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Europe : identité chrétienne

Pour ne plus comparer les croisades au jihad

2Martin Aurell est professeur d’histoire médiévale à l’université de Poitiers, et membre de l’Institut universitaire de France. Il a écrit pour Aleteia un article sur les Croisades, en 8 points qui résument parfaitement le phénomène. Très efficace pour répondre à ceux qui osent comparer les croisades au jihad, et à ceux qui "ne croient pas aux racines chrétiennes de l'Europe" !

(Chaque point est un résumé d'un paragraphe qui permet d'aller plus loin – ici en italique. Je n'ai mis que les deux premiers par souci de longueur.)

"• 1.
Au Moyen Âge, spirituel et temporel ne connaissent pas de séparation. La dimension religieuse imprègne les mentalités médiévales. L’homme médiéval croit en Dieu, ce qui ne l’empêche pas de rester pécheur, mais ne rend pas Dieu responsable pour autant des actes qu’il commet librement.

• 2.
La croisade est un pèlerinage « en armes » vers les lieux saints dans un contexte de grande tension entre l’Empire byzantin et les Turcs seldjoukides. C’est une expédition militaire défensive entreprise à la demande du pape, devant la dégradation des conditions du pèlerinage chrétien en terre musulmane.

Un pèlerinage vers les Lieux saints

Si l’on ne comprend pas que les croisades sont des pèlerinages vers les Lieux saints, on passe à côté de l’essentiel. La croisade désigne le voyage vers la Terre sainte entrepris par des pèlerins « croisés », c’est-à-dire, qui ont cousu la croix du Christ sur leurs vêtements.  Le terme de « croisade » est tardif et il apparaît qu’à la fin du XIIIe siècle : on parlait plutôt de voyage, de passage ou traversée et de chemin. L’histoire a retenu huit croisades qui se sont échelonnées entre 1095 et 1291 et auxquelles il faudrait ajouter les nombreux départs, individuels ou collectifs, vers la Terre sainte qui n’ont pas formé de « croisade » reconnue telle par les historiens modernes. Toutes se sont inscrites dans la logique de défendre l’accès aux Lieux saints, soit une étroite bande de terre reliant l’Asie Mineure à Jérusalem.[…]

• 3.
À l’origine du succès des croisades, il y a la foi des croisés. Les croisades furent des expéditions dangereuses, incertaines, dont le butin était mince. Loin d’une version médiévale du rêve américain façon Proche-Orient, qui n’aurait séduit que les cadets de famille déshérités, le passage en Terre sainte a été le lieu de convergence des élites de l’Europe chrétienne.

• 4.
Pour autant, on ne conquiert pas son salut au fil de l’épée en croisade : la croisade n’est pas une obligation religieuse qui assure au chrétien un accès direct au paradis. C’est une différence de fond avec le djihad musulman.

• 5.
Les croisades sont indissociables de la puissance temporelle de la papauté ; ce qui n’a pas empêché le pape de condamner sévèrement certains abus et notamment le détournement de la 4ème croisade.

• 6.
La violence des croisades doit se comprendre dans le contexte de mentalités médiévales nourries de récits de massacres bibliques et profanes, et habituées à côtoyer la mort. Elle relève aussi d’une culture tactique et guerrière spécifique, qui vient se heurter à un ennemi religieux d’un nouveau genre : l’islam, qui n’hésitait pas à faire usage de la force.

• 7.
Les rapports entre chrétiens et musulmans pendant les croisades n’ont pas toujours été violents. Les moments de trêve ainsi qu’un code de la guerre commun ont permis la création d’espaces d’échanges, qu’il ne faut pas idéaliser, mais qui interdisent de voir les croisades comme une guerre des civilisations.

• 8.
En plus d’être doublée d’un effort missionnaire, la violence des croisades n’a pas toujours fait l’objet d’un consensus. Des voix chrétiennes se sont élevées contre les abus des croisés, certains allant jusqu’à douter du bien-fondé de la défense de la foi par le glaive."

Lire tout l'article ici.

