La Fondation Lejeune publie un entretien que lui a accordé Philippe de Villiers, ainsi qu'un extrait de son nouveau livre,« Le moment est venu de dire ce que j’ai vu »:
Ces dernières années, vous avez écrit des romans historiques. Pourquoi sortir aujourd’hui un essai politique ? Quel en est son objectif ?
J’ai voulu montrer aux amoureux de la France blessée comment ont été descellés les pierres d’angles et les soubassements. J’ai écrit ce livre pour les générations nouvelles. Pour reconstruire. La France est entrée en dormition mais elle n’est pas morte. A travers le prisme très personnel de mes souvenirs, de mes rencontres, de mes combats, j’ai entrepris de raconter comment j’ai vu partir ceux qui disaient la vérité, comment j’ai vu prospérer ceux qui ne cessaient de mentir, comment j’ai assisté à l’effacement de notre pays. Mais aussi comment aller rechercher les murs porteurs.
Si j’ai écrit ce livre maintenant, c’est parce que nous sommes, me semble-t-il, entrés dans le temps où l’imposture n’a plus ni ressource, ni réserve. La classe politique va connaître le chaos.
Vous consacrez deux chapitres importants au respect de la vie et à la personne du Professeur Lejeune. Comment l’avez-vous connu ?
J’ai fait sa connaissance en 1983 lorsqu’il est venu au Puy du Fou. Nos liens se sont fortifiés au fil du temps. C’est un des hommes qui m’a le plus marqué, avec Soljenitsyne. Rarement un homme a aussi bien compris son époque. Rarement une époque a si mal compris un grand homme. Quelques jours avant sa mort, d’une voix brisée, il m’a dit avec force : « Philippe, tenez bon. La question de la vie est celle qui commande toutes les autres ».
N’est-ce pas difficile dans l’état actuel de la société de parler du respect de la vie du début à la fin ?
Bien sûr que c’est difficile. Car nous sommes entrés dans une nouvelle ère idéologique, celle du mondialisme consumériste. Avec l’avortement, on a fait sauter le principe essentiel qui tient ensemble tous les attachements vitaux. Quand on écorne un principe, très vite il meurt. De l’avortement à l’eugénisme, il n’y a qu’un pas. On l'a franchi avec le corps vénal, quand l’embryon devient un objet, au moment même où l’animal devient un sujet de droit.
Nous sommes au coeur d’un chassé-croisé où la folie prométhéenne s’accouple avec la folie faustienne. C'est l'honneur de la Fondation de lui être fidèle. Le Professeur Lejeune avait déjà perçu les défis que poserait le transhumanisme.
Comment pensez-vous que l’on puisse résister à ces évolutions de société ?
Je raconte dans mon livre une conversation inédite avec Alexandre Soljenitsyne : « L’Europe est entrée dans une éclipse de l’intelligence. Vous êtes au bord d’un gouffre profond. Les dissidents étaient à l’est, ils vont passer à l’ouest. »
Les dissidents de la transmission se battront pour garder allumées des petites lucioles. Bientôt s’organiseront partout dans la grande catacombe les petites sociétés parallèles de résistance qui n’accepteront pas la rupture de civilisation, l’être désinstitué, nomade, désaffilié. Un jour viendra où toute la société retrouvera le tempo donné par la Fondation Jérôme Lejeune qui aura maintenu contre vents et marées l’étendard de la vie et du respect de tous les sans-voix.
Jérôme Lejeune avait tout dit, tout prévu, tout anticipé – y compris le changement de paradigme anthropologique. C’est l’honneur de la Fondation Lejeune de braver la tempête pour lui être fidèle.
Pour lire quelques extraits sur le Pr Lejeune, c'est par ici.
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