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L'Eglise : Le Vatican

Pour comprendre la loi naturelle

La Commission théologique internationale a mis en ligne un texte intitulé "A la recherche d'une éthique universelle : nouveau regard sur la loi naturelle". Considérant que "l’expression de « loi naturelle » est source de nombreux malentendus", cette commission a souhaité

"proposer la doctrine traditionnelle de la loi naturelle dans des termes qui manifestent mieux la dimension personnelle et existentielle de la vie morale".

Extrait :

"Aujourd’hui, l’Eglise catholique invoque la loi naturelle dans quatre contextes principaux. En premier lieu, face à la montée d’une culture qui limite la rationalité aux sciences dures et abandonne au relativisme la vie morale, elle insiste sur la capacité naturelle qu’ont les hommes à saisir par leur raison «le message éthique contenu dans l’être» et à connaître dans leurs grandes lignes les normes fondamentales d’un agir juste conforme à leur nature et à leur dignité. La loi naturelle répond ainsi à l’exigence de fonder en raison les droits de l’homme et elle rend possible un dialogue interculturel et interreligieux capable de favoriser la paix  universelle et d’éviter le «choc des civilisations». En deuxième lieu, face à l’individualisme relativiste qui considère que chaque individu est source de ses propres valeurs et que la société résulte d’un pur contrat passé entre des individus qui choisissent d’en constituer par eux-mêmes toutes les normes, elle rappelle le caractère non-conventionnel mais naturel et objectif des normes fondamentales qui régissent la vie sociale et politique. En particulier, la forme démocratique de gouvernement est intrinsèquement liée à des valeurs éthiques stables qui ont leur source dans les exigences de la loi naturelle et qui ne dépendent donc pas des fluctuations du consensus d’une majorité arithmétique. En troisième lieu, face à un laïcisme agressif qui veut exclure les croyants du débat public, l’Eglise fait valoir que les interventions des chrétiens dans la vie publique, sur des sujets qui touchent la loi naturelle (défense des droits des opprimés, justice dans les relations internationales, défense de la vie et de la famille, liberté religieuse et liberté d’éducation…), ne sont pas de soi de nature confessionnelle mais relèvent du souci que chaque citoyen doit avoir pour le bien commun de la société. En quatrième lieu, face aux menaces d’abus de pouvoir, voire de totalitarisme, que recèle le positivisme juridique et que véhiculent certaines idéologies, l’Eglise rappelle que les lois civiles n’obligent pas en conscience lorsqu’elles sont en contradiction avec la loi naturelle et elle prône la reconnaissance du droit à l’objection de conscience ainsi que le devoir de désobéissance au nom de l’obéissance à une loi plus haute."

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7 commentaires

  1. Le dernier paragraphe est tres opportun et agreable. En revanche, ce discours me semble comme le proposition d’une loi naturelle anthropocentrique de Hugo Grotius. Il manque la comprehension que l’importance de nature vient du bonte du vrai Dieu et sa creation.
    [Il faut lire le texte dans son intégralité, lequel indique que Jésus-Christ est l’accomplissement de la loi naturelle. MJ]

  2. Voilà qui est opportunément rappelé, puisque besoin était pour ceux qui avaient du mal à comprendre qu’on ne puisse pas à la fois reconnaître les institutions utiles au bien commun et pour autant se dispenser ,en conscience, d’aller voter aux européennes alors que cette élection fait mine de traiter de tout ce qui concerne notre vie privée , sauf des crimes contre l’humanité tel que celui que vient de légaliser le Conseil d’Etat au nom de Dieu sait quelle légitimité, à savoir l’expérimentation sur les embryons.
    Je ne dis pas, bien sûr, que l’Eglise a pour autant donné consigne de s’abstenir.
    C’est à chacun, en conscience, de choisir ce qui est conforme à la loi naturelle telle que conçue par son Créateur pour le bien de l’humanité.
    Mais je ne serais pas surpris, par contre, si le courant juridique anti-humaniste ne s’inversait pas dans un futur assez proche , que l’Eglise, revivifiée alors par la persécution qui ne manquerait pas d’accompagner le verrouillage de la marchandidation de l’homme*, se trouve obligée de se résoudre à recommander de manière élargie l’objection de conscience.
    Car il faudra bien que soit enfin respecté le principe intangible de liberté de conscience selon lequel nul n’est en droit d’obliger un chrétien à agir contre la volonté de Dieu, que ce soit de manière tacite ou volontaire.
    n’ a-t-elle pas déjà commencé ne fût-ce que par le biais du sort réservé au Très Saint-Père pour ne citer que ce qu’il y a de plus évident.

