De Gilles Gueniot sur le site du diocèse d'Avignon :
"L’histoire de nos institutions est instructive. Avant de devenir des grands Services Publics, bon nombre de services au public avaient été construits et gérés par l’Eglise : Hôtels-Dieu, asiles, prisons, orphelinats, universités, collèges, écoles, Etat-civil… C’était bien avant la question de la laïcité. Il en est ainsi aujourd’hui de pas mal d’initiatives associatives qui finissent par devenir, d’une certaine manière, nationalisées par la République, puisque reconnues d’utilité publique définitive. Ainsi donc, la source de la plupart des institutions de service aux personnes précède l’action publique. Il serait sage d’en tirer un enseignement politique, surtout en période de démangeaisons électorales.
Qui innove dans l’espace des services aux personnes, dans la création d’emploi ? Ce sont des entreprises et des associations. Notre société ne règlera jamais tous ses défis (planète, emploi, vivre ensemble) en créant seulement des lignes budgétaires avec nos impôts. Ce ne sera jamais à la taille des enjeux ! C’est l’intelligence à innover et la générosité qui sont et resteront le terreau de la dynamique sociale. Le gisement presque inépuisable de l’amélioration sociale, c’est la population, avec ses valeurs et son énergie. Si nous croyons que cela peut être délégué définitivement aux princes de la politique, nous oublions notre histoire et nous construisons nos déceptions pour demain ; en outre, nous nous éloignons de notre vocation de chrétiens, appelés à être actifs, sauf à s’obstiner à la passivité et à tout attendre de la Grâce de Dieu et de celle de César !
Nous convenons tous qu’il est nécessaire d’améliorer notre société pour qu’il se trouve le moins possible de gens malheureux. Dans les faits, il faut continuer à en entretenir les institutions et d’abord, en dehors de la gestion publique, parce que nous pouvons y agir sans conditions ni délais. La citoyenneté est d’abord une disposition bénévole. Il faudra probablement des dizaines de milliers de bénévoles généreux pour remodeler peut-être demain nos institutions pénales, pour asseoir d’avantage la prévention de la santé, pour soutenir mieux l’école, la culture, les migrants, le grand âge, les solitudes, les souffrances psychiques. Cessons de céder à l’idée infantile qui nous amène à penser que tout cela doit être géré par la République avec de l’argent, et surtout ne lui demandons pas de s’occuper de TOUTet de devenir un système complet (totalitaire ?)
L’idiot utile, vous le savez bien, attend tout de l’Etat, de la Mairie, de l’Education Nationale, de la Justice et même du Pape….ne balaye jamais devant sa maison, laisse l’enfant de ses voisins casser le lampadaire de la rue, déteste la politique et, par exception qui le flatte, se laisse aller tous les cinq ans à penser qu’il a le dernier mot pour savoir qui sera le plus compétent pour diriger la nation. Enfin, il se découvre utile et souverain ! L’histoire des institutions l’ennuie, y compris celle de l’Eglise : il sait que les bonimenteurs mentent et qu’il faut enfumer la ruche électorale avant de cueillir le miel. Ça a toujours été comme cela ! Et d’ailleurs, en dehors de son travail et d’un repos bien mérité devant la télé, il n’a jamais eu le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Heureusement qu’il ne s’en trouve aucun dans nos églises ! Quel soulagement !
En cherchant bien, de belles gargouilles pourraient les évoquer."