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L'Eglise : Le Vatican

Peut-on bénir Fiducia supplicans ? Ni oui, ni non, bien au contraire

Peut-on bénir Fiducia supplicans ? Ni oui, ni non, bien au contraire

Deuxième analyse de la Revue Thomiste sur la déclaration “Fiducia supplicans” dont voici la conclusion :

[…] Au-delà des polémiques, cette affaire montre la difficulté d’ériger en règle universelle ce qui était pratiqué jusque-là par tous les pasteurs dans le secret du Confessionnal ou dans la discrétion d’un accompagnement personnalisé. N’était-ce pas une gageure, un objectif illusoire, la tâche étant de fait impossible ? Tandis que la règle doit demeurer générale et impersonnelle, disposer pour l’avenir, ces situations réclament un esprit de finesse et non de géométrie, un tact pastoral qui peine à se mesurer de loin et se gouverner d’en-haut.

Cela pose la question de l’articulation de la prudence pastorale et de la loi de charité oscillant parfois entre l’appréciation des situations concrètes et la promotion du bien commun. Ce qui n’est pas une difficulté propre à l’Église. L’époque fait primer les droits individuels sur le bien commun, ce qui à terme est ruineux pour toute société fût-elle ecclésiale. Peut-on sauver à tout prix la brebis perdue au point de perdre les quatre-vingt-dix-neuf autres ainsi délaissées ? L’ordre des pénitents de l’Antiquité avait cette fonction de stigmatiser le pécheur pour traiter à part le membre malade et ainsi éviter la contagion du corps entier. Au risque de croire que le pécheur n’est plus dans l’Église (ce qui est faux : l’Église est faite pour lui) ou que les autres sont parfaits (ce qui là encore est trompeur : tous doivent se convertir). On peut alors dénoncer la tentation donatiste d’une Église des parfaits, ouvrir toutes grandes les portes pour ne pas en faire une douane ou une prison. Mais que dire d’un hôpital de campagne où les malades siègent avec les bien-portants au point de ne plus offrir aucune résistance à la pandémie ? Que faire d’une barque de l’Église qui n’aurait ni boussole ni gouvernail, ouverte à tous mais soumise à tous vents, ne montrant plus le chemin ni son intention de le suivre ? Il n’est pas certain que la via caritatis et la loi de gradualité puissent aisément changer d’échelle en passant de la grille du confessionnal à la Confession de Pierre.

Plus largement, cela souligne l’enjeu de la globalisation de l’Église. Faut-il promouvoir et consacrer une théologie contextuelle et une pastorale contextuelle qui conduira fatalement à une dogmatique contextuelle au détriment de l’unité de la foi ? « Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au‑deçà des Pyrénées, erreur au‑delà » (B. Pascal, Pensées, Br. 294). Mais cela aura eu au moins le mérite de mettre l’accent sur la nécessité d’examiner de plus près un champ d’étude trop délaissé qui trouve ici un regain d’intérêt. En conclusion, pour répondre brièvement à la question posée dans le titre de cette étude : Peut-on bénir Fiducia supplicans ? Notre réponse sera tout aussi claire : ni oui, ni non, bien au contraire.

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