  3. Tout cela est très vrai, mais il manque selon moi une mise en évidence destinée aux milieux traditionalistes.
    Il est dit dans le texte aussi :
    “En tant qu’elles dérivent vraiment du droit naturel et donc de la loi éternelle, les lois humaines positives obligent en conscience.”
    Cependant il existe aussi des lois positives qui ne découlent pas directement de la loi naturelle.
    « Le législateur temporel, s’il est sage et homme de bien, consulte la loi éternelle, qu’il n’est permis à aucune âme de juger, afin que d’après ses normes immuables il discerne ce qu’il convient de commander ou de défendre pour le moment” lit-on en note (seulement !) ce texte de saint Augustin.
    Ce genre de lois découle donc de la loi éternelle et non de la loi naturelle. Il s’agit de loi prudente promulguée par l’autorité et qui doivent être obéies.
    Dans l’encyclique Libertas Léon XIII explique :
    “Quant aux autres prescriptions de la puissance civile, elles ne procèdent pas immédiatement et de plain-pied du droit naturel; elles en sont des conséquences plus éloignées et indirectes et ont pour but de préciser les points divers sur lesquels la nature ne s’était prononcée que d’une manière vague et générale. Ainsi, la nature ordonne aux citoyens de contribuer par leur travail à la tranquillité et à la prospérité publiques : dans quelle mesure, dans quelles conditions, sur quels objets, c’est ce qu’établit la sagesse des hommes, et non la nature. Or, ces règles particulières de conduite, créées par une raison prudente et intimées par un pouvoir légitime, constituent ce que l’on appelle proprement une loi humaine. Visant la fin propre de la communauté, cette loi ordonne à tous les citoyens d’y concourir, leur interdit de s’en écarter et, en tant qu’elle suit la nature et s’accorde avec ses prescriptions, elle nous conduit à ce qui est bien et nous détourne du contraire. Par où l’on voit que c’est absolument dans la loi éternelle de Dieu qu’il faut chercher la règle et la loi de la liberté, non seulement pour les individus, mais aussi pour les sociétés humaines. Donc, dans une société d’hommes, la liberté digne de ce nom ne consiste pas à faire tout ce qui nous plaît : ce serait dans l’Etat une confusion extrême, un trouble qui aboutirait à l’oppression ; la liberté consiste en ce que, par le secours des lois civiles, nous puissions plus aisément vivre selon les prescriptions de la loi éternelle. Et pour ceux qui gouvernent, la liberté n’est pas le pouvoir de commander au hasard et suivant leur bon plaisir : ce serait un désordre non moins grave et souverainement pernicieux pour l’Etat ; mais la force des lois humaines consiste en ce qu’on les regarde comme une dérivation de la loi éternelle et qu’il n’est aucune de leurs prescriptions qui n’y soit contenue, comme dans le principe de tout droit. Saint Augustin dit avec une grande sagesse (De lib. Arb., 1. I, c. 4, n. 15.): “Je pense que vous voyez bien aussi que, dans cette loi temporelle, il n’y a rien de juste et de légitime que les hommes ne soient allés puiser dans la loi éternelle.” Supposons donc une prescription d’un pouvoir quelconque qui serait en désaccord avec les principes de la droite raison et avec les intérêts du bien public ; elle n’aurait aucune force de loi, parce que ce ne serait pas une règle de justice et qu’elle écarterait les hommes du bien pour lequel la société a été formée.”
    http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_20061888_libertas_fr.html
    Il découle de cela que la loi positive, même si elle ne découle pas de plain pied de la loi naturelle, est obligatoire en conscience (sauf exception, mais on ne raisonne pas à partir d’exceptions). Il n’est pas permis au particulier d’enfreindre l’ordre de justice générale promulgué par l’autorité compétente.
    Cela a son importance, car le traditionalisme est en grande partie fondé sur l’erreur selon laquelle la loi humaine positive n’a aucune valeur. Ce qui conduit à des fautes contre la justice et la volonté divine. Il est piquant de remarquer que cette erreur est analogue à celles dénoncées par le cardinal Ratzinger dans son article “Vérité et liberté” et qu’il a trouvées chez Luther, Rousseau, Marx, Nietzsche et même dans l’idéologie “Blut und Boden” du nazisme et dans l’existentialisme sartrien idéologies qui opposent arbitrairement “institutions” à “vie”.
    D’autre part, la société, même si elle ne découle pas d’un contrat est le fruit d’une “convention” (saint Augustin, Les Confessions, cité par Pie VI certes de droit naturel et obligatoire en conscience, et dont personne ne peut licitement s’affranchir, mais convention tout de même. « La société humaine, dit saint Augustin, n’est autre chose qu’une convention générale d’obéir aux rois ; et ce n’est pas tant du contrat social, que de Dieu lui-même, auteur de tout bien et de toute justice, que la puissance des rois tire sa force. » Pie VI Quod aliquantum 10 mars 1791

