De Thérèse Hargot sur le Huffington post on s'inquiète de la pilule du lendemain :
"Avec une dose d'hormones quarante fois supérieure à celle d'une pilule contraceptive régulière, elle n'est pas dépourvue de potentiels effets secondaires. Mais pour rassurer tout le monde, on persiste à le dire: elle n'est pas dangereuse pour la santé. Voilà des propos bien imprudents par les temps qui courent où les dégâts de simples pilules contraceptives sont exposés au grand jour…
En ce qui concerne la tentative d'empêcher la grossesse, on les entend se réjouir. Les jeunes filles semblent en effet bien informées sur leurs droits et profitent allègrement de son accès gratuit, sans ordonnance et sans accord parental. Alors si elles en abusent, ayons au moins la décence de ne pas s'en offusquer. Le bal des hypocrites a assez duré!
L'hypocrisie, c'est d'abord les appellations données pour désigner ce comprimé: "contraception d'urgence", "pilule du lendemain". Elles permettent de dissimuler l'action réelle qui consiste à mettre un terme au cycle en cours dans l'espoir d'empêcher soit l'ovulation, soit la fécondation, soit la nidation.
En fait, on ne peut pas savoir si le produit a permis d'éviter un début de grossesse ou d'y mettre un terme. Techniquement parlant, ces hormones n'ont pas qu'une action contraceptive (contre la fécondation) mais aussi contragestive (contre la nidation). Par le jeu des mots, on entretient le flou pour tromper les consciences des femmes et banaliser l'intention pour faire passer la pilule en somme. Qu'on ne s'étonne pas alors que de plus en plus de jeunes filles l'utilisent comme moyen de contraception banal et ne cherchent pas à se protéger en amont.
En tant qu'éducatrice en milieu scolaire, je défends qu'il faut avoir le courage de donner une information complète, précise et nuancée, aux filles comme aux garçons sur l'ensemble des moyens de contrôle de la fécondité. Si les adolescents ne supportent pas une chose, c'est le mensonge. Ils préfèrent savoir la vérité plutôt que d'être infantilisés à coup de demi-vérités et de pilules pour effacer les petites "bêtises" de la veille ou de l'avant-veille. C'est la vérité qui les fait grandir. Ils nous offrent en retour leur reconnaissance, une relation de confiance s'installe.
L'hypocrisie dans le domaine de la sexualité des jeunes est c'est vrai une attitude très répandue. Elle consiste aussi à faire croire que la contraception et le préservatif offrent une véritable assurance contre les risques de la sexualité. Quand on dit "risques", entendez "enfant non-désiré" et les maladies sexuellement transmissibles, n'espérez pas qu'on puisse évoquer les innombrables autres conséquences sur le plan émotionnel de l'acte sexuel. Or nous, adultes, savons que ces assurances ne sont pas parfaites.
Pour chacun des moyens de contraception, il existe un écart considérable entre l'usage théorique et l'usage pratique. Pour ne pas se remettre en question, les gardien(ne)s d'un féminisme bien-pensants persistent à distinguer les "bons" des "mauvais" utilisateurs, discours nourrissant la mauvaise conscience, dédouanant la "médecine" et renforçant l'usage de la contraception qui n'est pas mise en cause. Sous prétexte d'être protégé, les ados se permettent donc de vivre l'acte sexuel dans des situations très objectivement à risques.
Par conséquent, les "accidents" se multiplient obligeant la mise en place d'une sorte de service après-vente: l'accès à la "pilule du lendemain" et à l'"IVG". Pour les maladies sexuellement transmissibles, il n'y a pas d'équivalent bien malheureusement. Rien d'étonnant donc à cette consommation massive de "contraception d'urgence" et le recours statistiquement stable et élevé à l'avortement malgré tous les moyens mis en œuvre. Ils font partie d'une politique de santé sexuelle des jeunes fondée sur la gestion du risque dans laquelle la prise en charge des accidents est intégrée.
Dans cette nouvelle morale, être responsable consiste à prendre les mesures nécessaires pour ne pas subir les conséquences de ses actes. L'Etat maintient donc, en subventionnant l'ensemble de ces produits, campagnes d'informations et centres les diffusant, une espèce de paternalisme - papa sera toujours là pour toi! – gardant les jeunes dans un état puéril au lieu de les inciter à devenir adulte c'est-à-dire capables de répondre de leurs actes.
Au lieu d'une information, j'y ajoute une éducation. Par la mise en place d'espaces de dialogues et de discussions, nous pouvons susciter la réflexion sur ce qui est en jeu dans la sexualité qui va d'ailleurs, bien au-delà de l'enfant et la maladie.
Nous sommes en 2013: le "jouir sans entraves" est une idéologie dépassée, la contraception n'est pas la panacée. Il est temps de repenser la politique de santé des adultes de demain."