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France : Société

“Pour un oeil il y a les deux yeux, et pour une dent, toute la gueule”

La scène se déroule samedi matin, près du marché de Niort où se pressaient des dizaines de personnes :

"Médusées, ces dernières ont vu sortir d'une voiture quatre hommes d'origine africaine, dont l'un entièrement nu et ligoté, que les trois autres ont conduit au commissariat, quelques centaines de mètres plus loin.

Les trois premiers, tous diplômés et inconnus des services de police, avaient cueilli assez brutalement le quatrième, Victor, dans son lit, à Nantes, lui reprochant une escroquerie au préjudice de Francis. Ils l'ont emmené en short et tee-shirt, emportant également ses vêtements, avant de le déshabiller en ville pour l'amener au commissariat. Victor, un Angolais déjà connu de la police pour des faits d'escroquerie, avait été placé en garde à vue dès samedi après-midi.

Repartis dans un premier temps du commissariat, les trois "justiciers" ont finalement été interpellés dimanche matin à la demande du parquet de Niort, poursuivis pour enlèvement, séquestration et violences volontaires. Ils reprochaient à Victor, qui vit de maison en maison dans la communauté africaine, d'avoir volé il y a quelques semaines les papiers de Francis pour se faire établir une carte de crédit au nom de ce dernier, et effectuer des achats, comme un ordinateur et un téléphone portable.

Le substitut du procureur de la République les a accusé d'avoir appliqué "la loi du Talion", mais de manière "disproportionnée". Alors que celle-ci ci proclame "oeil pour oeil et dent pour dent", il a considéré que dans cette affaire, "pour un oeil il y a les deux yeux, et pour une dent, toute la gueule".

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10 commentaires

  1. Franchement, vu ce que fait la justice française, je ne sais pas trop si je condamne ou applaudi à deux mains leur action.
    Personnellement, je ne l’aurai pas amené au commissariat. Il n’aura rien, sera considéré comme insolvable, et libéré. Je ne l’aurai pas non plus déshabillé et kidnappé, ça n’a aucune utilité. Je me serais contenté de lui voler pour autant que ce qu’il a volé. Quand je dis autant, ce n’est pas juste récupérer les objets qu’il a acheté avec la carte bancaire, mais revendre autant de ses biens aux enchères qu’il faudra pour pouvoir se rembourser au centime près les sommes déboursées.
    Bref, entre un voleur (espèce que je hais le plus) et un groupe de justiciers qui agit d’une manière peu standard, je crois quand même que les seconds ont ma préférence.

  2. Très instructif sur la “possible” intégration par l’éducation et le vivre ensemble dans un même pays. Les trois justiciers sont diplômés?! Ils vivent en France, croient partiellement à la justice française puisqu’ils livrent l’individu à la police, mais au préalable gèrent à leur façon l’affaire. C’est assez surréaliste.
    Vive le droit romain. Cicéron revient!
    Des hommes différents, des cultures et des civilisations différentes, dans des pays différents: le nier conduit aux affrontements perpétuels

  3. On peut considérer que ces trois hommes ont simplement aidés les forces de police à retrouver un malfaiteur ! Les traîner à présent devant la justice, c’est vouer, une prochaine fois, ce malfrat à être sans doute beaucoup plus malmené, et là, il ne viendra plus se plaindre…On a vraiment en France une justice au service de la canaille.

  4. Moi je m’interroge sur les qualifications données par la magistrature aux faits imputés aux personnes ayant arrêté le mise en cause.
    “enlèvement, séquestration et violences volontaires.”
    Mais article 73 du code de procédure pénale “Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche.”
    L’infraction reprochée n’est donc pas évidente.

  5. La Justice ,à travers ses juges, n’aime pas qu’on se substitue à elle. Elle seule décide.Elle juge selon la Loi, mais aussi la jurisprudence,parfois contraire aux textes, et également dans l’obsession de changer la société selon des critères politiques loin de faire l’unanimité.Car certaines décisions prises au nom du peuple français ne sont pas approuvées par celui-ci.

  6. La France a décidément de plus en plus de ” chances”
    Pour une fois il n’y a pas de “black”- out sur l’identité des individus!

  7. Hier Decazeville, aujourd’hui Niort, demain ?; jusqu’ici ce genre de dérapages se passaient dans les banlieues des grandes villes, dans une indifférence généralisée (qui d’entre nous a traversé une cité en voiture, autrement qu’à la suite d’une erreur de trajet ?), mais maintenant, il en va autrement.

  8. Les magistrats français parlent désormais comme des voyous gauchistes. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est Claire Brière-Blanchet, une ancienne maoïste de la Gauche Prolétarienne, qui raconte sa vie dans “Voyage au bout de la révolution” (2009).
    Elle y rappelle que “Pour un œil, les deux yeux, pour une dent, toute la gueule !”, c’est à l’origine un slogan de la Gauche prolétarienne, qui s’étalait dans le journal du mouvement, La Cause du Peuple.
    “Feuilletant aujourd’hui les anciens numéros de La Cause du Peuple, honte et stupeur m’assaillent. Non que j’ai oublié notre sulfureuse publication, loin de là, mais, avec les années, sa fureur et sa virulence s’étaient retirées à distance de ma mémoire immédiate.”
    “Notre langage s’y étale, cru et brutal, violent, d’une vulgarité inouïe. Haine, insultes, vomissures! Nous promettions, et à pleines pages, le pire à tous les ‘exploiteurs’ : coups, séquestrations, humiliations. Et si la mort n’était pas là, ‘au bout du fusil’ – ainsi que nous le scandions -, pour prendre le pouvoir, elle serait inévitablement au rendez-vous de nos futures ‘libérations’.”
    “Je n’ai cessé de m’interroger sur notre incroyable production verbale. ‘On va arracher les yeux des riches’, ‘Tu ferais bien de faire attention à toi’, ‘Pour un œil, les deux yeux, pour une dent, toute la gueule !’ … »”
    “Le 30 janvier 1971, la Cause du Peuple titrait ‘Nous sommes des ouvriers, nous ne sommes pas des voyous’, mais nous, les maoïstes, ne parlions-nous pas justement comme des voyous?”
    “Et la presse gauchiste aussi, en général, ainsi qu’en témoigne le titre d’un numéro de Charlie Hebdo daté du 6 mai 1976, redécouvert en bas d’une armoire: ‘Lecanuet: une gueule qu’on aimerait écraser à coups de tatane’.”
    Elle, au moins, elle avoue sa honte. Le substitut du procureur de chépaoù, dont la mission est de protéger la société, n’a pas honte de s’exprimer comme un voyou d’extrême-gauche, apparemment.
    http://www.denistouret.fr/textes/Briere_Claire.html#Mao

  9. Le slogan “pour un œil, les deux yeux, pour une dent, toute la gueule” était un slogan gauchiste de mai 68 (j’avais 19 ans en mai 68). Le jeune magistrat a des références gauchistes. Je ne suis pas étonné.

  10. Je ne savais pas que la loi du talion était appliquée en France.
    J’avais cru comprendre que nous étions une civilisation, civilisée, justement.
    Depuis quand sommes-nous redevenus des primitifs ?

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