  4. Merci beaucoup en tous cas, au Salon beige et à monsieur Janva, d’avoir attiré l’attention sur ce texte par ailleurs très éclairant qui fait progresser intellectuellement et fait progresser la culture.

  5. pour partciper au débat suscité par Denis Merlin, cette citation de Sa Sainteté Benoît XVI:
    “…On ne peut nier que, en vivant et en agissant dans le monde physique comme êtres spirituels, les hommes et les femmes constatent la présence pénétrante d’un ‘logos’ qui leur permet de distinguer non seulement entre le vrai et le faux, mais aussi entre le bon et le mauvais, entre le meilleur et le pire, entre la justice et l’injustice. Cette possibilité de discerner cette intervention radicale, rend chaque personne en mesure d’accueillir la ‘loi naturelle’ qui n’est pas autre chose qu’une participation à la loi éternelle”.
    Benoît XVI, le 8 mai 2009.
    C’est donc le “logos”, la raison , qui fait le lien “organique” entre loi naturelle et loi éternelle.
    Elle le fait d’autant plus “naturellement” , si j’ose dire, que la nature même de l’homme, épicentre de l’harmonie naturelle , la Création, est précisémment constituée par Dieu, d’une “logos “, tel que vécut le Christ lui-même.
    Et c’est bien cette “logos” qui autorise à percevoir et le cas échéant à “désobéir” ou à s’abstenir de partcipiper à tout ordre qui transgresserait ou ignorerait la loi naturelle ( ce qui revient au même en terme de résultat au plan de l’humanité).
    C’est ainsi que je crois comprendre la tradition immuable de l’Egise qui est par définition intemporelle.
    Me tromperais-je?
    Dès lors je ne comprends pas en quoi on pourrait dire sans risque, me semble-t-il, de se fourvoyer lourdement “que le traditionnalisme “, concept déjà peu clair en soi qui mérite d’être explicicité , peut être “fondé sur l’erreur selon laquelle la loi humaine positive n’a aucune valeur ”
    Vraiment je ne comprends pas. Ou bien il y a une subtilité qui m’échappe, alors que je rappelais il y peu ici même que le moine Suger dès le XI ème siècle indiquait volontiers au Louis VI le Gros qu’il convenait de bien distinguer en terme de gouvernement ce qui relève respectivement des domaines temporels et spirituels.
    On ne saurait dire que Suger représentait déjà la “modernité”, par opposition au “traditionalisme” évoqué, davantage que la fidélité aux paroles mêmes du Christ.
    A moins que l’acception de cette “modernité” ne soit celle, qui convient en effet au langage si pertinent et si éclairant, exprimé par Sa Sainteté Benoît XVI au regard de “la crise” que le monde traverse aujourd’hui.
    Dans ce cas, oui, je souscris.
    Mais peut-être ,Denis Merlin, parliez-vous de quelque excès de zèle précis ?

