Extrait d’une tribune de Michel Valadier, directeur général de la Fondation pour l’école, parue dans Le Figaro :
Le 14 août dernier a été publié un décret très important qui porte sur les « dispositions relatives aux missions du directeur d’école primaire » .
S’il reprend en partie un décret de 1989, il présente plusieurs évolutions majeures qui vont dans le bon sens :
- Un pas de plus est franchi pour aller vers la création d’un vrai corps de directeurs dans le primaire.
- Désormais, le directeur « a autorité sur l’ensemble des personnes présentes dans l’école pendant le temps scolaire… pour la bonne marche de l’école » .
- Et enfin, ce qu’aucun observateur n’a relevé, la place des parents est mieux reconnue : « Le directeur veille à la qualité des relations avec les familles, les représentants légaux des élèves. »
Certains accusent le gouvernement d’avoir « abattu la petite république des professeurs voulue par Jules Ferry » en mettant à la tête de l’école un chef, ce qui serait « contraire au fonctionnement démocratique voulu par les pères fondateurs » (1). L’anachronisme en histoire est décidément une plaie… Au lieu de cette bataille idéologique, il peut être intéressant de se poser la question centrale : à quoi sert l’école ? L’école est un lieu où des professeurs enseignent à des enfants par un acte de transmission, confiés à l’institution par leurs parents, sous la conduite d’un directeur qui veille à la réalisation de ce bien commun.
Pour cela, il faut donc un directeur qui… dirige. C’est-à-dire qui ait le pouvoir de décider ce qui est bon pour ses élèves : transmettre et faire grandir tous les élèves, chaque élève et tout l’élève. Diriger au service des familles, cela veut dire créer un lien étroit avec les parents, qui doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants.
Diriger, cela veut dire pouvoir embaucher les professeurs, le personnel éducatif et administratif. Mais aussi pouvoir s’en séparer. Ce qui revient à leur donner la responsabilité hiérarchique du personnel.
Diriger, cela veut dire avoir une vision pour la communauté éducative, une ambition qui permet de fixer des objectifs. Cela veut dire pouvoir reconnaître les progrès accomplis et accompagner le personnel dans les difficultés.
Diriger, enfin, c’est aussi pouvoir renvoyer les élèves qui posent de graves problèmes de comportement et nuisent au bien commun.
En résumé, cela n’est que l’application d’un principe efficace en toutes circonstances : le principe de subsidiarité. […]
(1) Le café pédagogique. * Fondation militant pour la liberté scolaire et soutenant notamment les écoles indépendantes dites hors contrat.
C.B.
Les rédacteurs du “Café pédagogique” seraient bien avisés de se rappeler que du temps des “pères fondateurs”, la très grande majorité des écoles primaires étaient des écoles à classe unique, où un seul instituteur (ou une institutrice pour les écoles de filles, car l’école n’était pas mixte) avait la responsabilité d’élèves de 6 à 12 puis 14 ans.