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6 commentaires

  1. Sur les croisades, et également l’inquisition, une conférence audio, et sa transcription, peuvent aussi être téléchargées (gratuitement) à partir de l’adresse : http://www.rdlvgc01.fr/les-croisades-linquisition-par-le-pere-bernard-peyrous.html
    L’auteur de cette conférence est le Père Bernard Peyrous, ancien professeur d’histoire à la faculté de Bordeaux et attaché au CNRS.

  2. très bien! je vais distribuer cela à mes élèves!

  3. Et pour enfoncer le clou analysons les FAITS
    https://www.youtube.com/watch?v=I_To-cV94Bo

  4. Ce monsieur est professeur d’histoire?
    Fichtre!
    Je vois de très belles considérations, y compris le fait que “la violence des croisades n’a pas toujours fait consensus parmi les chrétiens” (sic!)
    Ce qui évidemment peut se comprendre surtout en ce qui concerne la IVème croisade: un dévoiement de l’esprit initial des Croisés vers un règlement de compte intra-chrétien romanité vs orthodoxie…
    En ce sens, est-on si loin d’un “christhad” catholique face au monde orthodoxe?
    Cela évidemment, il ne fait surtout pas l’évoquer ici…
    Mais le fond du problème est curieusement passé sous silence par monsieur Aurell et ce ne peut hélas qu’être intentionnel: la tension n’est pas tant entre l’Empire Byzantin et les “musulmans”, mais bien entre la nouvelle faction “islamiste” plus radicale incarnée par les Turcs seldjoukides – faction radicalisées qui occupe effectivement alors le terrain en Palestine et interdit les pèlerinages chrétiens – face à la majorité musulmane modérée locale avec laquelle les pèlerins ont généralement entretenu les rapports les meilleurs…
    Sans parler du fait connu qu’une fraction très importante, voire encore majoritaire, des populations “arabes” implantées localement est chrétienne!
    (C’est vrai essentiellement copte, arménienne et orthodoxe…Pas très “romain” tout cela)
    Voir dans les Croisades un “choc” islamo-chrétien est simplement ridicule!
    Dommage qu’un enseignant d’histoire propage ce genre de propos et refuse d’évoquer l’origine véritable de la situation: le conflit “intérieur” islamo-musulman…
    [Vous êtes collègues avec M. Aurell à l’Institut universitaire de France ? MB]

  5. Et pourtant, les nouveaux programmes scolaires d’histoire-géo vont en ce sens, et n’hésitent pas à renvoyer dos à dos croisés et jihadistes…
    Quand ce n’est pas à faire l’apologie de la civilisation islamique, tout en dénigrant la société chrétienne médiévale.

  6. Sans entrer dans les débats d’experts, il suffit généralement de rappeler que:
    1/ “l’usage chrétien de se rendre en pèlerinage sur les lieux mêmes de la vie terrestre du Christ remonte à Méliton de Sardes qui se rendit en Palestine durant la deuxième moitié du IIe siècle (vers 160) et dont le voyage avait pour but spécifique la recherche sur le canon des Écritures saintes. (…)
    En 1054, par exemple, Lutbert, 31e évêque de Cambrai, partit pour la Terre sainte, suivi de plus de 3 000 pèlerins des provinces de Picardie et de Flandre. Quelques années plus tard, 7 000 chrétiens parmi lesquels on comptait l’archevêque de Mayence, les évêques de Ratisbonne, de Bamberg, d’Utrecht partirent ensemble des bords du Rhin pour se rendre en Palestine. ” (source : Wikipedia).
    2/ Les croisades ” furent lancées pour restaurer l’accès aux lieux de pèlerinages chrétiens en Terre Sainte, autorisés par les Arabes Abbassides, mais qu’interdirent les Turcs Seldjoucides en 1071 quand ils prirent Jérusalem aux Arabes.”
    3/ Le nouveau Testament n’impose pas aux disciples du Christ de massacrer ses opposants et persécuteurs, mais d’aimer ses ennemis (Matthieu 5.44). Alors que le Coran prêche l’inverse : “Tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade.” (Sourate 9.5)
    tout est dit !

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