appartenir au même Corps mystique : le Corps de l’Église qui est celui du Christ, auquel appartiennent tous ceux qui, par le baptême, sont morts et ressuscités avec le Christ.

Pour un chrétien, cette communion des Saints a des implications fort concrètes. Saint Paul écrit : « Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? Tous les membres se réjouissent avec lui » (1Co 12,26). Dans le cas d’un « membre » qui se rendrait coupable d’un grave péché, les autres « membres » ne peuvent agir qu’en faisant jouer la force de leur communion spirituelle, et en “équilibrant” par un bien plus grand le mal commis. Ainsi saint Paul écrit-il encore : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12,21). On appelle cela tout simplement la pénitence. Le saint curé d’Ars, dit-on, faisait preuve d’une très grande miséricorde lors des confessions, parce qu’il prenait sur lui la pénitence des personnes pardonnées.

Où veut-on en venir concernant la question des attentats et des musulmans de France ? Que nos concitoyens de l’islam soient pour la plus grande part innocents des crimes commis, c’est une certitude. Mais que des hauts cris soient poussés pour dénoncer à cette occasion l’« islamophobie », voilà qui est indécent si l’on considère l’inconfortable évidence déjà rappelée : les terroristes, même si cela nous dérange, commettent leurs crimes au nom de l’islam.

Dès lors, une seule attitude devrait guider les Français musulmans – même si le concept est d’origine chrétienne – : la pénitence. Le silence, certainement (surtout médiatique) ; la prière, nécessairement ; le jeûne même, éventuellement. À ce prix seulement, les condamnations médiatiques du terrorisme de la part des musulmans “pacifiques” acquerront une vraie légitimité auprès des Français qui ne partagent pas leur religion.

Et après ? Le reste dépendra des musulmans eux-mêmes : de leur capacité à s’organiser et à se donner une autorité spirituelle. Mais en attendant, dans cette difficile situation où n’émerge nulle légitimité reconnue, c’est à chaque musulman, pour le bien de tous et quelle que soit sa responsabilité personnelle, de faire cet effort de pénitence."

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