  6. Cher monsieur Sancenay,
    Merci de votre objection courtoise.
    Au lieu de parler de loi, parlons d’autorité. L’autorité n’est pas arbitraire elle doit respecter la loi naturelle évidemment (liberté religieuse, respect de la vie etc.) elle doit en outre s’adapter aux circonstances soit prendre des décisions prudentes (voir la citation de Léon XIII plus haut), ça c’est la loi éternelle. Moyennant quoi les simples citoyens doivent obéir car il faut obéir aux hommes qui représentent la volonté de Dieu (choses que les protestants et les musulmans et certains catholiques ne comprennent pas), c’est aussi la loi éternelle.
    Donc, maintenant parlons de l’autorité de la loi.
    Analogiquement la loi positive doit respecter la loi naturelle (mais n’en découle pas toujours immédiatement) et la loi éternelle (qui est plus étendue), elle n’est pas arbitraire (elle doit être prudente, adaptée). Mais elle doit être respectée par les citoyens, par tous les citoyens.
    Ca c’est le principe qu’il ne faut pas oublier et sous prétexte que quelques lois positives contredisent la loi naturelle (et n’ont donc de “loi” que le nom) se permettre ériger en principe qu’il n’y a nulle obligation de respecter les lois positives de la société dans laquelle on vit et dont on reçoit énormément.
    Cette erreur me semble répandue chez certains catholiques traditionalistes, trop obnubilés par le droit naturel, ils en oublient la valeur du droit positif qu’ils considèrent comme facultatif dans son ensemble. Il ne faut pas faire de l’exception, la règle.
    Tout ce que je viens d’écrire me semble contenu dans la citation de Léon XIII. Et je dois dire aussi dans un conseil que m’avait donné un prêtre de la Fraternité saint Pie X (il y a longtemps) : “pour connaître votre devoir, ouvrez le code civil et observez les usages propres à votre milieu”, ce qui était très juste. Donc je ne veux pas dire que tous les traditionalistes sont dans cette erreur.

  7. Cher Monsieur Merlin,
    Merci de vos précisions qui nous rapprochent sensiblement.
    Je suis d’accord avec vous qu’il faille respecter toute loi positive qui contribue au bien commun, en dehors de cette destination nous entrons dans le domaine de la tyrannie.
    J’apprécie également votre nuance exprimée au sujet “des traditionnalistes”, car les clercs attachés à la liturgie traditionnelle portent un lourd poids sur leurs épaules au regard de la reconstruction de l’Eglise et j’ai toujours grand’ peine à les voir davantage accablés avant qu’ils n’aient eu le temps d’apporter à l’Eglise leurs propres fruits qui ne sont pas moins respectables et utiles que ceux d’autre sensibilités.
    Mais je comprends aussi les excès auxquels vous faites allusion et que l’on peut rencontrer en effet.
    Par contre vous me paraissez bien clément lorsque vous dites que “quelqques lois positives contredisent la loi naturelle”.
    L’ensembles des loi ou arrêts ayant force de loi, (cf le récent arrêt sur du Conseil d’Etat autorisant l’expériementation des embryons) qui s’apposent à la loi naturelle est devenu impressionnant et tristement insupportable, sans parler des projets en cours conduisant à détruire ce qui reste de la famille.
    (projet Morano-Léonetti sur le statut du beau-parent).
    Pour ma part j’aurais tendance à y voir une négation totale de l’ordre naturel qui conduit, par elle-même, l’autorité à prendre le risque de se délégitimer pour autant que l’on accepte que sa vocation première est de protéger l’humanité et en particulier la dignité humaine en toute chose publique.
    Or on ne peut prétendre protéger tout en détruisant.
    Et c’est ainsi que l’Etat lui-même se laissant malheureusement entraîner dans cette spirale de violation, accélérée ces derniers temps, de la loi naturelle, donc de violence à l’égard de l’humanité, s’affaiblira par lui-même car la violence ne peut mécaniquement entraîner que la violence.
    Rappelez-vous les paroles visionnaires de Mère Thérésa ,au sujet de l’avortement, qui valent bien les augures de pauvres “experts en com” en mal d’inspiration.
    C’est donc en retrouvant sa vocation première,que l’Etat peut et doit se sauver du péril qui , hélas en effet, le guette,et le guettera, malgré toutes les mesures de coercition qu’il serait tenté de prendre, plutôt que de restaurer son estimable vocation.

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